Totalement pris dans sa traque des petits lampyres luminescents, il ne remarque pas que le crépuscule naissant laisse sa place à la nuit noire et que le ciel commence déjà à se parer d'étoiles.
Une paisible scène Illustrée avec talent par Izaskun.
Voyant qu'il va faire nuit, l'enfant se demande s'il ferait bien de rentrer mais, après réflexion, il hausse les épaules en se disant qu'il pourra toujours compter sur l'éclairage verdâtre prodigué par les petits insectes qu'il a déjà collecté dans sa prison de verre portative.
S'accrochant aux tristes saules et piétinant les joncs mélodieux, notre entomologue en herbe fait danser son filet qui prend des allures de baguette magique lorsqu'il parvient à emprisonner une luciole.
Toujours concentré par sa chasse, il n'interrompt son activité favorite que pour prêter l'oreille aux bruits que produit la faune locale : chants d'oiseaux nocturnes, croassements de batraciens, grésillements d'insectes et clapotis dans l'eau sans doute dus aux poissons ou castors.
Alors qu'il songe enfin à rentrer au foyer - où sa mère doit se ronger les sangs à l'attendre à la fenêtre -, il remarque près de la berge, posé confortablement sur un véritable lit de lentilles d'eau, une chose étrange et verdâtre qu'il prend pour une grenouille.
Une création de Josh Eiten.
Tout heureux à l'idée de ramener ce batracien à sa mère - sachant qu'elle abhorre ces petites créatures, il aura peut-être là de quoi la dissuader de le gronder -, il pose son bocal et son filet, s'accroche aux roseaux, tends le bras vers sa future prise et... hurle d'effroi en voyant la prétendue grenouille jaillir de l'eau - sous la forme de longs bras vert-tachetés - pour le saisir.
L'étreinte de cette chose est étonnamment puissante malgré la maigreur de ses membres et l'enfant ne peut que se débattre en hurlant à pleins poumons. Alors qu'il boit la tasse, le pauvret entrevoit les yeux d'une créature qui le contemple sans méchanceté, lui souriant comme seul sait le faire une mère à son fils. À bout de forces, il se laisse entraîner sous les flots toujours lové entre les bras de cet être et laisse échapper une dernière bulle d'air avant de sombrer dans une obscurité bienvenue...
Il ne restera de traces de son passage qu'un bocal empli de lucioles et un filet à papillons, seules preuve que Jenny Greenteeth a fait une nouvelle petite victime...
Lorsque vous étiez enfant, en partant vous balader près des rivières, mares, sources,... vous vous êtes senti l'âme d'un explorateur mais, votre soif de découvertes s'est vue refusée par vos parents, inquiets à l'idée que vous puissiez tomber dans l'eau.
Si vous pensez que vos géniteurs étaient trop protecteurs à votre goût... vous réviserez peut-être votre jugement après la lecture de cet article.
Nous allons cette fois plonger dans les sombres rivières, draguer les mares pour voir si rien ne se dissimule sous les lentilles d'eau... Bref, nous allons pénétrer dans la tanière aqueuse de Jenny Greenteeth et par la même occasion découvrir ce que sont les Noyeurs.
Enfilez vos bottes et armez-vous de votre courage, nous allons naviguer un bon moment dans des eaux dangereuses.
Jenny Greenteeth à la loupe :
La question qui est sur les lèvres de beaucoup d'entre-vous doit-être : "Mais qui est Jenny Greenteeth ?"
Pour démarrer en douceur et satisfaire votre insatiable curiosité, voici un petit texte qui vous en donnera un bon aperçu :
"Jenny les Dents Vertes est un Esprit féminin de la race des Noyeurs, qui rôde dans les eaux des rivières du Yorkshire. Elle se manifeste sous une apparence des plus dégoûtantes : squelettique, de très longs bras, des mains osseuses aux doigts crochus, la peau blême, les yeux globuleux, de longues dents verdâtres, et de longs cheveux verts pleins de vase. Elle attire les enfants dans l'onde, pour les noyer."
- Jean-Paul Ronecker, Encyclopédie Illustrée des Esprits de la Nature.
Jenny Greenteeth est donc une Élémentaire aquatique anglaise unique, liée aux rivières du Yorkshire (il en existe un bon paquet comme par exemple : la Ure, la Wharfe, la Don, la Foss, la Went, la Swale,...). Jean-Paul Ronecker précise également que cette entité fait partie de la race des Noyeurs (une grande famille dont nous auront tout le loisir de parler plus tard) et qu'elle a la fâcheuse tendance de noyer les jeunes enfants (chacun son passe-temps).
Dotée de nombreux noms et sobriquets - suivant les comtés -, Jenny Greenteeth (littéralement : "Jenny Dents Vertes", ou plus simplement : "Jenny les Dents Vertes") est appelée : Jinny Greenteeth dans le Lancashire et Ginny Greenteeth dans le Cheshire ainsi que le Shropshire (on l'appelle également : Jeannie Greenteeth, Wicked Jenny - "Jenny Malicieuse" - et Peg o' Nell dans ces deux lieux).
Il existe encore bien des surnoms pour qualifier cette créature (Jenny Wicked à'Nelle, Peg,...), mais je ne vais pas m'amuser à tous vous les citer...
Niveau aspect, la "belle Jenny" est décrite comme ayant la peau verte, une carrure décharnée (surtout ses bras fins et sinueux), de longs cheveux (souvent verts comme les algues ou recouverts par ces mêmes végétaux), des dents pointues (et décorées d'une infinité de nuances verdâtres).
En 1980, une femme de 68 ans nous a décrit cette créature aquatique à partir de ses souvenirs d'enfance : une peau pâle et verdâtre, des dents vertes, de très longues mèches de cheveux (également vertes), de longs doigts verdâtres parés de longs ongles. Elle ajoute également que Jenny était très mince avec un menton pointu et de très grands yeux.
Un autre informateur raconta que Ginny n'avait pas de forme connue pour la bonne et simple raison qu'elle n'était jamais apparue hors de son élément aquatique (ou que personne n'avait eu la chance d'échapper à son étreinte).
Une version plus rare de l'est de l'Angleterre parle d'une fille noyée nommée Jenny (tellement rare que je ne suis pas certain que cette information soit véridique, donc, comme toujours : prenez des gants quant à la véracité de cette information). Il n'est pas impossible que cette créature soit liée d'une manière ou d'une autre au mythe de notre chère Élémentaire.
Ceux et celles qui pensent qu'il est honteux qu'une telle créature s'en prenne aux enfants, soyez rassurés ! Selon certains auteurs, Jenny Greenteeth guette également les personnes âgées (moins aptes à résister je suppose) et les jeunes gens.
Pour ce qui est du modus operandi (mode opératoire), notre Élémentaire fluviale a pour habitude de se cacher dans les roseaux ou les lentilles d'eau (je vous expliquerai pourquoi plus tard) des rivières, des étangs (ou des mares d'eau stagnantes) et de tenter de saisir ses proies pour les emmener dans l'eau, les noyer (et bien souvent les dévorer).
Selon l' "English Dialect Dictionnary" de Joseph Wright, l'Esprit aquatique Jenny pouvait parfois se percher au sommet des arbres pour guetter ses futures victimes (et l'on pouvait d'ailleurs l'entendre hurler dans la nuit).
Il y a encore bien des choses à dire sur le compte de Jenny Greenteeth (les familles de créatures auxquelles elle est liée, son équivalent masculin, l'entité dont elle tire son origine,...).
Continuons notre voyage en décortiquant un conte populaire qui vous dévoilera le côté sombre de certains Élémentaires des flots...
Informations complémentaires :
- Le Yorkshire ("comté de York") est le plus vaste comté du nord de l'Angleterre dont l'emblème est la rose blanche.
- Brian Froud est un illustrateur britannique (folkloriste à ses heures) qui est connu pour avoir travaillé avec Jim Henson (le créateur du Muppet Show). Il a notamment planché sur certains décors de la série : "The Storyteller" ("Monstres et Merveilles") et sur l'aspect des créatures de : "Labyrinth" et "Dark Crystal".
Son épouse, Wendy Froud (également illustratrice), aurait conçu l'aspect du verdâtre Maître Yoda (ceux qui ne voient pas de qui il s'agit, allez vite voir Star Wars).
- L' "English Dialect Dictionnary" est un dictionnaire de dialectes anglais (d'où le titre) qui ont été rassemblés par le linguiste - et professeur de philologie comparative à l'université d'Oxford - Joseph Wright (né en 1855, mort en 1930).
- Pour rappel, la philologie a pour vocation d'étudier divers documents (écrits) en les comparants pour voir s'il est possible d'en extraire certaines informations ou de découvrir le contenu originel de ces textes.
Conte populaire sur Jenny Greenteeth :
Il y a fort longtemps, dans une humble chaumière à proximité des bois, vivait une famille composée : du père, de la mère, du fils - un jeune homme - et de la grand-mère - que l'on disait un peu folle.
Pour survivre, la mère accompagnée du fils allait collecter des légumes dans les champs, le père posait des pièges dans les bois - afin d'attraper du petit gibier - et allait puiser de l'eau à la source locale (la grand-mère quant à elle se chargeait de nettoyer la demeure et de cuisiner tout ce que pouvait ramener la famille).
Durant l'été, les membres de la maisonnée pouvaient s'en sortir sans trop de difficultés, mais quand l'hiver pointait son nez, la nourriture commençait à se faire rare et tout le monde devait se serrer la ceinture.
Un jour, lassé d'entendre son ventre gargouiller, le fils demanda à sa grand-mère s'il ne serait pas possible de pêcher à la rivière pour ramener de quoi contenter les estomacs. Le jeune homme eût à peine le temps de terminer sa phrase que sa grand-mère le gifla. La vieille femme laissa son petit-fils encaisser le choc et elle lui expliqua qu'il ne devait en aucun cas aller à la rivière car Jenny Greenteeth l'y attendait.
Jenny Greenteeth guettant sa proie (par Marco Caradonna).
Perplexe, le garçon demanda à son aînée qui était Jenny Greenteeth. En riant de son ignorance elle lui expliqua que c'était une créature qui saisissait quiconque s'approchait trop de la rivière. Une fois attrapé, la malfaisante créature tuait le pauvre inconscient et dévorait sa chair jusqu'à ne laisser que des os blancs.
En entendant cela, le garçon se mit à rire et à se moquer de sa grand-mère, qui, furieuse, le mit à nouveau en garde contre Jenny Greenteeth qui était sans cesse en quête de nouvelles proies.
"Sa peau est entièrement verte, tout comme ses cheveux, sans oublier ses grands yeux et ses dents pointues. Elle raffole des jeunes gens et des enfants car leur chair est la plus savoureuse à manger. Malheur à toi si tu t'aventures trop près de son territoire !"
En entendant cela le garçon éclata de rire et ignora sa grand-mère. L'hiver était rude et se prolongeait, les vivres commençaient à se faire rares. Il décida de faire fi de ces superstitions, attrapa un filet et se rendit à la rivière afin d'attraper du poisson.
En entendant cela, le garçon se mit à rire et à se moquer de sa grand-mère, qui, furieuse, le mit à nouveau en garde contre Jenny Greenteeth qui était sans cesse en quête de nouvelles proies.
"Sa peau est entièrement verte, tout comme ses cheveux, sans oublier ses grands yeux et ses dents pointues. Elle raffole des jeunes gens et des enfants car leur chair est la plus savoureuse à manger. Malheur à toi si tu t'aventures trop près de son territoire !"
En entendant cela le garçon éclata de rire et ignora sa grand-mère. L'hiver était rude et se prolongeait, les vivres commençaient à se faire rares. Il décida de faire fi de ces superstitions, attrapa un filet et se rendit à la rivière afin d'attraper du poisson.
Pendant un bon moment il demeura sur le rivage à fixer l'onde mais, étrangement, il ne vit aucun poisson passer. Frustré par cette pêche qui tournait au fiasco mais bien décidé à ramener à manger coûte que coûte, il scruta attentivement la rivière et trouva enfin un poisson dodu qui semblait comme ancré au fond de l'eau. S'approchant de sa proie, il remarqua que cette dernière était retenue par une sorte d'algue et il tira dessus jusqu'à ce qu'il soit parvenu à détacher le poisson de l'emprise du végétal.
