Les Redcaps font leur entrée en entonnant un air de cornemuse, dont les notes arracheront des larmes de désespoir à plus d'un malheureux spectateur.
"Qui voit le bonnet du Redcap
sent la mort qui l'attrape."
- Paddy the Piper (1860).
Voici la chanson originelle (de provenance irlandaise). Que ceux qui apprécient les vieilles chansons traditionnelles s'amusent à la traduire.
Les "chapeaux sanglants" :
Ces petites créatures apparentées aux Élémentaires sont connues sous de nombreux noms : Red Caps ("chapeaux rouges" en bon français), Bloody Caps ("chapeaux sanglants"), Red Combs (voire encore : Dunter, Comb, ou Powrie).
La famille des Élémentaires est si grande qu'il existe une infinité de représentants qui ont presque toutes les formes possibles et imaginables. Ces derniers transcendent même parfois les limites de l'imagination humaine pour personnifier l'étrangeté. Allant de la magnificence d'une ineffable beauté, à l'accentuation grotesque, voire hideuse, qui fera glapir de terreur la cible de cette "charmante" attention.
Il y en a donc pour tous les goûts et genres, au point de devoir parfois trier et classifier un peu pour pouvoir s'y retrouver (même si les Bonnes Gens n'apprécient guère de se retrouver avec une étiquette collée dans le dos).
Le Redcap selon Dave Allsop.
Le Redcap, donc, est certes un Élémentaire, mais également une créature apparentée aux Goblins (qui sont souvent comparés aux Gobelins de par chez nous). Originaires de l'Albion (ancien nom du Royaume-Uni) et plus spécifiquement de l'Écosse dans les Lowlands et Highlands (en réalité il semble surtout vivre à proximité des frontières qui séparent l'Écosse et l'Angleterre), ces "charmantes" créatures sont, à plus d'un titre, infréquentables pour les humains. D'une part parce que ces derniers nous haïssent cordialement, d'autre part parce qu'ils ont pour moeurs de nous écrabouiller, défenestrer, empaler,... j'en passe et certainement pas des meilleures...
Le Redcap à la loupe :
Pour décrire un Redcap il faut d'abord se mettre dans le bon état d'esprit. Plus d'un conte a été altéré, "bonifié" et lissé pour le rendre abordable à un plus large public.
Imaginez que votre bon vieux nain de jardin au sourire jovial, visage rubicond et trognon bonnet pointu, se mette soudain à changer, comme sous l'effet d'un miroir déformant dont les propriétés inversent les caractéristiques... vous obtenez ainsi plus ou moins un Redcap.
Pour la suite, représentez-vous un être semblable à un vieillard de petite taille aux muscles noueux, ajoutez-lui des cheveux gris ainsi qu'une longue barbe (grise) tressée, faites que ses mains se terminent en griffes acérées, aiguisez les dents au point qu'elles soient assez proéminentes pour se frayer un chemin hors de la bouche. Admirez le rougeoiement sinistre de ses yeux. Vous avez devant vous un authentique Redcap !
La femelle est semblable au mâle, à la différence que cette dernière arbore fièrement une épaisse crinière rousse.
Un Redcap plus ou moins conforme si l'on excepte la tenue et son arme peu "réglementaire" (par Andrew Felice).
