Pour fêter dignement Samhain (fête celtique marquant le début de la Période Sombre et où les Celtes honoraient les défunts par des banquets rituels en leur mémoire), je vous propose une série de contes, légendes et anecdotes (provenant de multiples cultures).
Étant donné que Samhain est une période où les frontières entre notre monde et l'Autre Monde sont minces, il n'est pas rare de croiser des Revenants, des Élémentaires ou même des divinités des temps passés.
Vous comprendrez donc que la thématique de ces textes tournera autour : de la mort, des Fantômes, des Spectres, des Élémentaires - de sinistre réputation de préférence - et autres créatures peuplant les cimetières vétustes, les ruines, les marais et autres lieux considérés comme néfastes.
La fête se déroulant pendant sept jours (trois jours avant la pleine lune d'octobre, durant la pleine lune et trois jours après), vous aurez donc sept récits à lire.
Je vous encourage à les partager sans retenue pour en faire profiter votre entourage ou votre famille. Vous raviverez ainsi un peu l'antique tradition où les familles et le voisinage se rassemblaient bien au chaud près du feu, pour écouter les récits terrifiants de l'aïeul ou du conteur local.
Bonne lecture et joyeuse Samhain à toutes et tous !
Première nuit :
Étant donné que Samhain est une période où les frontières entre notre monde et l'Autre Monde sont minces, il n'est pas rare de croiser des Revenants, des Élémentaires ou même des divinités des temps passés.
Vous comprendrez donc que la thématique de ces textes tournera autour : de la mort, des Fantômes, des Spectres, des Élémentaires - de sinistre réputation de préférence - et autres créatures peuplant les cimetières vétustes, les ruines, les marais et autres lieux considérés comme néfastes.
La fête se déroulant pendant sept jours (trois jours avant la pleine lune d'octobre, durant la pleine lune et trois jours après), vous aurez donc sept récits à lire.
Je vous encourage à les partager sans retenue pour en faire profiter votre entourage ou votre famille. Vous raviverez ainsi un peu l'antique tradition où les familles et le voisinage se rassemblaient bien au chaud près du feu, pour écouter les récits terrifiants de l'aïeul ou du conteur local.
Bonne lecture et joyeuse Samhain à toutes et tous !
Première nuit :
Joyeuse Samhain à toutes et à tous !
Pour fêter le premier jour de la fête dédiée au
début de la saison sombre, je vous offre l'extrait d'un texte
parlant d'une créature que beaucoup connaissent : le Loup-Garou
(personne capable ou obligée de se métamorphoser en loup - de
manière partielle ou complète). L'extrait montre la cruauté des
jugements concernant les personnes ayant été accusées d'être des
Loups-Garous. Évitez de manger en lisant :
Gravure épinglée datée de 1685 et représentant le Loup d'Eschenbach (Allemagne), piégé dans un puits.
Gravure épinglée datée de 1685 et représentant le Loup d'Eschenbach (Allemagne), piégé dans un puits.
"Les techniques d'exécutions présentent des
constantes, le bûcher, parfois après étranglement, le
bannissement, mais aussi des particularismes. En Moyenne
Allemagne, une certaine Veronika est passée par l'épée
puis incinérée, et en 1650 un homme subit le même sort. À
Paderborn {ville d'Allemagne Centrale}, en 1598,
un Loup-Garou reçoit un horrible traitement : on lui arrache
le cœur et on le lui place dans la bouche, puis on coupe le corps en
quatre et on brûle les morceaux sauf la tête qui est passée par le
feu et roussie et, enfin, plantée sur un pieu de fer fixé sur une
roue avec un loup en bois au-dessus."
- Extrait du livre : "Elle courait le Garou - Lycanthropes, hommes-ours, hommes-tigres Une anthologie" de Claude Lecouteux.
- Extrait du livre : "Elle courait le Garou - Lycanthropes, hommes-ours, hommes-tigres Une anthologie" de Claude Lecouteux.
Il n'était pas conseillé à l'époque d'être réputé
velu...