Enfin libéré, l'écailleux animal fila sans demander son reste. Penaud mais curieux, le jeune homme examina l'étrange algue de plus près. En vérité, ce n'était pas une algue, mais de longs bras verts hérissés d'ongles tranchants et ces derniers étaient rattachés à un corps sinueux qui demeurait immergé. La dernière chose qui le frappa était ce visage souriant qui le fixait et l'instant d'après il fut happé dans l'eau où bien vite il se noya.
Ce conte populaire est anonyme mais a été retranscrit (en anglais) par Joel Hayward. J'ai traduit entièrement ce dernier en le remaniant à ma manière (pour ne conserver que les éléments importants) afin de le rendre plus vivant.
Enfin libéré, l'écailleux animal fila sans demander son reste. Penaud mais curieux, le jeune homme examina l'étrange algue de plus près. En vérité, ce n'était pas une algue, mais de longs bras verts hérissés d'ongles tranchants et ces derniers étaient rattachés à un corps sinueux qui demeurait immergé. La dernière chose qui le frappa était ce visage souriant qui le fixait et l'instant d'après il fut happé dans l'eau où bien vite il se noya.
Ce conte populaire est anonyme mais a été retranscrit (en anglais) par Joel Hayward. J'ai traduit entièrement ce dernier en le remaniant à ma manière (pour ne conserver que les éléments importants) afin de le rendre plus vivant.
Vous avez probablement dû noter que Jenny est souvent liée à la couleur verte et à la végétation qui stagne dans les mares et points d'eau. Est-ce un hasard ? Vous trouverez la réponse à cette question dans le chapitre qui suit.
Informations complémentaires :
- Joel Hayward est un historien et essayiste qui a notamment planché sur le sujet de notre chère Élémentaire.
En sus de sa petite étude, on peut également trouver un poème en l'honneur de Jenny - "Welsh Maiden" qu'on peut traduire en : "La vierge galloise" - et une nouvelle de fiction (dont vous pourrez en lire une partie plus bas) intitulée : "Jenny Green Teeth" - qu'il est possible de dénicher dans le livre intitulé - ô surprise - : "Jenny Green Teeth and Other Short Stories" ("Jenny Dents Vertes et Autres Courtes Histoires").
Jenny et les lentilles d'eau :
Le lien entre notre verdâtre amie et cet anodin végétal est fort simple : dans certaines régions d'Angleterre (principalement à Liverpool, à Birmingham et au sud-ouest du Lancashire), les plantes appelées "duck-weed" - littéralement : "mauvaise herbe des canards" (qui en raffolent) - étaient parfois surnommées : Jenny Greenteeth.
Peg Powler, une cousine de Jenny dont nous parlerons très bientôt (illustration de Jill Desborough).
En sus du nom, les lentilles d'eau (qui se présentent sous la forme de centaines de petits cercles verdâtres et flottants en surface) peuvent coloniser entièrement un point d'eau stagnant. Les longues racines - difficilement visibles à la surface - peuvent présenter un danger pour les jeunes enfants qui vont patauger dans les mares. Il y a en effet un risque pour que les plantes s'accrochent aux jambes du jeunot qui, dans la panique, se retrouvera englué dans les racines de la plante pour finir - dans le pire des cas - piégé et noyé.
N'ayant aucune certitude quant à l'éventuel danger que représentent les lentilles d'eau pour les enfants (n'en ayant pas sous la main pour réaliser l'expérience), je vous laisse tirer vos propres conclusions.
Puisque nous avons abordé le danger que représentait Jenny Greenteeth pour les enfants et les personnes âgées, je vous propose - dans le chapitre qui suit - un bon morceau d'une nouvelle, qui vous montrera que Wicked Jenny peut aussi jeter son dévolu sur des adultes...
Informations complémentaires :
- Liverpool est une cité portuaire située dans le nord-ouest de l'Angletterre (près du fleuve Mersey) qui a fait partie du Lancashire jusqu'en 1974 (année de création du comté de Merseyside).
- Birmingham est une cité du centre de l'Angleterre (la deuxième plus importante juste après Londres).
Jenny Green Teeth :
Pour éviter de vous de vous faire lire l'intégralité de la nouvelle (dont une bonne partie n'a aucun rapport avec Jenny), je vous propose un court résumé de l'histoire pour ensuite vous donner les passages intéressants de manière plus détaillée.
L'histoire se déroule vers 1562 dans un paisible petit village campagnard du Yorkshire.
Tom Applewood et son jeune fils - âgé de 7 ans - (appelé aussi Tom) quittent le village pour aller faire une promenade dans la forêt voisine.
Une fois dans les bois, le père apprend à son fils à reconnaître les essences d'arbres, les espèces de champignons, à imiter le chant des oiseaux,...
En s'enfonçant dans la forêt, ils parviennent à un bosquet de chênes géants et majestueux (de 30 pieds de diamètre - un peu plus de 9 mètres) et le père désigne à son fils un arbre immense qui semble pousser à l'écart.
Illustration de Tom Edwards.
En examinant le vénérable végétal, le fils remarque que des bandes de tissu décolorée sont liées autour du tronc - et ce depuis très longtemps vu que l'écorce a commencé à "digérer" les bords du tissu. Le rejeton demande au paternel ce que sont ces morceaux d'étoffe et le père lui explique qu'ils sont là pour nous rappeler les forces invisibles lorsque nous en avons le plus besoin et qu'il a commencé à en lier au tronc lorsque sa mère est morte.
Suite à cette révélation, le père montre à son fils un creux dans le tronc, place sa main à l'intérieur et extrait du trou des figurines de bois et quelques pièces sans valeur. En lui montrant sa découverte, il lui explique que ces objets sont des offrandes aux Esprits afin qu'ils les protègent de tout mal.
Après avoir médité ensemble dans le bosquet, le père et le fils se restaurent puis continuent leur route vers la source sainte Hélène, une source qui - selon le père - n'est jamais à sec et jaillit des profondeurs de la Terre nourricière afin d'abreuver toutes les créatures vivantes...
Nous arrivons au moment clé du récit, je vais donc cesser de vous résumer la nouvelle et vous offrir une lecture plus "intégrale" du reste du texte...
Ladite source était magnifique ! - en rien elle n'était semblable à une mare dénuée de vie où l'eau stagne et semble sortie d'un trou profond et fangeux - L'eau était aussi limpide que celle qu'on allait tirer au puits du village !
S'extirpant de quelque recoins cachés situés dans les entrailles de la terre, le liquide clair faisait paisiblement glouglouter l'eau du bassin, produisant ainsi une douce mélopée apaisante.
Une ravissante vue produite par Aldafea.
En examinant le point d'eau, le garçonnet remarqua qu'une grande partie de la surface était couverte d'une matière verdâtre qui recouvrait l'eau à la manière d'un linceul. Voyant la question poindre sur les lèvres de son fils, le père expliqua que cette masse verte était composée d'un amoncellement de végétaux appelés : "lentilles d'eau".
Satisfait par la réponse de son paternel, l'enfant nota également que les plantes ne pouvaient croître là où le bassin était le plus tumultueux - là où la source jaillissait du sol pour alimenter le bassin, autour d'un empilement de pierres.
"À quoi peuvent bien servir ces pierres, Père ?" demanda l'enfant "et celles-là ?"
Il désigna un rocher taillé - près de l'empilement proche du bord du bassin - qui se dressait vers le ciel mais dont la base était enfoncée dans le sol.
Une ravissante vue produite par Aldafea.
En examinant le point d'eau, le garçonnet remarqua qu'une grande partie de la surface était couverte d'une matière verdâtre qui recouvrait l'eau à la manière d'un linceul. Voyant la question poindre sur les lèvres de son fils, le père expliqua que cette masse verte était composée d'un amoncellement de végétaux appelés : "lentilles d'eau".
Satisfait par la réponse de son paternel, l'enfant nota également que les plantes ne pouvaient croître là où le bassin était le plus tumultueux - là où la source jaillissait du sol pour alimenter le bassin, autour d'un empilement de pierres.
"À quoi peuvent bien servir ces pierres, Père ?" demanda l'enfant "et celles-là ?"
Il désigna un rocher taillé - près de l'empilement proche du bord du bassin - qui se dressait vers le ciel mais dont la base était enfoncée dans le sol.
"Je ne saurai dire qui a placé ces pierres autour du cours-d'eau... Elles étaient déjà là lorsque j'avais ton âge et ont été déposées en ces lieux ; probablement bien avant ma naissance. La pierre qui fait face au bassin représente les Esprits qui gardent et prennent soin de la source pour la venue du printemps. Ce sont également des entités très anciennes."
Le garçon resta perplexe en écoutant son père et se risqua à poser une autre question :
"Qu'est-ce qu'ils gardent ?"
"Ils retiennent Jenny Green Teeth dont l'antre est situé dans le bassin, ainsi les gens peuvent faire des offrandes sans danger. Tiens, donne-moi ta main."
Il offrit à son fils une pièce de monnaie et lui demanda de faire la même chose que lui. Plantant un genou en terre il pria à voix haute : "Gardiens de cette source, nous vous remercions pour cette vie et vous demandons de nous accorder votre bénédiction." Ensuite, il jeta doucement sa pièce dans l'eau. Cette dernière coula et disparut de la surface. Son fils répéta maladroitement - mais solennellement - les paroles du père, puis il jeta l'argent au même endroit.
Rayonnant, le fermier ébouriffa les cheveux couleur paille de son fils et dit : "Il doit y avoir une fortune là-dessous, j'en suis convaincu. Mais c'est bien peu comparé aux présents que nous recevons en échange de cette obole."
"Jenny Green Teeth !" s'exclama le père "elle a tué bien des fous qui ont tenté de voler le trésor de la source."
Le vieux Tom inclina la tête en ajoutant que l'Esprit aquatique assassinait quiconque osait s'aventurer dans l'eau du bassin. Il expliqua ensuite qu'on pouvait y boire mais ajouta qu'il ne fallait jamais tenter de s'y baigner, même si la surface semblait plaisante et paisible. Jenny Green Teeth, ce vieil Esprit retors, recouvrira et enserrera, à l'aide des lentilles d'eau, l'imbécile qui osera la défier, lui promettant une horrible noyade. Elle est malfaisante. Voilà pourquoi il faut éviter les zones couvertes de lentilles d'eau : elles révèlent la présence de Jenny.
Illustration de Gary Laib.
Le petiot effrayé recula vivement du bord de l'eau et jura qu'il n'irait jamais s'approcher de Jenny Green Teeth, "cette vieille Sorcière".
Rassuré par la promesse de son fils, le père prit la main de son rejeton et le mena vers le chemin du retour.
Mais avant qu'ils ne quittent les lieux, un étrange bruit, une ondulation dans l'air... quelque chose d'indescriptible remua. Ca semblait produire un son étrange et le père arrivait difficilement à comprendre de quoi il s'agissait mais, ce bruit incongru, venait de l'ombre d'un saule qui obscurcissait une portion de bassin.
Au cœur de cette zone ombragée, durant un battement de cils, il la vit, puis l'instant suivant, elle disparut, tout comme ce bruit si particulier. L'image qui se grava dans son esprit lui laissa voir une ravissante jeune femme en train de laver ses longs cheveux en se versant l'eau qu'elle avait recueillie entre ses mains en coupe.
Par les dieux, songea le père, j'ai dû rester trop longtemps au soleil, ou mal digérer mon repas. Alors qu'ils rentraient, il ne souffla mot à son fils de cette histoire - ce dernier, bien entendu, n'avait rien vu rien entendu - et le garçonnet accompagna son père en chantonnant joyeusement ou en lui montrant qu'il avait retenu ses leçons - en désignant par leurs noms les plantes et les arbres qu'ils croisaient sur la route du retour.
Durant plusieurs semaines, les tâches quotidiennes à la ferme occupèrent l'esprit du père et il pensa rarement à l'étrange femme sous le saule. Il pensait - en son for intérieur - qu'il s'agissait probablement d'une des villageoises qui résidait de l'autre côté de la forêt. Il n'avait jamais visité ces hameaux, ni pris le risque d'aller explorer les environs - du moins, pas plus loin qu'il ne le faisait d'habitude -, donc il ne s'interrogea pas plus sur l'identité de cette femme.
Cependant, lors du quatrième dimanche du mois, il se retrouva seul dans sa chaumière, vu que son fils était parti pour la journée avec ses cousins. La solitude, sa tristesse et son incapacité à se rappeler le visage de sa défunte femme commencèrent à lui saper le moral.