La tenue du Redcap (hormis son éternel couvre-chef) serait, selon certains auteurs, composée d'une tunique en peau de mouton, d'un tartan - qui est une étoffe de laine à carreaux portée encore de nos jours par les clans d'Écosse. L'agencement des couleurs et des motifs permet de reconnaître de quel clan est le porteur du tartan (il existe plus d'une centaine de clans différents en Écosse) et ce dernier fait partie du fameux vêtement traditionnel appelé : "kilt" (porté depuis le XVIème siècle)... Mais je m'égare, revenons à nos Nutons... moutons pardon - des plumes d'oies, des bijoux de cuivre et d'étain. Il ne faudrait pas non plus omettre de parler de son armement : une lourde pique de fer (retenez bien ce détail), semblable à un bâton de marche renforcé, qu'il manie de la main gauche, et une paire de lourdes bottes de fer pour certains (dont le poids leur permet d'écraser leurs adversaires lorsqu'ils leur tombent sur le dos par surprise). Hormis ces charmants outils pratiques pour embrocher et broyer son prochain, le Redcap manierait parfois le targe (petit bouclier de fer de quarante centimètres de diamètre, souvent utilisé pour les combats rapprochés) et la claymore (épée qui existe sous deux formes : la première apparue au XIVème siècle est une épée à deux mains pourvue d'une large lame de cent centimètres de long pour trente sur la poignée, la seconde apparue vers le XVIIème siècle désigne une épée large semblable à un sabre à cause du "panier" qui sert à protéger la main de celui qui la manie. Vu le format du premier modèle, il est plus probable que le Redcap manie le second ; plus pratique pour porter à la fois l'épée et le bouclier).
Vous l'aurez vite compris : les Powries (autre terme pour désigner les Redcaps si vous avez suivi jusque là) sont taillés pour la guerre.
Ils furent autrefois, selon certains auteurs, une importante race guerrière au courage sans faille (allant parfois jusqu'à défier les Géants de la contrée). Leur combativité semble s'être atténuée au fil du temps. L'auteur Pierre Dubois (français de par ses racines, il est à l'origine d'un certain regain d'intérêt pour les créatures de l'Autre-Monde en France) semble déclarer que (bon, n'ayant trouvé aucune donnée pour étayer ses dires, je prend encore une fois l'information avec des gants) sous le règne d'Uther Pendragon, père d'Arthur, ils combattirent les Pictes (peuple celte demeurant dans l'actuelle Écosse et dont le nom aurait signifié : "hommes peints". Ils avaient en effet la réputation de se couvrir le corps de peintures de guerre bleutées avant d'aller au combat) et les peuples-serpents des lochs sombres. Ce serait seulement après la défaite de Culloden (avril 1746) qu'ils auraient disparus parmi les vieilles murailles, ne supportant pas l'occupation anglaise dont l'éclat des habits (uniformes rouges) leur montait à la tête.
Christopher Burdett.
Pour éclairer un brin votre lanterne, voici un "court" résumé de la bataille de Culloden (je me rends compte que ce dernier est assez longuet, je préviens donc que les lignes qui vont suivre seront surtout une longue suite d'évènements historiques ; les amateurs du genre peuvent continuer à lire en toute quiétude, les autres peuvent passer directement au chapitre suivant).
Afin de vous situer dans le contexte, le prince Charles Édouard Stuart fut nommé en 1743 prince régent par son père Jacques François Stuart. Il lui conféra donc le droit d'agir en son nom.
Dix-huit mois plus tard, le prince mène ses troupes afin de reprendre les trônes d'Angleterre et d'Écosse pour son paternel. Le jeune monarque espère renforcer son armée, en obtenant le soutien d'une flotte française (commandée par Antoine Walsh). Il attendra en vain, étant donné que les navires seront dans l'impossibilité de naviguer après avoir été abîmés par une tempête... Il tentera également de rallier les clans des Highlands (dont l'aide se fera attendre selon les dires) avant de marcher sur Édimbourg (capitale de l'Écosse), qui rendra rapidement les armes.
En septembre 1745, le prince défait la seule armée gouvernementale anglaise à la bataille de Prestonpans. Fort d'une armée de six-mille hommes, il se décide à marcher sur Londres vers novembre. Poussé par ses conseillers, il se retire dans les Highlands, poursuivi aussitôt par le duc de Cumberland (fils du roi George II). La bataille de Culloden démarrera enfin !
La bataille de Culloden, par Mark Churms.
A l'entrée de ce conflit (qui relève plus de la boucherie sanglante que de la bataille ordonnée), le prince n'a déjà plus que cinq-mille hommes tandis que les forces du duc en dénombrent entre sept et neuf-mille. Le duc de Cumberland décide de mener lui-même ses hommes à la bataille ; c'est sous une pluie battante, sur un terrain inégal (devenu marécageux sous l'influence de l'élément liquide), que ce dernier entame les hostilités.