Deuxième nuit :
Pour le deuxième jour de Samhain, voici un
conte japonais (condensé par mes soins) datant probablement de l'Ère
Edo (1600 - 1868) :
Un marchand d'étoffes s'en vint à Edo
{ancien nom de Tokyo} pour vendre ses marchandises.
Malheureusement, les affaires furent mauvaises et il décida de
regagner sa province au plus vite.
Pour épargner un peu sa bourse et échapper à
l'orage, il gagna une maison abandonnée et s'y abrita. Dans une
pièce délabrée aux cloisons de papier déchirées, il posa
son paquetage et s'étendit sur une vieille natte, se servant de son
manteau comme d'une couverture.
Réveillé par les grondements du ciel, il eut la
désagréable sensation d'être observé. Scrutant la pièce à
chaque nouvel éclair, il crut voir briller quelque chose entre les
croisillons de papier déchiqueté. À première vue, ça ressemblait
à des pierres rondes cerclées de blanc, mais en s'approchant, il eut
un mouvement de recul en constatant qu'il s'agissait d'yeux qui le
fixaient.
Illustration d'auteur inconnu représentant Mokumokuren en train de se déchaîner.
Illustration d'auteur inconnu représentant Mokumokuren en train de se déchaîner.
Terrifié, le marchand se cacha sous sa couverture
improvisée, recroquevillé, les yeux clos et priant pour que le
Yokai le laisse en paix. L'attente, le stress et la fatigue
aidant, le pauvre homme finit par s'endormir. Lorsqu'il se réveilla,
il faisait toujours nuit mais les yeux avaient disparu. Il eut beau
chercher dans les moindres recoins de la masure, les globes oculaires
s'étaient bel et bien volatilisés.
- Ce texte est une version modifiée (par mes soins) et tirée du livre intitulé : "Contes d'une Grand-Mère Japonaise" d'Yveline Féray.
- Ce texte est une version modifiée (par mes soins) et tirée du livre intitulé : "Contes d'une Grand-Mère Japonaise" d'Yveline Féray.
Il existe une suite à ce conte que je réserve pour
une autre fois. Le Yokai de cette histoire se nomme
Mukomokuren ("Nombreux Yeux").
Troisième nuit :
Troisième jour, troisième histoire. Cette fois elle
nous vient d'Islande :
"C'est amusant, l'obscurité :
Jadis, et jusqu'à nos jours, on avait coutume en
Islande, de veiller les morts et le plus souvent on disposait d'une
bougie si la nuit n'était pas tout à fait claire. Un jour, un Sorcier peu ordinaire vint à mourir. Personne n'avait vraiment envie
de veiller son corps. Cependant on trouva pour le faire un homme
aussi courageux qu'il était fort. Veiller ne lui déplaisait pas. la
nuit qui précéda la mise en bière, la bougie s'éteignit peu avant
l'aube. Alors le mort se leva et dit "C'est amusant,
l'obscurité." Le veilleur répondit : "Tu n'en profiteras
guère." Puis il déclama ce poème :
"Le monde s'éclaire à présent,
la nuit a touché à sa fin.
C'était une bougie, mais tu es poussière,
alors tais-toi maintenant !"
Huile sur toile intitulée : "La Danse de la Mort" et réalisée par le peintre hollandais Adriaen Pietersz van de Venne.
Ensuite il se jeta sur le mort et le maîtrisa. Le
cadavre ne bougea plus le restant de la nuit."
- Conté par Einar Bjarnason et rapporté par Jon Arnason.
- Conté par Einar Bjarnason et rapporté par Jon Arnason.
Quatrième et cinquième nuit :
Voici le quatrième extrait (venu du Pays de Galles), consacré
cette fois à l'Autre-Monde :
"Le harpeur et les Fées :
Il y avait une fois, dans un endroit très reculé du
Denbighshire {dans le Nord du Pays de Galles},
dans la paroisse de Hafod Elwyt, un vieil harpeur {harpiste}
nommé Shon Robert, qui était souvent invité à jouer pour
les danseurs lors des différentes fêtes, ou à accompagner les
chanteurs.