Voulant trouver l'apaisement, il prit la résolution d'aller se balader dans la forêt afin de se relaxer. Il prépara ses fournitures habituelles pour une telle excursion (nourriture et offrandes aux Esprits) et il marcha droit devant, loin de l'agitation du village.
En passant devant le grand chêne, il vit que celui-ci portait bien plus de bandes de tissu que lors de sa précédente visite. Pour la seconde fois dans sa vie, il ne fut pas seul lorsqu'il attacha un nouveau morceau d'étoffe et pria les Esprits.
N'ayant aucune envie de se confier à un cousin ou proche parent, il salua les autres poliment et s'enfonça plus profondément au coeur de la forêt.
Peu après, il trouva enfin la solitude dans un bosquet de chênes, s'assit et put se détendre dans la fraîcheur des ombres. "Mes arbres chéris sont dans un piteux état", pensa-t-il, la plupart de leurs tendres feuilles printanières semblait avoir été rongée par les chenilles, les hannetons et les charançons. Seules les feuilles nouvelles et vertes de la mi-été paraissaient ne pas avoir souffert des ravages des insectes.
Heureux de voir que les feuillus ne se portaient pas trop mal, il somnola à couvert, hanté par le souvenir de sa défunte épouse.
Jenny Greenteeth selon ALeXa-Renée Smothers.
Elle murmura son nom, comme dans un rêve - ou un cauchemar - et l'arracha à son sommeil. Tom se demanda un moment si le vent dans les arbres n'avait pas imité la voix de sa femme mais un autre murmure - plus insistant - se fit entendre.
Tom se dirigea en direction de la voix - qui était tout sauf produite par le vent - et quitta le bosquet. Envoûté par cet appel mystérieux presque semblable à la voix de sa femme, le fermier tomba finalement sur la source sainte Hélène. Il trébucha dans l'eau tout en répondant à cet appel d'une voix rauque. Se relevant, il marcha près du cours d'eau et sentit des yeux se poser sur lui. Instinctivement il tourna son regard vers les ombres sous le saule et il la vit.
Ce n'était pas sa femme aux magnifiques cheveux bruns, aux yeux noirs et au si joli sourire qui avait capturé son coeur lorsqu'ils étaient adolescents... Son épouse, La peau tannée par le soleil et dotée d'une fort carrure, était une femme d' "extérieur" qui portait peu d'intérêt aux activités traditionnelles. Cette autre femme, qui se baignait à nouveau dans l'eau peu profonde du bassin, avait une peau pâle que jamais le soleil n'avait caressé de ses rayons.
Quand
elle traversa les ombres, Tom s'extasia devant la blancheur de sa
gorge, de ses bras et de ses épaules qui paraissaient réfléchir la lumière. De son côté, la femme ne lui prêta aucune attention et continua à se baigner silencieusement,
son visage caché par son abondante chevelure.
Voulant briser le silence, Tom salua nerveusement la ravissante créature qui leva enfin ses yeux de l'onde pour croiser le regard du fermier. Elle avait de grands yeux couleur saphir et son beau visage était encadré par une masse de cheveux couleur d'or. Il semblait à Tom que sa chevelure capturait la lumière solaire.
Voulant briser le silence, Tom salua nerveusement la ravissante créature qui leva enfin ses yeux de l'onde pour croiser le regard du fermier. Elle avait de grands yeux couleur saphir et son beau visage était encadré par une masse de cheveux couleur d'or. Il semblait à Tom que sa chevelure capturait la lumière solaire.
"Je ne voulais pas vous effrayer," dit Tom, peu sûr de lui.
"Vous
semblez bien plus effrayé que je ne le suis Monsieur." rétorqua-t-elle.
Elle sourit et traversa la mare pour s'approcher de lui jusqu'à quelques yards de distance. Il ne put s'empêcher de détailler sa poitrine et ses hanches à travers la robe verte - et trempée - qu'elle portait, mais détourna vivement le regard, honteux de son geste et de son attraction pour une femme qu'il connaissait à peine...
Une version bien moins "charmante" de Jenny que celle décrite dans cette nouvelle (illustration de Georgia Dunn).
Elle sourit et traversa la mare pour s'approcher de lui jusqu'à quelques yards de distance. Il ne put s'empêcher de détailler sa poitrine et ses hanches à travers la robe verte - et trempée - qu'elle portait, mais détourna vivement le regard, honteux de son geste et de son attraction pour une femme qu'il connaissait à peine...
Une version bien moins "charmante" de Jenny que celle décrite dans cette nouvelle (illustration de Georgia Dunn).
À peine âgée de 19 ou 20 ans, devina-t-il, elle devait probablement être mariée à un autre et ce depuis des années.
"J'ai
apporté du sucre pour la source.", dit-il en extrayant de sa poche le
présent qu'il avait l'intention de déverser dans l'eau. "C'est une
offrande à la terre pour apaiser Jenny Green Teeth."
En
entendant cela la demoiselle ne put s'empêcher de rire. "Je n'ai jamais
entendu parler de Jenny Green Teeth." déclara-t-elle "Qui est-ce ?"
"Quoi
? C'est la créature qui hante les tréfonds de cette source ; une
vieille Sorcière qui noie les imprudents. Vous devez sûrement avoir déjà
entendu parler d'elle. Depuis tout petit j'ai entendu d'innombrables choses sur son compte et
désormais, même mon propre fils la connaît.
Remarquez, je ne l'ai jamais vue, mais bien des gens eux l'ont aperçue."
"Ah,
votre fils. Je suppose qu'il s'agit de ce charmant petit garçon qui
vous accompagnait il y a un mois." Son sourire n'était en rien forcé et
se voulait rassurant. "Est-il avec vous aujourd'hui ?"
"Non, madame, je suis venu seul."
"Tout comme moi." répondit-elle.
En
entendant cela, Tom Appelwood manifesta une pointe d'inquiétude. Il
n'est pas recommandé de fréquenter une femme mariée qui n'est pas de
votre famille... Il versa le sucre dans l'eau, le regarda se dissoudre,
pria silencieusement les Esprits et se prépara à partir.
"Je suis désolé. Je dois partir?" dit-il.
"Déjà Tom ? Vous n'êtes là que depuis une minute."
Le
fait qu'elle connaissait son nom le frappa. Comment pouvait-elle le
connaître ? Il ne lui semblait pourtant pas lui avoir dit.
"Pourquoi ne parlerions-nous pas un moment ? Je suis seule la plupart du temps et j'apprécie toujours une petite discussion."
Tom - toujours mal à l'aise - hocha la tête et s'assit.
"De
toute façon, ces puissants gardiens nous protègeront de l'Esprit de
l'eau." dit-il en désignant du doigt les pierres au bord du bassin. "Ils
sont très vieux mais encore emplis de puissance, j'en suis convaincu."
"Ceux-là
? Oui, je suppose qu'ils le sont" répondit la femme qui tourna la tête
pour mieux les contempler et tendit un bras d'albâtre pour toucher la
surface pierreuse. Ses doigts s'attardèrent sur la "bouche" minérale qui
semblait cracher des malédictions à sa Némésis. Tom n'avait jamais vu
quiconque traiter ainsi ces objets tant révérés et il admira le courage
de la femme pour son geste.
"Vous savez, ce bassin est rempli d'or et d'argent." ajouta-t-elle "Je suis surprise que personne n'ait jamais tenté de dérober le trésor des profondeurs."
Il y a des trésors qu'il est peu conseillé de vouloir s'approprier (illustration de Jonsmith512)...
Tom sourit, croyant qu'elle le taquinait, même la pire crapule ne commettrait pas un tel acte contre les Esprits.
Une heure passa durant laquelle Tom conversa agréablement avec la femme, Dana - qui lui dit son nom sans une once d'hésitation. Ils parlèrent de leur passion commune pour les ifs, les ormes, bouleaux et chênes. Dana parla fièrement des saules qui poussaient près de sa demeure et Tom de son chêne. Ils partagèrent des histoires d'oiseaux : les geais avec leur chant rauque, les grives grassouillettes, les petites fauvettes et les pinsons si nombreux.
"Vous savez, ce bassin est rempli d'or et d'argent." ajouta-t-elle "Je suis surprise que personne n'ait jamais tenté de dérober le trésor des profondeurs."
Il y a des trésors qu'il est peu conseillé de vouloir s'approprier (illustration de Jonsmith512)...
Tom sourit, croyant qu'elle le taquinait, même la pire crapule ne commettrait pas un tel acte contre les Esprits.
Une heure passa durant laquelle Tom conversa agréablement avec la femme, Dana - qui lui dit son nom sans une once d'hésitation. Ils parlèrent de leur passion commune pour les ifs, les ormes, bouleaux et chênes. Dana parla fièrement des saules qui poussaient près de sa demeure et Tom de son chêne. Ils partagèrent des histoires d'oiseaux : les geais avec leur chant rauque, les grives grassouillettes, les petites fauvettes et les pinsons si nombreux.
Tom
évitait d'aborder des sujets plus "humains", craignant que Dana ne
révèle qu'elle était mariée. Cette dernière n'aborda d'ailleurs pas la
question, se préoccupant uniquement de tout ce qui avait trait à la
nature.
Tom se risqua alors à mentionner la mort de son épouse - morte en couches - mais se rétracta aussitôt, sentant que ce souvenir douloureux allait ternir leur plaisante conversation. Il se força donc à garder un visage neutre pour ne pas laisser paraître les tristes émotions qui l'assaillaient.
"Si vous êtes partant, Tom, vous pouvez baigner vos pieds dans l'eau, sa température est fort agréable."
Elle était d'ailleurs déjà en train de rafraîchir ses jambes, assise sur la rive. Enchanté par cette invitation, il enleva ses chaussures, trempa ses pieds et instantanément, une sorte de connexion s'établit entre-eux.
Tom se risqua alors à mentionner la mort de son épouse - morte en couches - mais se rétracta aussitôt, sentant que ce souvenir douloureux allait ternir leur plaisante conversation. Il se força donc à garder un visage neutre pour ne pas laisser paraître les tristes émotions qui l'assaillaient.
"Si vous êtes partant, Tom, vous pouvez baigner vos pieds dans l'eau, sa température est fort agréable."
Elle était d'ailleurs déjà en train de rafraîchir ses jambes, assise sur la rive. Enchanté par cette invitation, il enleva ses chaussures, trempa ses pieds et instantanément, une sorte de connexion s'établit entre-eux.
Elle
toucha tendrement son bras et chercha à prendre sa main dans la sienne.
Son contact le fit sursauter, non en raison de la hardiesse de son
geste ; mais bien parce que ses doigts semblaient froids comme de la
glace et pareils à des serres.
Il lui était impossible d'échapper à sa poigne tant sa force était incroyable. Tout en tenant sa proie, elle se propulsa en arrière pour plonger dans le bassin et entraîna le pauvre Tom - terrifié - avec elle.
Lorsqu'ils arrivèrent au bord de la pellicule de lentilles d'eau, l'élément liquide leur arrivait déjà à la taille. Tom ne pouvait que suivre, incapable de se libérer. Son pied glissa et il disparût sous la surface. Suffoquant, il tenta de sortir de l'eau, mais en vain... Les végétaux le recouvraient, l'empêchant de remplir ses poumons de l'air dont il avait désespérément besoin. La créature le tira vers le fond du bassin jusqu'à ce qu'il cesse de se débattre, l'oxygène remplacé par de l'eau.
Les pensées de Tom s'emplirent de visions macabres. Ses yeux ne distinguaient presque plus rien et la dernière vision de l'infortuné fermier fut un visage de cauchemar.
Jenny le contempla, l'embrassa, l'aima... et le noya.
Comme précisé dans les "Informations complémentaires" du chapitre intitulé : "Conte populaire sur Jenny Greenteeth", cette nouvelle est issue du livre de Joel Hayward : "Jenny Green Teeth and Other Short Stories".
Ledit texte était à l'origine en anglais. Je l'ai traduit aussi fidèlement que possible... à quelques exceptions près (j'ai dû remanier certaines tournures de phrase pour rendre la lecture plus agréable et supprimer toutes les "bondieuseries" - et les dieux seuls savent qu'il y en avait une pelletée - qui étaient incrustées dans des traditions plus anciennes).