Les troupes du prince dont le moral était jusqu'alors au plus bas, reprennent du poil de la bête. Ces dernières ne peuvent compter que sur leurs forces, leur bravoure, leurs armes (haches, claymores) pour résister à l'ennemi anglais. Le terrain est parsemé de murets, ce qui permet aux unités de se cacher après chaque raid tout en narguant l'adversaire... en dévoilant un postérieur rebondi par exemple (fait qui semble authentique).
Écrasée et menacée par la cavalerie, les vestiges malmenés de l'armée de Stuart battent en retraite et seul un petit contingent de cavaliers irlandais empêche que cette dernière ne se transforme en débâcle...
Suite à cela, le prince Stuart verra sa tête mise à prix (trente-mille livres) et errera dans les Highlands durant cinq mois avec quelques compagnons d'infortune pour lui tenir compagnie.
Un navire français baptisé "L'Heureux" (avouez que l'ironie est mordante) le ramènera en France. Le prince y passera le reste de sa vie, en exil, pour sombrer peu à peu dans l'alcoolisme...
Il s'éteindra à Rome en 1788 et sera enterré à la cathédrale San Pietro de Frascati (Italie) où son frère, Henry Benoit Stuart, ordonnait sous le titre de cardinal-évêque.
À la mort du frère du prince, la dépouille de Charles Édouard Stuart sera transférée au sein de la basilique Saint-Pierre (détail croustillant : seul son coeur sera laissé dans la cathédrale).
Autre vue de la bataille de Culloden, par Graham Coton.
L'une des conséquences de ce bain de sang sera une répression d'une sauvagerie inouïe ; celle-ci vaudra d'ailleurs au duc de Cumberland le surnom de "Boucher" (Butcher Cumberland en bon anglais). Le duc ordonnera à ses hommes d'achever les blessés, les prisonniers et même les spectateurs (dites-vous qu'il y a toujours pire qu'un Redcap)...
Le massacre se poursuivra pendant plusieurs mois, au cours desquels plusieurs dizaines de milliers d'innocents seront massacrés. Les plus hauts gradés seront d'ailleurs jugés et exécutés plus tard à Inverness (la bataille de Culloden aura bien d'autres conséquences funestes ; si d'aventure vous désirez en savoir plus sur le sujet, je vous laisse le loisir d'ouvrir vos livres d'histoire).
Après cette énorme parenthèse, nous pouvons donc retourner au sujet que nous traitons.
Vie et moeurs du Redcap :
Faisons fi dès à présent du défilé de mode des songes et penchons nous sur la demeure de notre "ami" au bonnet rouge.
Le Redcap semble fortement apprécier les ruines isolées des Highlands, les donjons antiques croulants sous de sanglants secrets, les tours séculaires gorgées du sang des victimes qui s'est répandu à travers les siècles, voire encore les cryptes humides et glacées qui ont la réputation d'êtres hantées. Il est donc facile de déduire que cette créature a une nette préférence pour les endroits abandonnés (avec un passé sanglant en guise de garniture de choix).
Un Powrie converti en bourreau par le talentueux Jean-Baptiste Monge.
Pour se distraire, les Powries usent de leur don de prophétie (de nombreux Élémentaires ont cette capacité. Si certains en usent pour prévenir les humains du danger, comme la Banshee, d'autres préfèrent s'en servir à des fin moins joyeuses) afin de prévoir les catastrophes qui vont s'abattre sur les humains. Ils s'en réjouissent alors par avance, organisant de bruyantes fêtes, où ils hurlent la joie qu'ils éprouvent à la perspective de ce futur malheur. Ils y "entonnent" (braillent) de vieilles ballades écossaises et jouent de la cornemuse jusqu'aux petites heures.
Le son de la cornemuse sous la terre annonce d'ailleurs l'approche des Powries. Celui qui parvient à entendre cet "orchestre" (au talent plus que discutable) pourra alors aller prévenir la ville voisine qu'un grand désastre sera à prévoir.