Un soir, il alla à Llechwedd Llyfn, près de
Cefn Brith, pour une jolie fête, et la soirée s'acheva bien
tard. Enfin le harpeur prit le chemin du retour. Ce chemin passait
par la montagne chauve. En passant près d'un lac appelé
Llyndau-Ychain, grande fut sa surprise de voir sur les berges
un véritable palais brillamment illuminé, là où il n'avait jamais
rien vu auparavant. Il continua de marcher et, arrivé à la hauteur
de ce merveilleux château, il fut hélé par un serviteur qui
l'invita à y entrer. Il accepta de bon gré l'invitation, et fut
introduit dans un magnifique salon où se tenait un bal fastueux.
Aussitôt, les invités entourèrent le vieux harpeur, se firent très
amicaux et, à son grand étonnement, s'adressèrent à lui par son
prénom...
La salle était incomparablement meublée et
décorée de riches tapisseries ; nombre d'objets étaient même en
or massif. Un échanson proposa au musicien un gobelet de vin
pétillant, que celui-ci sut apprécier. On demanda alors au harpeur
de jouer pour l'assemblée, à la plus grande satisfaction des
invités. Puis l'un des hôtes prit son chapeau et fit la quête pour
le musicien, le ramenant plein de pièces d'or et d'argent. La fête
continua avec beaucoup de gaieté et de magnificence jusqu'à l'aube.
Mais, au premier chant du coq, les convives disparurent, laissant
Shon tout seul.
Avisant un magnifique canapé, il s'y allongea et
s'endormit aussitôt. Lorsqu'il s'éveilla, il était déjà midi et,
à son grand désappointement, il se retrouvait sur un tas de
bruyère. Le palais magnifique s'était évanoui. Quant à l'argent
de la quête, qu'il avait transféré de son chapeau à sa besace, il
n'en restait plus qu'un tas de feuilles sèches."
- Conte provenant du livre "Welsh Folklore" ("Folklore gallois"), traduit par Mike James et remanié par Gérard Lomenec'h dans l'ouvrage intitulé : "Contes Populaires des Pays Celtiques". Je l'ai laissé tel quel hormis les annotations afin de faciliter votre compréhension du texte.
Illustration un brin romantico-gnangnan réalisée par Richard Doyle en 1870.
- Conte provenant du livre "Welsh Folklore" ("Folklore gallois"), traduit par Mike James et remanié par Gérard Lomenec'h dans l'ouvrage intitulé : "Contes Populaires des Pays Celtiques". Je l'ai laissé tel quel hormis les annotations afin de faciliter votre compréhension du texte.
Illustration un brin romantico-gnangnan réalisée par Richard Doyle en 1870.
Sixième nuit :
Sixième extrait. Cette fois il s'agira d'un Non-Mort
fort complexe que je n'ai pas encore eu le temps de voir avec vous. À
savoir le Vampire (et le Cauchemar puisque la créature
a les caractéristiques de ces deux êtres) :
Gravure - d'Auteur Inconnu - représentant soit un Vampire ("modernisé") soit un Démon sous forme humaine.
Gravure - d'Auteur Inconnu - représentant soit un Vampire ("modernisé") soit un Démon sous forme humaine.
"En 1591, un cordonnier se tranche la gorge
dans une célèbre ville silésienne. On ignore la cause du suicide.
Sa femme raconte qu'il a succombé à une attaque. Au bout de six
semaines, un bruit court dans la ville : un Fantôme
ressemblant au cordonnier afflige et écrase les dormeurs. En même
temps, une rumeur se répand, disant que le cordonnier s'est suicidé.