En espérant que je ne m'attire pas les foudres de l'auteur pour ces quelques libertés...
Si la nouvelle que vous avez lue est fictive, les éléments qui la composent sont par contre fort intéressants sur le plan mythologique.
Dans l'histoire, Tom Applewood dépose plusieurs fois des offrandes dans l'eau pour honorer les Esprits (donc des Élémentaires) censés garder Jenny Greenteeth et il demande également la protection de ces entités en échange d'une pièce "sacrifiée" à la source.
Ce geste - en apparence anodin - est probablement là pour souligner la théorie de certains folkloristes. Selon ces derniers, Jenny Greenteeth pourrait être une sorte de survivance altérée de rites sacrificiels - peut-être dédiés au printemps (gardez cette hypothèse en tête, nous en reparlerons plus tard).
Pour en revenir à cette histoire de pièce sacrifiée, cette pratique était courante chez les Gallo-romains. Les archéologues ont souvent découvert de grandes quantités de pièces "antiques" dans les bassins qui avaient la réputation d'être bénéfiques (vu que les eaux abritent certains types d'Élémentaires, je suppose que cette offrande avait pour but de s'attirer les faveurs des entités des flots).
En guise d'exemple, le lieu-dit : "Les Prés du Pont-Neuf" (situé près de la commune française de Corbeilles) abrite un bassin sacré de plus de 5m de côté dont on a extrait près de 850 pièces de monnaie de différentes époques - détail amusant : en datant les pièces découvertes, les archéologues ont pu prouver que la monnaie était jetée abondamment durant des périodes clés et souvent troublées (invasions, déclin du commerce,...).
Du côté des peuples germaniques, il existe une tradition plus ou moins similaire : on jetait les armes et armures des vaincus dans l'eau afin d'honorer les divinités (ou entités), probablement pour les remercier de cette victoire - du côté des Celtes, ces derniers avaient également une coutume semblable où il fallait tordre, briser et plier les boucliers, lances et épées (des "armes sacrifiées"), très certainement pour rendre également hommage aux déités après la fin d'une bataille victorieuse.
Un joli puits (créé par Kyomu).
Toutes ces traditions survivent encore de nos jours, chaque fois qu'une personne jette une pièce dans un puits ou une fontaine pour se porter chance ou réaliser son souhait (en 2006, le "Fountain Money Fountain" a estimé que les touristes jetaient - de par le monde - pour 3 millions de livres sterling dans des puits à souhaits).
Après ce cours d'histoire improvisé, nous allons analyser un autre aspect - plus méconnu - de Jenny Greenteeth. Mais, comme toujours, passons d'abord aux...
Informations complémentaires :
- L'arbre à prières (ou l'arbre votif) est une coutume assez répandue dans le monde qui consiste à employer un arbre vivant comme support à prières pour adresser des requêtes aux Esprits.
Il existe de nombreuses variantes de cette tradition, comme par exemple l'arbre à clous belge (appelé aussi "arbre à chiffons" ou "arbre à loques") qui fait également appel à la magie sympathique (reportez-vous à l'information suivante pour en savoir plus sur cette forme de Magicologie).
Pour vous résumer un brin le "modus operandi" (mode opératoire) de l'arbre à clous : on pensait qu'un mal physique (rage de dents, maladie de peau,...) pouvait être extirpé du corps du patient et fiché à un arbre (bien spécifique) via un clou.
De nos jours, ce type de rite est encore pratiqué (la partie francophone de la Belgique compte encore au moins une bonne vingtaine de chênes et de tilleuls qui servent d'arbres à clous), preuve que les anciennes traditions ont la peau dure.
- Les effigies de bois placées dans le tronc de l'arbre font probablement partie d'un rituel de magie sympathique (pour en savoir plus à ce sujet, allez voir l'article consacré à la Mandragoule dans les "informations complémentaires" du chapitre intitulé : "Variantes et éléments supplémentaires de la légende") censé protéger la personne représentée sur la statuette.
- Le yard est une unité de mesure anglaise qui correspond plus ou moins à 0,9 mètres et qui équivaut à 3 pieds (du roi).
- Verser du sucre dans l'eau pour honorer les Esprits semble être une pratique courante (du moins au Royaume-Uni). En Écosse, les pêcheurs de la rivière Tweed avaient l'habitude de déverser du sel dans l'eau avant de jeter les filets pour s'assurer qu'ils attraperont beaucoup de poissons durant la journée.
- Le nom qu'emploie Jenny Greenteeth pour se nommer - Dana - est probablement un clin d'oeil à la déesse Danu (déesse primordiale celto-irlandaise) dont le peuple - les "Tuatha Dé Danann" - s'est installé en Irlande après avoir chassé les redoutables Fir Bolg (vous pouvez trouver un court résumé de ce sujet en lisant le chapitre : "Les invasions de l'Irlande" de l'article consacré à Cernunnos).
Jenny le Croque-Mitaine :
La présence de Jenny Greenteeth est attestée depuis le début du XIXème siècle (il existe un équivalent masculin de Jenny bien plus ancien dont nous parlerons dans le chapitre qui va suivre). Certains pensent qu'elle avait été créée pour servir d'épouvantail aux enfants afin qu'ils s'éloignent des rives, mares et cours d'eaux où ils risquaient de s'y noyer (d'autres créatures remplissent également cette fonction mais nous en reparlerons également dans un chapitre postérieur).
Les mères qui voulaient empêcher leurs marmots d'aller barboter dans la mare du coin avaient toujours aux lèvres des petites phrases du genre : "Prend garde, Jenny va t'attraper !" ("Watch out, Jenny’ll get you !")
Dans le Lancashire, le Cheshire et le Shropshire (inutile de vous préciser qu'il s'agit de comtés anglais) du XIXème siècle, Jenny Greenteeth était un sujet sérieux pour les enfants. Comme en témoigne l'extrait traduit qui va suivre, les parents n'hésitaient d'ailleurs pas à se servir de Jenny pour garder leurs rejetons sur le "droit chemin" :
"D'aussi loin que je me souvienne, ma mère et ma nourrice me disaient souvent que si je ne gardais pas mes dents propres je serai probablement attrapé par Jenny Greenteeth près d'une de ces mares et j'ai entendu bien des personnes âgées qui avaient reçu les mêmes avertissements."
- 1904, source anonyme.
Jenny Greenteeth, l' "amie" des enfants (illustration d'Alberto J. Silva)...
Employer Jenny Greenteeth comme Croque-Mitaine pour tenir la marmaille (si vous me passez l'expression) loin des points d'eau semble être encore d'actualité de nos jours.
Les plus indécrottables rationnels (dont je ne fais pas partie, ne vous en déplaise) pensent d'ailleurs que les contes et légendes de Jenny ne sont qu'une forme de contrôle social qu'exercent les parents sur les enfants afin de les empêcher de se noyer (ou de désobéir à leurs règles).
Les parents les plus "créatifs" racontaient à leurs enfants que le bruissement du vent dans les arbres était la voix de Jenny, les rochers moussus qui émergeaient de l'eau ses dents et les lentilles d'eau qui décoraient les mares ses cheveux.
La version la plus courante du mythe de Jenny veut qu'elle guette sous l'eau ses victimes pour tenter de les happer - avec ses longs bras - dès qu'elles s'approchent trop près. La suite coule de source : elle noie et parfois dévore ses proies.
D'autres récits dépeignent cette Noyeuse sous une version "plus douce". Dans ces légendes, Jenny emploie ses longs bras osseux pour étreindre doucement ses victimes, elle les caresse de ses longs ongles, jusqu'à ce qu'elles tombent dans un profond sommeil dont elle tire profit pour entamer son repas...
Le passage qui va suivre provient d'une source unique dont je mets un brin en doute les informations (il existe effectivement des "Sea Hags" mais Jenny est plus cantonnée aux fleuves, mares et points d'eau), donc, ne prenez pas tout ce qui est dit pour argent comptant...
Autrefois, les marins craignaient également Jenny Greenteeth qu'ils surnommaient : "The Sea Hag" (la Sorcière des mers, bien que le terme ne soit pas tout à fait exact). Selon leurs récits, ils pensaient que Jenny entonnait une douce mélopée lorsqu'elle était proche de ses victimes. En voici une version :
"Come into the water, love,
Dance beneath the waves,
Where dwell the bones of sailor-lads
Inside my saffron cave."
- S.E. Schlosser.
Et sa traduction :
"Viens dans les eaux, amour,
Danse sous les vagues,
Où demeurent les os des marins
À l'intérieur de ma caverne safran."
- S.E. Schlosser.
Après avoir entendu cette triste mélodie - aux sinistres accents -, les marins avaient encore une chance de partir avant qu'elle ne les attaque.
Une Sea Hag prête à fondre sur sa proie (par Sebastian Giacobino).
Ceux qui sont restés sourds aux avertissements de leurs collègues n'ont jamais été revus...
Contrairement à de nombreux Élémentaires "malfaisants", il n'existe aucune protection connue contre Jenny Greenteeth. Une fois entre ses bras vous ne les quitterez que lorsque vous serez froid.
Élémentaire aquatique, Hag de fleuve, Croque-Mitaine de l'onde,... Jenny cumule de nombreuses fonctions mais il serait temps de parler plus en détails de son rôle de Noyeuse (et par la même occasion de décrire quelques-uns de ses "collègues de travail"). Emplissez vos poumons d'air, nous allons explorer les sources, fleuves et points d'eau censés abriter ces terribles créatures.
Informations complémentaires :
- Les Croque-Mitaines sont des Élémentaires - de sinistre réputation - chargés d'effrayer ou de dévorer les enfants. Les parents se servent de ces créatures pour rendre leurs marmots plus sages (rappelez-vous le monstre sous votre lit ou dans votre placard).
- Une Sea Hag est tout simplement une représentante marine de la race des Hags (vous l'aviez deviné je suppose).
- Les Hags (qu'on pourrait traduire par : "Sorcières" même si la définition est inexacte) sont une race ancienne d'Élémentaires féminines. On les retrouve souvent dans le folklore britannique, germanique et dans les Pays de l'Est (la Baba Yaga pour ne citer qu'elle).
Ces créatures apparaissent souvent sous la forme de vieilles femmes tordues (elles peuvent parfois prendre l'aspect de belles jeunes filles) et si certaines sont bénéfiques, d'autres en revanche... le sont beaucoup moins.
On les retrouve très souvent dans les contes pour enfants ("Hansel et Gretel" des frères Grimm) où elles aident et mettent à l'épreuve les héros.
- Si vous souhaitez en apprendre un peu plus sur Jacob et Wilhelm Grimm, je ne peux que vous conseiller d'aller lire l'article sur la Huldre au chapitre intitulé : "Ces illustres conteurs".
- S.E. Schlosser est une auteure américaine de livres d'horreur - principalement une série de livres appelée : "Spooky" ("Sinistre") - pour enfants qui a fait de nombreuses recherches sur le folklore américain.
Les Noyeurs à travers le monde :
Qu'est-ce qu'un Noyeur (ou une Noyeuse) ? Et bien pour faire simple : le mot Noyeur désigne l'ensemble des Élémentaires qui vivent dans les rivières, plans d'eau, sources, puits, citernes, canaux,... et dont le passe-temps principal est de saisir les enfants - et adultes - imprudents pour les noyer (et parfois les dévorer).
Pour attirer leurs victimes, certains se servent de leurs bras décharnés, d'autres d'un énorme crochet (Pépé Crochet par exemple) et d'autres encore usent de leurs charmes ou font appel à un aspect enchanteur - mais illusoire.
Les Noyeurs servent bien souvent de Croque-Mitaines pour éloigner les enfants des points d'eau dangereux.
On peut retrouver une grande variété de Noyeurs dans l'Europe, les Pays de l'Est, l'Australie (personnellement, je ne considère pas le Bunyip comme un Noyeur vu que ce dernier dévore ses proies sans leur remplir les poumons de flotte) et même la Jamaïque.
Plutôt que de vous balancer une liste interminable de noms sans vraiment expliquer de quoi il s'agit, je vais à la place vous décortiquer - plus ou moins en détail - certains des Noyeurs les plus mémorables ou singuliers (je resterai vague pour certains, afin de les décortiquer plus en détail dans d'autres articles). Commençons donc avec...