Hormis leur don de divination et leur goût prononcé pour la "bonne" musique, les Powries seraient doués pour les arts de la forge ; ils sonrt aptes à créer n'importe quel bel ouvrage des temps anciens. C'est sans doute la raison pour laquelle ils sont parfois confondus ou associés aux Nains (la pilosité faciale y est probablement aussi pour quelque chose).
Représentation originale du Dunter (notez le détail des faucilles) par Alex Baranov.
Maintenant que vous savez à quoi ressemble un Redcap (ainsi que l'aspect de sa demeure), il serait peut-être temps que vous sachiez la raison qui le pousse à assassiner les voyageurs de passage.
Le fait que le chapeau du Redcap soit mentionné à de multiples reprises n'est pas anodin. En effet, ce dernier permet à cette tortueuse créature de survivre d'une manière bien étrange (et sinistre).
Les Powries attendent qu'un voyageur inconscient explore les ruines qui leurs servent de demeure (oui ces êtres aux modestes proportions vivent en clans et agissent donc le plus souvent en groupe), puis l'expédient ad patres ("auprès des ancêtres") via diverses méthodes : transpercer les chairs à l'aide de longues piques de fer, pousser du haut d'une tour ou, grand classique maison, écraser sous d'énormes rochers (ai-je oublié de préciser que les Powries sont également pourvus d'une force hors du commun ?).
Une fois le malheureux flâneur passé de vie à trépas, les petits félons enlèvent leurs couvre-chefs qu'ils trempent alors dans le sang, encore chaud, de la victime, afin de les gorger du liquide vermeil (le nom Red-cap : "chapeau rouge" prend donc tout son sens).
Les Powries doivent d'ailleurs tuer des humains de manière régulière, pour raviver le chatoiement de leurs coiffes. Si par "malheur" le sang imbibant le chapeau vient à sécher ou s'évaporer, le Redcap s'étiolera, se fanera, puis périra.
Une fin sinistre pour une créature qui l'est d'autant plus...
Un Redcap assez macabre (ou dépressif au choix) par Alexandra Wood.
Se garder du Redcap :
S'il vous arrive un jour, durant vos pérégrinations, d'explorer les castels des Lowlands, il serait bon que je vous prodigue quelques conseils pour vous permettre de revenir en une seule pièce de votre voyage...
La première erreur à ne pas commettre lorsque l'on croise un Redcap c'est de courir... malgré tout le barda qu'il transporte, il reste malgré tout très rapide. Battre à la course un Redcap est donc supposé humainement impossible.
Oubliez cette fois le fait que les Élémentaires craignent et haïssent le fer - Pour certains auteurs, le fer agirait comme un poison sur eux. Je pense au contraire qu'il s'agit plus de la symbolique de l'homme qui transforme le fer ; donc, modifie le naturel pour créer l'artificiel. Ce minerai "innocent", altéré par la main de l'homme, incarnerait un rappel constant et détestable, que l'humain s'est éloigné pas à pas de la nature, donc des Élémentaires qui autrefois étaient vénérés - même si cette règle reste applicable pour la plupart des autres.
Dans le cas du Redcap, ça ne marchera tout simplement pas (raison pour laquelle je vous avais demandé de retenir que ce dernier possédait un bâton accompagné de bottes de fer) et vous risqueriez surtout de lui donner un moyen supplémentaire pour vous étriper.
Un Powrie moderne par Bosch Lopper.
Il est dit que le meilleur moyen de faire fuir le Redcap (à mon grand dam), est de lire certains passages de la bible à haute voix : le vicieux adversaire poussera alors un cri strident avant de disparaître, laissant derrière lui une de ses dents (ou parfois un de ses ongles) que l'on pourra toujours emporter en guise de souvenir. Il est à garder en mémoire qu'ils craignent le crucifix et la croix des gardes d'épées (je suppose qu'il sera plus commode pour vous d'embarquer le crucifix...).
Les illustres Redcaps :
"Lord Soulis he sat in Hermitage castle.
And beside him Old Redcap sly ;
" Now tell me, thou sprite, who art meikle of might,
The death that I must die ?"
" While thou -shalt bear a charmed life.