Les parents du mort s'opposent à l'exhumation du corps, mais le
défunt se jette sur le lit des dormeurs, s'agrippe à eux et tente
de les étrangler, pèse si fort qu'on voit sur leur corps des
marques blêmes le lendemain matin, et même des traces de doigts
plusieurs heures après. Finalement, le peuple effrayé fait exhumer
le corps qui a reposé en terre du 22 septembre 1591 au 18
avril 1592. On découvre que le cadavre est intact, très gonflé,
que la peau des pieds est tombée et qu'une autre a repoussé. Au
bout de vingt-quatre heures, on l'ensevelit de nouveau, mais en une
place infamante. Pourtant, le mort continue ses méfaits jusqu'à ce
qu'on lui tranche la tête, les membres, les mains et les pieds le 7
mai 1592 et qu'on lui ouvre le dos. On trouve son cœur intact,
comme celui d'un veau que l'on vient d'abattre. On dresse un bûcher
et on incinère le corps. On surveille les cendres durant la nuit
afin que les gens ne s'en emparent pas pour agir de façon criminelle
; le lendemain, on les place dans un sac que l'on jette dans la
rivière. Désormais, on connut la paix."
- Traduit de l'ouvrage intitulé "Schlesisches historisches Labyrinth" par Claude Lecouteux.
- Traduit de l'ouvrage intitulé "Schlesisches historisches Labyrinth" par Claude Lecouteux.
Septième nuit :
Septième extrait tout frais :
À proximité de la Préfecture de Yang-hsin
{une préfecture chinoise qui m'est inconnue} se trouvait une auberge
tenue par un vieillard et son fils. Un soir, quatre voyageurs fourbus
demandèrent à y loger. Malheureusement, toutes les chambres étaient
occupées. Devant l'insistance du quatuor, l'aubergiste céda et les
envoya dans une chambre où reposait le cadavre de la belle-fille de
l'aubergiste (décédée il y a peu).
Fourbus, les voyageurs s'endormirent aussitôt à
l'exception d'un seul, mal à l'aise à l'idée de coucher près
d'une morte.
Alerté par un craquement, le voyageur écarquilla les
yeux de terreur en voyant le cadavre se dresser et se diriger vers
les couchettes de ses compères. Voyant que la morte se penchait et
soufflait son haleine méphitique au visage des dormeurs, il cacha
discrètement sa tête sous les draps, et bloqua sa respiration
lorsque le cadavre ambulant s'approcha pour lui souffler au visage.
Passé ce désagréable moment, il souleva un coin de
drap et constata que la morte avait regagné sa place. Pressé de
quitter cet endroit, il s'habilla à la hâte et courut vers la
sortie. Alertée par le bruit, la morte se dressa et se jeta à sa
poursuite.
Illustration créée par Clementmeriguet.
Illustration créée par Clementmeriguet.
Parvenu sur le seuil d'un monastère, le voyageur
tambourina à la porte mais le portier, trouvant son histoire trop
farfelue, refusa de le laisser entrer...
Acculé et voyant surgir le cadavre ambulant, il n'eut
d'autre choix que de s'abriter derrière un arbre et de tourner
autour pour éviter les assauts de son adversaire. Agacée par ce
manège, la morte bondit griffes en avant, manqua de peu le voyageur
et se retrouva les mains encastrées dans le tronc de l'arbre...
Le lendemain, le portier du monastère eut la surprise
de trouver le farfelu d'hier évanoui accompagné du corps d'une
jeune fille planté dans un arbre...
- Texte de Yuan Mei, tiré du livre : "Ce que Confucius n'a pas dit" et remanié par mes soins.
- Texte de Yuan Mei, tiré du livre : "Ce que Confucius n'a pas dit" et remanié par mes soins.
Et c'était le dernier extrait. J'espère que ce petit
extra vous aura plu. N'hésitez pas à me donner votre avis pour voir
si vous souhaitez à nouveau que je farfouille une prochaine fois
dans mes livres pour commémorer de temps à autre l'une ou l'autre
fête.
Remerciements :
Pour la rédaction de ce court article, je remercie :
- Les différents artistes (cités sur chaque illustration) dont les créations ont pu égayer cet article.
- Mel pour son aide dans la correction.
Remerciements :
Pour la rédaction de ce court article, je remercie :
- Les différents artistes (cités sur chaque illustration) dont les créations ont pu égayer cet article.
- Mel pour son aide dans la correction.
- Idraemir