Informations complémentaires :
- Le Bunyip est une créature originaire de la mythologie aborigène d'Australie. Censé vivre dans les marais, le lit des rivières et les trous d'eaux. Les descriptions à son sujet sont souvent vagues (ou farfelues) mais on pense qu'il ressemblait à un hybride de crocodile, de chien, de cheval et de morse (je vous laisse imaginer le résultat)...
Bloody Bones :
Bloody Bones ("Os-Sanglants") est un Croque Mitaine sinistre que l'on connaît également sous les noms de : Rawhead ("Tête-Crue"), Bloody-Bones ou Tommy Rawhead.
Bloody Bones en personne (selon Verreauxi Aquilae).
Selon John Locke, Bloody Bones était employé "pour terrifier les enfants et les garder sous-contrôle."
Les histoires à son sujet proviennent à l'origine de Grande-Bretagne (principalement du Lancashire et du Yorkshire) puis se sont progressivement répandues en Amérique du Nord et dans la partie sud des États-Unis.
Selon la folkloriste Theresa Bane, Bloody Bones serait l'équivalent masculin de Jenny Greenteeth (peut-être même l'ancêtre vu son ancienneté). Cette hypothèse n'est pas à exclure étant donné qu'ils ont les mêmes habitudes, sont tous les deux décharnés et vivent plus ou moins sur le même "terrain de chasse".
L'une des premières apparitions de cette créature dans les écrits remonte à 1550 (c'est dire s'il est vieux) où on lui donnait les noms d'Hobgoblin, Rawhead et Bloody Bones.
Cet Élémentaire décharné vît la plupart du temps près des étangs mais, selon Ruth Tongue, le folklore du Somerset lui prête d'autres habitudes :
"...lived in a dark cupboard, usually under the stairs. If you were heroic enough to peep through a crack you would get a glimpse of the dreadful, crouching creature, with blood running down his face, seated waiting on a pile of raw bones that had belonged to children who told lies or said bad words."
- Ruth Tongue.
Une version plus massive de Tommy Rawhead provenant de la série de comics indépendants intitulée : "Courtney Crumrin". L'illustration est de Ted Naifeh mais les couleurs ont été ajoutées par K. Daryl Wesselman.
Pour les anglophobes, voici la traduction approximative :
"...Il vit dans une sombre armoire, souvent sous les escaliers. Si vous êtes assez braves pour jeter un coup d'oeil par un interstice entre les planches, vous aurez un aperçu de l'affreuse créature tapie derrière : un être dont le visage est maculé de sang, qui patiente assis sur une pile d'os crus ayant appartenu aux enfants qui ont proféré des mensonges ou dit des gros mots."
- Ruth Tongue.
Informations complémentaires :
- John Locke est un philosophe anglais du XVIIème siècle et un des précurseurs du Mouvement des Lumières (un courant de pensée culturel, littéraire et philosophique qui avait pour base de s'engager contre l'oppression religieuse et politique afin d'oeuvrer pour le progrès du monde).
- Theresa Bane est une auteur américaine spécialisée dans les mythes sur les Vampires. Sa particularité est qu'elle tente de montrer la différence entre la mythologie traditionnelle et la fiction d'horreur.
- Les Hobgoblins sont - selon certains - l'équivalent maléfique de l'Élémentaire domestique anglais bien connu, à savoir : le Goblin (qu'on associe parfois avec le Gobelin français). D'autres voient les Hobgoblins comme des créatures amicales mais facétieuses. On les décrit souvent comme de petits êtres velus.
Fossegrimen :
Le Fossegrimen (appelé aussi : Grim, Fossegrim, Näcken ou Strömkarlen) est un Élémentaire norvégien des eaux faisant partie de la grande famille des Trolls (je vous conseille de lire l'article à ce sujet, vous trouverez quelques informations sur lui dans le texte).
Un Fossegrimen (par Birgitte Gustavsen).
Associées aux rivières et cascades, ces créatures - d'une beauté surnaturelle - exclusivement de genre masculin jouent une musique enchanteresse afin d'attirer les inconscients sous les eaux. Cependant, si le Fossegrimen est correctement approché, il daignera apprendre à un musicien à jouer si divinement, que les arbres s'arrêteront de danser et les chutes d'eau de couler dès que se feront entendre les premières notes de cette mélopée.
Grindylow :
"Don't go too close to the water, or the Grindylow will put you under and have you for supper !"
Traduction :
"Ne va pas trop près de l'eau, sinon la Grindylow t'attrapera et t'aura pour dîner !"
Élémentaire aquatique considérée par certains comme exclusivement féminine (sans certitude), la Grindylow - ou Grundylow - hante les bassins et marais du Lancashire et du Yorkshire.
La Grindylow par Riikozor.
Membre de la grande famille des Hags et proche parente de Jenny Greenteeth et Peg Powler, la Grindylow a - comme ses cousines - la fâcheuse tendance à saisir les enfants entre ses longs bras histoire de leur faire boire le bouillon.
Le nom de cette créature (qui n'est peut-être pas unique) paraît fortement lié à celui de Grendel - une sorte de Troll aquatique (un Havtrold) -, la créature que le héros Beowulf affronte dans le poème du même nom (un texte épique de la littérature anglo-saxonne, composé entre le VIIème siècle et le premier millénaire).
Il n'y a pas que dans cette épopée que le mot Grendel est employé, puisqu'en vieil anglais (Old English) ce terme était lié aux marais et lacs. On peut d'ailleurs encore en trouver la trace dans d'anciennes chartes.
De nos jours, la Grindylow sert surtout de Croque-Mitaine pour effrayer les enfants et les empêcher de trop s'approcher des marais, sources et bassins jugés trop dangereux par leurs parents.
Une version très particulière de cette créature (par Caleb Chapman).
Informations complémentaires :
- L'Old English était la langue parlée par les Anglo-Saxons du Vème siècle jusqu'au XIIème. On pense que cette langue s'est modifiée avec l'arrivée des Normands (en 1066) qui auront une influence culturelle considérable sur cet ancien parler... qui deviendra au fil des siècles l'anglais que le peuple d'Albion parle aujourd'hui.
Groac'h :
Pour faire bref, les Groac'h sont des Élémentaires (membres également de la famille des Hags) d'eau originaires du folklore de Basse-Bretagne.
On dit qu'elles vivent principalement sous les étangs et les lacs. La plus connue est la Groac'h de l'Ile de Lok dont on peut trouver le conte dans : "Le Foyer Breton" d'Émile Souvestre.
Pour vous résumer rapidement l'histoire (je compte garder la version longue pour plus tard) : la Groac'h était une Fée "malfaisante" qui croulait sous les trésors et résidait sur l'Ile de Lok. Malgré les promesses de richesses faciles, personne n'avait pu revenir de l'île vu que la créature prenait un malin plaisir à charmer ses invités par sa beauté illusoire pour ensuite les changer en poissons...
Ce petit jeu aurait pu encore durer longtemps jusqu'au jour où (et le reste de l'histoire sera pour une prochaine fois)...
Les Groac'h sont similaires à leurs cousines niveau aspect (pas spécialement ce qui se fait de mieux pour ce qui est des canons de beauté du moment) mais elles peuvent faire appel à leurs pouvoirs d'illusion pour charmer leurs victimes...
À ce sujet, Philippe le Stum ajoute que le mot breton : "Groac'h" désignait à l'origine toutes les Fées (tous les Élémentaires) mais qu'au fil du temps le mot a évolué pour parler d'une vieille créature à la beauté factice (ou trompeuse)... Si ce n'est pas de la diabolisation, ça y ressemble furieusement.
Représentation de la Groac'h (par Andrew L. Paciorek).
Et je m'arrête là dans la description de ces créatures (si j'en dis trop vous n'aurez plus rien à vous mettre sous la dent pour la prochaine fois). J'ajouterai juste qu'il existe une foultitude d'autres Noyeurs en France : la Mère Engueule (de Bourgogne du Nord), dont on menaçait les enfants qui s'approchaient trop près des lavoirs, puits et cours d'eau, Les Martes du Berry, des Élémentaires qui habitent et protègent les cascades - et décrits comme étant : "des Esprits mâles et femelles... Elles courent courent, les cheveux flottants jusqu'aux talons, les seins pendants jusqu'à terre." ("Le Berry dans l'Oeuvre de George Sand") -, la Beuffenie (originaire - sauf erreur - de Bourgogne), une Hag qui semble personnifier l'hiver (ou tout autre désagrément) et dont les larges naseaux (selon Pierre Dubois) pouvaient projeter des jets de vapeur soporifique au ras de l'eau - dans certains villages une procession lui était dédiée : un homme vêtu de noir et déguisé en vieille femme échevelée marchait dans les rues accompagné d'une foule grimaçante, traînant des chaînes et autres produits métallurgiques tintinnabulants-,...
Dans "La Grande Encyclopédie des Fées et
Autres Petites Créatures", Pierre Dubois énonce un bon paquet de Noyeurs français (et d'ailleurs) - n'ayant pas d'autres sources au sujet de ces créatures, prenez comme toujours ces données avec des pincettes -, en voici un résumé de certains :
- Les Dames bourbonnaises, qui convient les jeunes rentrant du bal à danser avec elles avant d'aller leur faire boire la tasse.
- La Souillarde, qui s'amusait à happer ses victimes lorsqu'elles venaient à patauger trop longtemps dans son domaine aquatique.
- La Frisonne Geindresse (un nom qu'elle porte à merveille), qui était capable d'imiter le cris d'un enfant en train de se noyer en piaulant et en frappant l'eau de ses mains palmées pour hâter la venue d'un éventuel sauveteur (qu'elle remerciait probablement d'une formation accélérée sur l'exploration prolongée des fonds lacustres).
- Madeleine aux grands cheveux, qui avait la détestable habitude de guetter ses victimes dans les fosses à purin ou les mares bourbeuses (il sera difficile de laisser un "cadavre tout propre" après ça)...
Bref, on ne peut pas dire qu'on manque de Noyeurs et Noyeuses sur le territoire français.
Informations complémentaires :
- Charles Émile Souvestre était un avocat et journaliste du XIXème siècle qui était également écrivain à ses heures. On lui doit surtout une étude assez détaillée (sous forme de récits fictifs ou documentaires) des traditions et coutumes de la Bretagne.
- Philippe le Stum est le conservateur du Musée Départemental Breton de Quimper (il donne également des cours à l'Université de Bretagne Occidentale) et l'auteur de plusieurs ouvrages liés au folklore breton.
- Le Berry est une province française dont le passé historique est fort lié à la France de l'Ancien Régime (période historique qui se déroule pendant les deux siècles qui précèdent la Révolution Française - donc avant 1789).
Kappa :
Le Kappa ou Kawataro (littéralement : "Gosse de la Rivière") est un Yôkai japonais.
Pire que ses collègues occidentaux, ce Noyeur essaie d'entraîner les hommes (et même le bétail) dans l'eau pour ensuite... leur retirer les intestins en passant par le fondement (cette habitude assez glauque ne s'applique pas à tous les Kappas).
La Kappa ressemble à un hybride d'homme et de tortue de petite taille (celle d'un enfant bien que certains soient plus petits). Hormis son bec, la particularité la plus étrange du Kappa est que son crâne est creusé et rempli d'eau. Le liquide lui confère la force de cent hommes, mais s'il vient à s'assécher, il perd ses pouvoirs, dépérit et meurt.
Un Kappa peu sympathique (illustré par Allen Douglas).
On retrouve les Kappas dans les fleuves lacs et étangs du Japon. Il existe de nombreux Kappas uniques propres à chaque préfecture (division administrative territoriale). Je puis par exemple vous citer : Enkô, Fuchizaru, Gangi Kozô, Garappa (je vous détaillerai ces derniers dans un futur article),...
Si certains Kappas adorent faire des farces douteuses (voire mortelles), d'autres sont parfaitement civilisés (si l'on excepte leur odeur qui varie entre l'oeuf pourri et le poisson putréfié).
Informations complémentaires :
- Le terme Yôkai fait référence aux "phénomènes étranges". En bref, un Yôkai peut être un Esprit, un objet animé, un monstre, une divinité mineure,... tout ce qui est considéré comme inexplicable. Donc, toutes les créatures fantastiques ou mythiques des traditions japonaises (dont beaucoup font partie de la grande famille des Élémentaires).
Kelpie :
Le Kelpie est un Élémentaire écossais (et irlandais) qui prend souvent la forme d'un cheval (plus rarement celle d'un homme velu ou l'hybride d'un cheval et d'un homme) et réside dans les rivières et les lochs.