And hold that life of me,
'Gainst lance and arrow, sword and knife,
I shall thy warrant be."
- Walter Scott.
Traduction :
"Lord Soulis s'est assis sur le trône de château Hermitage
Et derrière-lui un vieux Redcap rusé ;
Maintenant dites-moi, vous l'Elfe qui tisse les grandes puissances,
De quelle mort dois-je périr ?"
"Tandis que vous vous dirigerez vers une vie charmante
et tiendrez cette vie qui est mienne,
Contre lance et flèche, épée et couteau,
Je devrai me garder."
- Walter Scott.
Illustration d'Alex Baranov (encore une fois).
Robin le Redcap et William de Soulis :
Le plus illustre de ces sournois Élémentaires, répond au doux nom de Robin (le Redcap). Ce nom est malheureusement sans grand rapport avec celui de l'espiègle Robin Goodfellow (qui a servi de modèle pour le personnage de Puck dans une célèbre pièce de William Shakespeare : "Le songe d'une nuit d'été" ; mais ça, c'est une toute autre histoire).
Robin Redcap était aussi malfaisant que son complice, le tristement célèbre seigneur William de Soulis. Je vous offre d'ailleurs plusieurs textes sur ce mythe, afin de vous permettre de vous faire votre propre opinion sur le sujet.
La scène se déroulait en 1814 sur les terre du seigneur William de Soulis. Le seigneur local était dépeint comme un cruel tyran, sorcier et amateur des arts noirs à ses heures. On suppose que ce dernier s'était fait des ennemis puissants à force de malmener ses gens ; raison qui le poussa à faire fortifier le château d'Hermitage en utilisant tous les moyens possibles, tous les matériaux à sa disposition (naturels ou non). Il avait d'ailleurs sous le coude, en tant que lieutenant et conseiller, un Redcap qui se prénommait : Robin Redcap. Sous les conseils "judicieux" (si vous êtes amateurs de cruauté gratuite) de Robin Redcap, sire William apporta la ruine et le malheur sur son propre domaine. La population lassée (excédée) par ses abus, rassembla torches et fourches afin d'exposer "aimablement" leur point de vue à leur bon seigneur... William de Soulis fut embarqué au Ninestane Rigg (un cercle de pierre) pour y être ébouillanté jusqu'à la mort (il est mentionné que ce dernier ne pouvait être tué par des armes de fer ; je suppose donc que les sujets de William avaient trouvé une solution adéquate à cet épineux problème).
Magnifique représentation du Redcap par Kieron McGuire.
L'illustre Walter Scott (pour ceux qui ne le connaissent pas, il s'agit d'un écrivain et poète du XIXème siècle. Il est reconnu pour sa prose dans toute l'Écosse, où il est surnommé le "Magicien du Nord". Figure de proue du romantisme britannique, il est principalement réputé pour avoir publié des textes anciens ou appartenant à la tradition populaire) nous décrit la situation ci-dessous avec force détails. Lisez donc plutôt :
"Tradition proceeds to relate, that the Scotish king, irritated by reiterated complaints, peevishly exclaimed to the petitioners," Boil him, if you please, but let me hear no more of him." Satisfied with this answer, they proceeded with the utmost haste to execute the commission, which they accomplished by boiling him alive on the Nine-stane Rig, in a cauldron said to have been long preserved at Skelf-hill, a hamlet betwixt Hawick and the Hermitage. Messengers, it is said, were immediately dispatched by the king, to prevent the eft'ects of such a hasty declaration ; but they only arrived in time to witness the conclusion of the ceremony."
- Walter Scott (1802).
Traduction :
"La tradition mentionne que le roi d'Écosse, irrité par les sempiternelles plaintes (à l'encontre de Lord Soulis), déclara aux pétitionnaires : - Ebouillantez-le, si ça vous chante, mais ne me parlez plus de lui." Satisfaits par cette réponse, ils procédèrent avec la plus grande célérité pour exécuter leur besogne, qu'ils accomplirent en ébouillantant Lord Soulis tout vif sur le cercle des neuf pierres de Rig (un cercle de pierres situé dans l'est de la région de Lothian en Écosse), dans un chaudron qui aurait été longtemps préservé à la colline de Skelf, un hameau situé derrière Hawick et le château d'Hermitage. Il est dit que des messagers furent envoyés en grande hâte par le roi pour empêcher que son discours hâtif ne porte ses fruits ; mais ils n'arrivèrent qu'à la fin de cette cérémonie."