Le Kelpie selon DrunkenUnicorn (oui ça se traduit littéralement : "Licorne bourrée").
Tantôt malicieux, tantôt malfaisant, le Kelpie n'est pas à prendre à la légère. Son "jeu" favori consiste à approcher de sa victime pour qu'elle tente de le chevaucher. Une fois sa proie confortablement installée, le Kelpie galopera vers le point d'eau le plus proche pour noyer son cavalier (et parfois le dévorer).
En sus du Kelpie, il existe des variantes ou cousins de cet Élémentaire "farceur" : l'Échouise (dangereuse à approcher) et l'Algoine (pas grand chose à craindre de lui hormis un bain forcé et des vêtements mouillés).
Informations complémentaires :
- Le loch est un terme propre aux îles britanniques. Un loch peut aussi bien être un lac, un bras de mer, un fjord ou un estuaire.
Meuve :
Je dispose de très peu d'informations au sujet de cette créature (hormis une illustration de Brian Froud et quelques maigres données), donc excusez mon manque de précisions à son sujet.
Son aspect général (une sorte de Hag qui ouvre largement la gueule dans l'eau) suggère qu'il s'agit d'une Hag aquatique. Les écrits de Brian Froud le confirment d'ailleurs, vu qu'il semble que cette créature hante le fleuve Tees (tout comme Peg Powler).
Informations complémentaires :
- La Tees est un fleuve du comté de York (Yorkshire) de près de 137 km de long. Sa longueur lui vaut au passage d'être considérée comme le 19ème plus long fleuve d'Angleterre (le premier étant la Severn qui fait 354 km de long).
Nixe :
Issus principalement de la mythologie germanique, les Nix et les Nixes (le premier nom désigne les membres masculins et le second ceux de sexe féminin) sont des Élémentaires d'eau qui sont capables de changer de forme (des Métamorphes) - plusieurs Élémentaires (et même un Dragon aquatique) sont considérés comme des Nixes (ou Neckers en anglais).
La plupart du temps, ces créatures apparaissent sous une forme humaine fort attrayante (si vous aimez les cheveux d'une teinte vert-algue) mais certains préfèrent prendre des aspects plus insolites - le Bäckahästen scandinave (probablement un cousin du Kelpie) apprécie plus volontiers de se changer en cheval.
Un Nix en train de donner des leçons de natation (illustration de Raymond E Gaustadnes).
Certains Nix et Nixes ont des appétits sexuels assez développés (dont les humains font souvent les frais) et peuvent se montrer cruels voire dangereux, d'autres au contraire, seront inoffensifs et amicaux.
Les plus malfaisantes de ces créatures tenteront d'attirer leurs victimes pour les noyer dans les eaux stagnantes qui leur servent de repaire pendant que d'autres précipiteront les voyageurs du haut des falaises.
Une autre particularité des Nix (et Nixes) est qu'ils apprécient la danse et la musique. Surprendre ces créatures en train de danser est un présage de mort selon Karl Grün.
Informations complémentaires :
- Karl Grün (ou Ernst von der Heide) était un journaliste allemand du XIXème siècle qui était également théoricien politique à ses heures. Il fut une figure importante de la révolution de 1848 (la révolution de mars).
- La révolution de mars désigne l'ensemble des "troubles" qui ont éclaté au sein de la Confédération germanique - regroupement de pays (une bonne partie de ces derniers sont germanophones) dont les limites territoriales sont proches de celles du vieil empire germanique. Les évènements qui déclenchèrent cette période troublée furent une forte censure au sein du territoire mais également l'essor de la Révolution Industrielle qui provoqua l'appauvrissement des artisans et l'aggravation des problèmes sociaux.
Peg Powler :
Encore une fois il s'agit d'une cousine de Jenny. Cette dernière hante le Nord de l'Angleterre. On la retrouve principalement dans la Tees, un fleuve du Yorkshire.
Côté physique, rien de nouveau : aspect général d'une Hag, peau verdâtre, longs cheveux verts, sans oublier les éternelles quenottes vertes et pointues (qui en disent long sur son régime alimentaire).
Peg Powler selon Russell Dickerson.
Pierre Dubois (le folkloriste français) lui ajoute au passage des gencives sanglantes, mais je suppose que c'est surtout dans le but de donner une petite touche dramatique supplémentaire au texte.
Du reste, elle s'amuse également à noyer les enfants et les personnes âgées (certains semblent souligner qu'elle s'attaque surtout aux enfants, en particulier ceux qui ont été méchants).
Pierre Dubois (oui, encore) précise qu'elle fait appel à un subterfuge différent de ses consoeurs : déposer sur les berges des jouets et rubans de dentelle afin d'attirer ses petites victimes pour qu'elle puisse plus aisément les saisir puis les dévorer (n'ayant aucune donnée supplémentaire pour infirmer ou confirmer cette information, je vous recommanderai de prendre cet ajout avec des gants).
River Mumma :
Issue du folklore jamaïcain, la River Mumma (appelée également : "Mère du fleuve") vît principalement à la source des grandes rivières de Jamaïque (une île de la mer des Caraïbes faisant partie des Antilles). Assise au sommet d'un rocher, elle peigne ses longs cheveux noirs de jais à l'aide d'un peigne d'or. Elle apparaît souvent sur le coup de midi mais disparaît à la vue de tous si elle se sent observée.
Si un intrus est assez brave (ou assez fou) pour tenter de la voir en premier et que ses yeux rencontrent ceux de cette créature, de funestes choses arriveront au malheureux...
Pépé Crochet :
Avant de parler des Pépés Crochet il faudrait peut-être expliquer plus en détail ce que sont les Pépés (qui n'ont pas grand chose à voir avec ce qui hante les maisons de retraite - que les anciens me pardonnent pour cette blague douteuse).
Originaires des Ardennes belges, les Pépés sont des Élémentaires assez communs dans la région, même s'ils sont bien moins connus que les Nutons ou les Macrales.
Selon Jean-Pierre Lambot, leur nom vient tout simplement du fait que les Pépés ressemblent à des vieillards de petite taille, ce qui fait qu'on les confond souvent avec les Nutons. La confusion est d'ailleurs facile vu que les deux créatures ont également un comportement fort similaire...
Si les Pépés sont des êtres serviables envers les personnes qu'ils estiment, ils peuvent se montrer fort mesquins (voire néfastes) avec ceux qu'ils méprisent...
Des Nutons selon Willy Dupont.
Les différences entre les Pépés et les Nutons sont "subtiles" mais forts simples : les Pépés sont plus sauvages et agressifs que leurs confrères et ils adorent faire moult blagues et facéties (parfois d'un goût douteux).
Le mode de vie des Pépés est également similaire à celui des Nutons puisque ces derniers vivent la plupart du temps dans des anfractuosités rocheuses, dans la demeure des hommes ou au moins dans les environs des habitations les plus proches. D'autres par contre préfèrent errer dans la lande en se terrant sous une pierre, dans la bruyère ou dans les joncs et les roseaux (s'ils sont proches d'un point d'eau).
Lorsqu'ils décident d'élire domicile dans une maison, ils prennent souvent leurs quartiers dans les recoins les plus sombres des caves, greniers et fenils. Loin d'être de paisibles voisins, ils guettent le moment opportun pour jouer un tour pendable aux habitants de la demeure. Si une porte claque, si un seau est renversé, c'est la faute des Pépés.
Il existe des Pépés uniques propres à certains villages ou hameaux. La Bièvre (commune de Belgique) par exemple abrite le Pépé Bossu, qui garde les propriétés, le Père Colas Noé, qui se cache sous une entaille rocheuse et le Pépé Tchézau, qui a élu domicile sous une énorme pierre (qui lui sert parfois de point d'observation).
Au final, les Pépés sont des Démons Familiers - pour en savoir plus à ce sujet, veuillez consulter l'article sur la Mandragore au chapitre intitulé : "Les Démons familiers (en bref)" - grognons, susceptibles et malicieux qu'il vaut mieux avoir dans la poche.
Si les Pépés vous semblent cruels, attendez de voir ce qu'il en est de leurs cousins aquatiques...
"Do bon timp po s' aler neyi
S' aler efagni o sankiss;
S' aler essanki o brôwiss;
Plonker dins les bolants såvlons;
Del Håye-ås-Bûs
S' aler forvôyi el Blantche Fagne;
Toumer dins l' frède êwe du l' Almache
Apici på Pépé Crotchet,
U l' Ome-å-Havet."
- Extrait d'un texte en wallon commun intitulé : "Broûheurs" (brume) et retranscrit par Lucien Mahin.
J'ai beau être originaire de la région, je ne suis pas assez expert pour traduire ce dialecte, fort heureusement la traduction - que voici - n'était pas loin :
"Du bon temps pour aller se noyer
Aller s'embourber dans le marécage
Aller s'enliser dans le bourbier
Plonger dans les sables mouvants
Du Bosquet-aux-Sources
Aller s'égarer dans le Haut Marais Blanc
Tomber dans l'eau froide de l'Almache
Saisi par un des Croque-mitaine des eaux,
Grand-Père-au-Crochet
ou l'Homme-à-la-fourche-recourbée."
- Traduction d'un texte en wallon commun intitulé : "Broûheurs" (brume) et retranscrit par Lucien Mahin.
Après avoir lu ce joli texte qui - j'en suis sûr - vous a mis en joie, nous avons déjà une idée plus précise de ce que sont les Pépés Crochets...
Une rencontre qui ne manque pas de piquant (par Hafiz Aziz)...
Appelés également Pépés Crotchèts (en wallon), ces Élémentaires d'eau belges hantent les rivières (l'Ourthe et la Semois), étangs ainsi que les puits.
Il semble au passage qu'il existe également des Pépés Crochet dans la commune française de Bellegarde - le fait que des immigrants Belges s'y soient installés ne doit pas y être étranger - ainsi qu'une créature nommée "Le Grapin", qui s'amuse à tirer les enfants qui se penchent trop près des puits du village de Fleurey-sur-Ouche (en France, à la Côte-d'Or).
En sus de son nom commun, Pépé Crochet possède une ribambelle d'autres "sobriquets" - qui varient suivant les contrées de Wallonie. On l'appelle Henri Crochet (Henri Cotchèt) à Noirefontaine, Jean Crochet (ou Jean des Crochets), l'homme au croc,... et il y en a probablement encore une foultitude d'autres.
S'approcher du bord de l'eau ou trop se pencher sur la margelle du puits est risqué pour les enfants. Tapi dans les ombres, un Pépé Crochet pourrait bien sauter sur l'occasion et saisir le marmot à l'aide de son énorme crochet en forme d'hameçon (la plupart des versions fait du Pépé Crochet un manchot qui a remplacé sa main par cet outil de torture pour poissons).
L'extrait suivant, tiré du livre intitulé : "Les Dialectes de Wallonie, tome 27", nous donne une légère variante du mythe de cette créature :
"Bête à crotchèt, personnage imaginaire qui était censé habiter les puits et y attirer les enfants avec le crochet qui lui tenait lieu de main."
- Roger Nicolas et Jean Lechanteur, Les Dialectes de Wallonie, tome 27.
Comme vous pouvez le constater, notre manchot a retrouvé l'usage de sa seconde main (ce qui n'est pas pour le plus grand bonheur de nos "chères têtes blondes").
Dans son "Encyclopaedia Vampirica" (une sorte d'encyclopédie sur tout ce qui concerne de près ou de loin les Vampires), Jean-Paul Ronecker nous donne des précisions intéressantes sur les moeurs des Pépés Crochet, voyez plutôt :
"Leur nom vient du crochet dont ils
usent pour tirer leur victime dans l'eau. Là, ils s'abreuvent de son
sang. "Ils aiment la vie chaude qui manque à leur froide nature
semblable à celle des poissons". Ils collectionnent les âmes
de leurs victimes, qu'ils emprisonnent dans des cruches mises à
l'envers : l'âme ne peut ainsi se libérer que si la cruche bascule."
- Jean-Paul Ronecker, Encyclopaedia Vampirica.