Après ce ravissant texte de littérature d'Albion (ancien nom de la Grande-Bretagne pour rappel), nous pouvons passer à des faits plus... historiques. Le triste sire William de Soulis (qui aurait vécu au XIXème siècle) semble avoir été créé par l'auteur cité plus haut (suivez un peu que diable !). Il existe effectivement dans l'histoire un certain William II de Soules, seigneur de Liddesdale, durant le début du XIVème siècle (ça fait une sacré différence n'est-ce pas ?). Ce dernier aurait servi sous les ordres du roi Edouard 1er d'Angleterre avant de retourner sa veste (en faveur du camp écossais) lors de la bataille de Bannockburn (une bataille importante durant la première guerre d'indépendance de l'Écosse, où ce fier peuple triompha des anglais) en 1314.
C'est en 1320 qu'il fut accusé de haute trahison contre le roi Robert de Bruce (souverain du peuple écossais) et emprisonné au château Dumbarton où il périt en 1321 dans d'étranges circonstances...
Ce personnage au passé mouvementé n'est par-contre pas le seul à avoir servi d'inspiration pour créer le retors William de Soulis. En effet, le sieur Ranulf de Soules (ou Randolph) né en 1150 et mort en 1207, assassiné par ses serviteurs, semble être un personnage dont l'histoire a fortement inspiré Walter Scott dans son processus de création (mais là je prend cette information avec des pincettes).
Toujours est-il que la fusion de ces deux personnages hauts en couleurs a donné naissance à un sombre individu littéraire, qui fait désormais partie du folklore écossais. Il est d'ailleurs dit que Robin Redcap peut encore être entrevu au château d'Hermitage, gardant jalousement son trésor (ledit château est ouvert au public tous les étés pour ceux que ça tente).
Le Redcap du Pertshire :
N'allez pas croire que tous les Powries sont malfaisants, loin de là. Il existe dans le Perthshire (un ancien comté de l'Écosse du nord) un Redcap doux et pacifique. Il vit seul dans une chambre tout en haut du château de Grantully. Le voir ou l'entendre est un présage de bonne fortune.
En Belgique (dans les Flandres) ainsi qu'en Hollande, il existe un Élémentaire comparable (de très loin par temps de brouillard) au Redcap : le Kabouter. Ce dernier, associé au Gnomes, est un peu l'antithèse des Powries (plus associés aux Brownies ; sorte de petits Élémentaires écossais qui veillent sur la demeure qui leur est attachée).
Il existerait également une variété de Bonnets Rouges suisses : d'aimables servants attachés aux chalets mais qui furent chassés par les capucins (ou frères mineurs capucins ; sorte d'ordre religieux catholique. Ils se caractérisaient souvent par une robe de couleur marron ainsi qu'une longue barbe et prêchaient, selon les dires, la pauvreté).
Étude de divers gobelinoïdes (dont le Redcap).
Conclusion :
A l'heure actuelle, le Redcap est bien souvent méconnu dans nos régions. Détaillé de temps à autre dans un jeu de rôle (Donjons et Dragons) ou jeu de cartes (Magic the Gathering), entraperçu dans la littérature (la saga de R.A. Salvatore "DemonWars" où le nom de Powries est employé), survolé dans les comics américains (le troisième tome de la série Hellboy contient une nouvelle appelée : "Bottes de fer"), il reste insaisissable dans notre monde moderne...
Bref, le Redcap n'est pas vraiment la créature la plus populaire de la fantasy.
En Écosse il reste un élément indissociable du folklore et demeure dans le coeur de la populace. J'ose espérer qu'avec le temps l'animosité qu'ils ont pour nous diminuera, peut-être lorsque nous-mêmes serons moins enclins à la violence et aux bains de sang...
Idraemir
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