Pépé Crochet n'est évidemment pas le seul Noyeur en Belgique (ils sont également légion). On peut par exemple trouver : Mareye Crotchet (version féminine du Pépé, qui se sert plus de ses longs ongles), Madlinne-as-grands-tchveas (Madeleine aux longs cheveux) ou sainte Madeleine - qui noie les enfants qui s'approchent trop des rivières et canaux (on déconseille fortement d'approcher de ces endroits lors de la fête populaire de la sainte Madeleine qui se déroule le 22 juillet) -, la Grand-Mé aux Rouges Dés (la Grand-Mère aux Dents Rouges), les Macrales d'Aïe, dans la Province de Liège et bien d'autres encore,...
Si les Ardennes belges sont réputées pour leur accueil chaleureux, dites-vous que le Bon Peuple se met également en quatre pour laisser un souvenir impérissable aux touristes.
Une étrange créature crochue qui est peut-être légèrement basée sur le mythe des Pépés Crochet (illustration de Cory Trego-Erdner).
Informations complémentaires :
- Les Nutons sont des Élémentaires chtoniens de la Belgique et des Ardennes françaises dont le nom dérive probablement du mot "Lutin" (on suppose qu'il s'agit d'espèces cousines).
- Les Macrales sont des Hags originaires de la Wallonie qui seraient la cause de bien des maux (comme la venue de l'hiver). La caractéristique principale de ces entités est qu'elles sont capables de se changer en chien à chaînes.
- Le Wallon est à l'origine une langue d'oïl (langue romane qui s'est développée principalement dans la partie nord de la Gaule et dans le sud de la Belgique) dont il est difficile de trouver les origines avant 1600 (je suppose qu'il s'agît d'un mélange de latin, de celte et de germain, même si ce n'est qu'une supposition).
S'il est de notoriété publique que le Wallon est parlé en Belgique et en France, rares sont ceux qui savent qu'il est également employé dans le nord-est de l'état américain du Wisconsin.
Le terme Wallon est d'origine germanique ("Walh"). Les Germains l'employaient pour désigner les populations Celtes ou Gallo-romaines.
La Wallonie emploie encore (plus ou moins) 4 formes de dialectes qui dérivent du Wallon.
- Lucien Mahin est un vétérinaire belge qui, passionné par le wallon, s'est mis à traduire des bandes dessinées, publier des recueils de chansons et bien d'autres choses,... dans cette langue si particulière.
- "Bon Peuple" est une expression irlandaise qui désigne les Élémentaires. Ce terme "flatteur" permet principalement d'éviter de s'attirer leurs foudres.
Rusalka :
Issues de la mythologie slave, les Rusalkas (ou Roussalkis) sont des Élémentaires aquatiques qui vivent principalement dans les eaux douces.
Les Rusalkas sont des créatures exclusivement féminines. Elles apparaissent soit sous la forme de jeunes et belles jouvencelles, soit sous celle de femmes décrépies et repoussantes - les deux formes se caractérisent par une abondante chevelure verte ou rousse.
Sous leur forme gracile, ces créatures se servent de leurs longs cheveux pour voltiger de branche en branche dans les arbres. Sous leur forme plus... "brute", elles deviennent imposantes avec les seins qui pendent et elles brandissent un bâton crochu.
Une Rusalka en train de peigner ses longs cheveux (par Lichida).
Les Rusalkas naissent souvent par de tragiques évènements : des jeunes filles maudites par leurs parents, qui se suicident, se noient, s'égarent dans la forêt,...
Les Rusalkas peuvent se montrer dangereuses, surtout durant la semaine qui suit ou précède la fête de la trinité. On appelle cette période : "La semaine Roussalnaïa".
En d'autres occasions elles peuvent se montrer généreuses voire tomber amoureuses d'un beau jeune homme qu'elles prendront pour amant.
Si vous me trouvez assez peu précis sur cette Élémentaire, c'est normal. Je préfère ne pas trop m'épancher sur le sujet. Vous aurez tout le loisir de découvrir ces créatures dans un article plus complet, entièrement consacré aux Rusalkas.
Après vous avoir dévoilé une bonne partie des myriades de créatures qui composent la grande famille des Noyeurs, je vous propose de revenir à Jenny Greenteeth et de lire une partie d'une nouvelle (qui n'est plus de toute première jeunesse) qui nous donnera de précieux indices sur l'origine probable de cette Élémentaire.
Billy rencontre Jenny Greenteeth :
Tout le monde à Rehoboth connaissait le petit Billy o' Oliver o' Deaf Martha. C'était un chouette petit gars âgé de 8 ans, doté d'une grande imagination et d'un esprit très vif. Cependant, son idéalisme enfantin ne lui avait jusque-là guère permis de trouver de quoi se sustenter dans la maison de campagne sordide où il vivait. Mais lorsqu'il parcourait les collines il se sentait chez lui. Les ravins, les crevasses et les cascades qu'il découvrait formaient pour lui de véritables royaumes dignes du plus merveilleux conte de Fée.
Durant les mois d'été il roulait sa bosse dans les plantations ombragées, faisait voguer des bateaux de papier dans les tumultueux cours d'eau, se nourrissant de noix ainsi que de baies et paressant des heures durant sous les ombres des grands arbres. Il était l'un des rares enfants à ne guère prêter attention au cours de catéchisme. Il s'était d'ailleurs fait copieusement réprimander l'année passée par le surintendant pour avoir osé collecter des mûres pendant les heures "sacrées".
Quelques jours avant sa disparition lors des premières neiges, il avait entendu la légende de Jenny Greenteeth. La Fée qui hantait le défilé. Il avait appris - émerveillé - comment, durant l'été, elle faisait croître les fleurs et chanter les oiseaux, puis se cachait l'hiver venu dans une cavité rocheuse perchée sur une corniche et située près de la source Gin - on pouvait entendre glouglouter le mince filet d'eau qui s'échappait du côté rocailleux des gorges.
L'histoire avait de suite fasciné son jeune esprit qui voyait là une merveille digne des 1001 Nuits. Il rêva de cette histoire toute la nuit et se fit réprimander par ses maîtres le lendemain car il était sans cesse dans la lune - en train de songer à Jenny Greenteeth, dans sa retraite du défilé.
Jenny Greenteeth dans son antre (une illustration bien étrange créée par Ian Miller).
En ce jour d'automne marqué par les premières chutes de neige, l'enfant (qui profitait de sa demi-journée de congé), bien déterminé à explorer l'antre de la Fée, quitta la masure qui l'abritait pour aller nourrir la poésie qui faisait vibrer sa jeune âme.
Le vent du nord souffla sur ses haillons et s'insinua sous les coutures, mais l'enfant ne le sentait pas, l'excitation faisait battre son coeur et réchauffait sa maigre carcasse. Quand les premiers flocons tombèrent, il frappa dans ses mains avec une joie sauvage et s'amusa à imiter le cri des oies qui parcouraient les cieux.
Pauvre petit gars ! C'était dur pour lui de voir que les tables de ses amis croulaient sous des mets tous plus succulents les uns que les autres. Mais ces dures conditions de vie avaient tout de même quelques compensations. Sa maison était les landes et ses parents étaient la Nature. Il savait comment bondir par-dessus un ruisseau, capturer un oiseau, grimper aux arbres, créer un navire - de papier - et souvent, lorsque le pain se faisait rare, il complétait son repas avec des baies que l'on pouvait aisément trouver du côté des grandes collines.
Alors que le crépuscule tombait et que la neige commençait à tomber de manière plus drue , il pénétra dans la sombre gorge de Clough. Pour lui, les ténèbres insondables n'étaient pas un problème. Il observa les flocons qui tombaient du ciel et terminaient leur course folle dans les méandres du petit cours d'eau qui serpentait dans le coeur de Clough. Il s'amusa à rassembler cette floconneuse substance pour la presser entre ses doigts, former une sphère de glace imparfaite et la lancer au loin puis - pareil à un fin connaisseur de vin de la lointaine France - il ouvrit la bouche afin de savourer la délicieuse sensation de la neige qui fond entre les dents. Saisi par le grand froid, il frappait dans ses mains tout en les secouant afin de les réchauffer puis, dès qu'il trouvait un nouvel objet d'émerveillement, il replongeait aussitôt les mains dans la neige glacée.
Le crépuscule céda bientôt la place aux ténèbres et la neige continua de tomber plus drûment, immaculée et duveteuse, silencieuse et sublime. L'enfant tomba sous le charme et il ne tarda pas à se perdre dans l'immensité impalpable qui l'entourait comme un doux rideau à la blancheur éclatante. Lui-même était devenu aussi blanc que les arbustes qui couvraient le chemin qu'il parcourait. De temps en temps, il ôtait sa casquette pour la jeter au loin et riait en la voyant se faire progressivement recouvrir par la neige. Empli par la magie du moment, il grimpait les pentes du défilé et les dévalait aussitôt en se laissant glisser sur la neige.
Les ténèbres s'épaissirent et la nuit tomba enfin, mais, sous l'éclat de la lune, la neige des gorges s'illumina et les troncs des arbres prirent l'aspect d'antiques colonnes, à la semblance des piliers qui soutiennent la nef d'une cathédrale.
Est-ce que l'enfant allait rentrer chez lui ? Regagner son foyer, son lit ? Que nenni ! Il pensait seulement à Jenny Greenteeth, l'Elfe du défilé et de la source Gin où - selon les dires - elle était censée dormir.
Errant toujours dans le froid, Billy se rendit compte que le chemin devenait de plus en plus étroit et tortueux, tandis que sur les pentes, la neige continuait à s'amonceler, rendant sa progression plus pénible. Il continua malgré tout à avancer, baignant jusqu'aux genoux dans l'élément poudreux en trébuchant de temps à autre. Malgré cet obstacle, il demeurait imperturbable, ne voulant en aucun cas abandonner l'endroit merveilleux qui l'attendait au-delà.
Après un court moment, le défilé commença à former un coude qui déboucha sur un ravin profond où les eaux affleuraient paresseusement. Malgré ses précautions pour descendre, l'enfant trébucha et tomba dans les flots. Sonné par son immersion dans l'eau glacée, il tenta néanmoins de regagner la berge en luttant de toutes ses forces contre le courant... en vain. Entraîné malgré-lui, il dépassa un angle rocheux qui dissimulait à sa vue une grotte qui déboucha finalement au bassin de la source Gin.
Une ravissante (mais glaçante) grotte hivernale par Scott Kaser.
Encore secoué, il entendit le goutte à goutte de l'eau qui suintait du plafond pour atterrir sur le sol pierreux. Il était tombé sur l'une de ces petites cavités naturelles creusées par la lente érosion des flots. Il regarda au-dessus de lui et il vit la fameuse cavité tant cherchée - le sol de la corniche était couvert de mousse et de neige - qui n'était rien d'autre que l'antre de Jenny Greenteeth qui la protégeait contre la blancheur glacée qui tombait au dehors. Épuisé par sa recherche mais heureux, il escalada la paroi rocheuse pour pénétrer dans sa demeure, mais la fatigue provoquée par le froid ferma ses petits yeux et il s'endormit et il rêva...
Fin du texte :
Histoire d'éviter que vous ne versiez une larmichette, je vous offre un résumé de la fin de la nouvelle.
Monsieur Penrose et Malachi (les enseignants du petit Billy) découvrent que l'enfant n'est pas revenu pour les cours de l'après-midi et ils pensent - à juste titre - qu'il est parti errer dans le défilé (c'est l'endroit où on le voit le plus souvent jouer).
Accompagnés du père du petiot (qui se nomme Oliver), lui-même secondé par le chien de la maison, ils finissent par trouver la grotte et ils pénètrent à l'intérieur éclairés chichement par une bougie. Ils découvrent une petite anfractuosité, qui avait dû être par le passé exploitée pour l'extraction de pierres.
Lorsqu'ils arrivent enfin à trouver l'enfant ce dernier pousse un cri d'effroi à cause des ombres grotesques et déformées que génère la lumière de la chandelle que brandit l'un des adultes. En entrapercevant l'intendant de son école, il lui demande d'une voix blanche :
- Êtes-vous Jenny Greenteeth ?
Celui-ci lui répond aussitôt :
- Non mon gars, je suis Monsieur Penrose.
D'un air boudeur Billy déclare :
- Ce n'est pas vous que je cherchais, je voulais voir la Fée...
Transi de froid, le garçon est descendu de la corniche et son père le prend dans ses bras et le serre contre son coeur.
Illustration de Gregbo Watson.
On ne peut pas dire que l'histoire se termine tragiquement pour une fois... Je précise que ce texte - rédigé à l'origine dans un anglais assez familier - est tiré de la nouvelle appelée : "The Snow Cradle" ("Le Berceau de Neige"), elle-même extraite de l'ouvrage intitulé : "Lancashire Idylls" (écrit en 1898 par Marshall Mather).Errant toujours dans le froid, Billy se rendit compte que le chemin devenait de plus en plus étroit et tortueux, tandis que sur les pentes, la neige continuait à s'amonceler, rendant sa progression plus pénible. Il continua malgré tout à avancer, baignant jusqu'aux genoux dans l'élément poudreux en trébuchant de temps à autre. Malgré cet obstacle, il demeurait imperturbable, ne voulant en aucun cas abandonner l'endroit merveilleux qui l'attendait au-delà.
Après un court moment, le défilé commença à former un coude qui déboucha sur un ravin profond où les eaux affleuraient paresseusement. Malgré ses précautions pour descendre, l'enfant trébucha et tomba dans les flots. Sonné par son immersion dans l'eau glacée, il tenta néanmoins de regagner la berge en luttant de toutes ses forces contre le courant... en vain. Entraîné malgré-lui, il dépassa un angle rocheux qui dissimulait à sa vue une grotte qui déboucha finalement au bassin de la source Gin.
Une ravissante (mais glaçante) grotte hivernale par Scott Kaser.
Encore secoué, il entendit le goutte à goutte de l'eau qui suintait du plafond pour atterrir sur le sol pierreux. Il était tombé sur l'une de ces petites cavités naturelles creusées par la lente érosion des flots. Il regarda au-dessus de lui et il vit la fameuse cavité tant cherchée - le sol de la corniche était couvert de mousse et de neige - qui n'était rien d'autre que l'antre de Jenny Greenteeth qui la protégeait contre la blancheur glacée qui tombait au dehors. Épuisé par sa recherche mais heureux, il escalada la paroi rocheuse pour pénétrer dans sa demeure, mais la fatigue provoquée par le froid ferma ses petits yeux et il s'endormit et il rêva...
Fin du texte :
Histoire d'éviter que vous ne versiez une larmichette, je vous offre un résumé de la fin de la nouvelle.
Monsieur Penrose et Malachi (les enseignants du petit Billy) découvrent que l'enfant n'est pas revenu pour les cours de l'après-midi et ils pensent - à juste titre - qu'il est parti errer dans le défilé (c'est l'endroit où on le voit le plus souvent jouer).
Accompagnés du père du petiot (qui se nomme Oliver), lui-même secondé par le chien de la maison, ils finissent par trouver la grotte et ils pénètrent à l'intérieur éclairés chichement par une bougie. Ils découvrent une petite anfractuosité, qui avait dû être par le passé exploitée pour l'extraction de pierres.
Lorsqu'ils arrivent enfin à trouver l'enfant ce dernier pousse un cri d'effroi à cause des ombres grotesques et déformées que génère la lumière de la chandelle que brandit l'un des adultes. En entrapercevant l'intendant de son école, il lui demande d'une voix blanche :
- Êtes-vous Jenny Greenteeth ?
Celui-ci lui répond aussitôt :
- Non mon gars, je suis Monsieur Penrose.
D'un air boudeur Billy déclare :
- Ce n'est pas vous que je cherchais, je voulais voir la Fée...
Transi de froid, le garçon est descendu de la corniche et son père le prend dans ses bras et le serre contre son coeur.
Illustration de Gregbo Watson.
J'ai traduit cette nouvelle le plus fidèlement possible en y ajoutant de temps en temps quelques petites touches personnelles ou en remaniant quelques termes et expressions qui sonnaient assez mal en français.
Prenez la peine de lire ce texte attentivement, plusieurs éléments devraient vous sauter aux yeux... Si vous n'avez pas trouvé ce qui cloche, je me ferai une joie de vous expliquer tout cela dans le chapitre qui va suivre.
Informations complémentaires :
- Les Mille et Une Nuits est un recueil de contes populaires écrits en arabe et - pour la plupart - originaires de la Perse et de l'Inde.
Couchés par écrit vers le XIIème siècle cet ouvrage est probablement bien plus ancien, vu qu'un texte arabe datant de l'an 987 mentionne l'existence d'un livre d'origine persane appelé : "Les Mille Contes".
Les origines de Jenny Greenteeth :
La première chose qui a dû vous frapper dans cette nouvelle est qu'il n'est à aucun moment fait mention du côté Croque-Mitaine de Jenny ou de son habitude de noyer les enfants (j'ai traduit le plus fidèlement possible ces passages, donc n'allez pas imaginer que je me suis amusé à les altérer).
L'enfant est prêt à braver les éléments déchaînés pour trouver l'antre de la créature et lorsqu'il est éveillé par l'intendant Penrose il est déçu de ne pas avoir rencontré l'Élémentaire.
N'allons pas imaginer pour autant que si vous croisez Jenny entre deux saules, elle va vous inviter à prendre le thé dans sa mare. L'auteur (dont je n'ai que trop peu d'informations malheureusement) connaissait peut-être une version plus ancienne - et moins cruelle - de cette créature que celle que nous connaissons aujourd'hui. Il est également possible que Mather ait été tenté d'adapter son texte pour mieux correspondre aux canons du romantisme britannique (consultez les informations complémentaires de ce chapitre pour en savoir plus à ce sujet), ce qui aura fait en sorte de remanier certains détails trop crus pour les lecteurs du genre.
L'autre élément marquant de ce texte (si l'on oublie le fait que l'auteur considère la créature comme une Élémentaire en l'appelant : "Fée") est plus subtil. Si vous avez attentivement décortiqué les autres créatures qui font partie de la famille des Noyeurs, vous avez dû remarquer que certaines caractéristiques revenaient assez souvent : les Noyeuses sont la plupart du temps apparentées aux Hags et certaines sont liées d'une manière ou d'une autre à l'hiver.
Dans le texte, Jenny Greenteeth est censée avoir une influence sur le cycle des saisons : elle fait croître les fleurs, chanter les oiseaux et se repose une fois l'hiver venu... bref, tout ce que doit faire toute déité du printemps ou du renouveau vernal qui se respecte.
Pourquoi Mather se serait amusé à coller un rôle si peu adapté à l'image que nous connaissons de Jenny ?
Et bien, pour faire simple, Jenny Greenteeth (ainsi que la plupart des Hags de l'Albion - ancien nom de la Grande-Bretagne) descendent d'une très ancienne créature - qui est elle-même la survivance d'une déesse celtique du printemps - : la Cailleach Bheare.
Sans trop entrer dans les détails (vous devinerez que je réserve une analyse plus poussée dans un autre article), la Cailleach Bheare - ou Storm Hag - est une vieille femme bleue et borgne de la mythologie écossaise et irlandaise, qui personnifie l'hiver (et les tempêtes hivernales).
Si l'on oublie le fait qu'elle a ses deux yeux, cette illustration représente assez fidèlement la Cailleach Bheare (créée par Firkraag81).
L'aspect peu engageant de la Cailleach est principalement dû à sa négligence.
Lorsqu'elle était une divinité du printemps, la Cailleach veillait sur les sources, fontaines et ruisseaux et elle s'acquittait de cette tâche - en sus des autres - comme elle le pouvait. Un jour, épuisée par son labeur, elle s'endormit au bord de la source de Ben Cruachan et finit par l'obstruer. Les conséquences ne tardèrent pas à pointer le bout de leur nez : des trombes d'eau déferlèrent depuis les hautes-terres pour se déverser dans les vallées - dévastant tout sur leur passage. lorsqu'elle s'éveilla, le spectacle de désolation qui s'offrit à ses yeux l'épouvanta à tel point que son coeur se changea en cristal et son corps en pierre.
Payant au prix fort sa négligence, la déesse printanière s'était changée en Hag des tempêtes...
Si la rocailleuse Cailleach Bheare est bien différente de l'aquatique Jenny Greenteeth, les petits éléments qui les relient entre-elles sont pourtant bien présents. Le rôle de Jenny dans ce texte ne semble donc plus si incongru finalement. Mather a peut-être voulu par ce texte honorer l'aspect "primitif" de cette Élémentaire ou tout au moins dévoiler une facette méconnue de cette créature.
Illustration de Jason Behnke.
Le mystère reste entier mais peut-être aurons-nous un jour le temps de creuser la question dans un article qui traitera de l'illustre Hag des Tempêtes. Je ne peux que l'espérer.
Informations complémentaires :
- Le romantisme est un courant culturel qui s'est développé en Allemagne puis en Angleterre vers le XVIIIème siècle pour se diffuser ensuite dans toute l'Europe au XIXème siècle. La caractéristique principale de ce mouvement est le désir de mettre en avant les émotions et les sentiments pour contrer la raison.
Le romantisme a porté un grand intérêt à l'histoire et aux mythes (jusque-là rien de bien méchant). Le problème est qu'ils ont déformé et remanié tout ce qui dérangeait pour refléter les idéaux de l'époque qu'ils défendaient (en faisant fi de ce qui était vrai ou non).
Avec le temps ces clichés sont devenus pour beaucoup la "vérité vraie" et les historiens, folkloristes et autres titres se terminant en "istes" soupirent lorsqu'ils tombent sur ces horreurs ancrées dans l'esprit des gens.
Pour vous donner quelques exemples de clichés mythiques : les Élémentaires représentés sous forme de graciles damoiselles papillonnantes, les Vampires endimanchés dans leurs tenues de soirée froufroutantes (soyons clairs : le mythe du Vampire n'a rien d'affriolant, certaines tombes des Pays de l'Est avec les squelettes aux dents arrachées ou les membres écrasés par de lourdes pierres le prouvent),...
Pour ce qui est des clichés historiques, rien de plus facile : la princesse médiévale fragile qui ne peut pas se défendre sans son fier chevalier - en guise de contrexemple : en 1217, Nicola de la Haye, la châtelaine de Lincoln, assiégée par des soldats français et devant guetter l'arrivée des secours en haut d'une tour, défendit le domaine avec férocité (on pense que la "demoiselle", qui allait sur ses 70 ans, a participé à la protection du château en balançant de lourds blocs de pierre sur l'ennemi) -, les casques à cornes nordiques (soyons sérieux, ça ne protège rien, ça offre une prise facile à l'ennemi et c'est très discutable esthétiquement parlant),...
La grande particularité du romantisme anglais était bien entendu son attrait pour tout ce qui était en rapport avec le Moyen-âge ou l'Antiquité Celte. Il est donc possible que le texte de Mather ait été "romantisé" pour convenir à un plus large public.
Conclusion :
La belle Jenny et ses cousins Noyeurs se voient souvent dépeints comme des monstres horribles aux moeurs sanglantes. Ils ne se montrent pourtant vraiment cruels et définitifs qu'en certaines occasions, autrement ils semblent tout à fait vivables le reste du temps (à quelques exceptions près).
Plutôt que de ne garder que leurs aspects négatifs, ne faut-il pas plutôt voir en eux des sortes de gardiens des flots qui sont là pour nous rappeler que la Nature se doit d'être respectée ? Ne sont-ils pas également un rappel de notre passé et de nos racines ?
Il me reste à espérer que cette longue épopée littéraire m'aura permis de vous faire apprécier (sinon respecter) ces étranges créatures que sont les Noyeurs.
Jenny est ses cousins hanteront les bassins, sources et rivières pour encore de longues années. Peut-être qu'une meilleure compréhension de ce qu'ils sont et de leur rôle vous évitera de prendre un bain forcé entre leurs longs bras... peut-être.
Plutôt que de terminer sur une note tragique, je préfère vous présenter cette illustration de Valerio Gòmez qui revisite le mythe de Jenny Greenteeth d'une manière assez... perturbante.
Annexes :
Littérature :
- Jenny Green Teeth est l'un des personnages principaux d'une des nouvelles du livre intitulé : "Jenny Green Teeth and Other Short Stories", écrit par Joel Hayward et sorti en 2003.
Pour ceux qui ont loupé un épisode (ou qui lisent en diagonale), ladite nouvelle est traduite plus haut dans le chapitre intitulé : "Jenny Green Teeth".
- Le recueil de poèmes "Lifeblood : A Book of Poems" (également de Joel Hayward) contient un texte intitulé : "Welsh Maiden" ("La Vierge Galloise"), dont le sujet principal est Jenny Greenteeth.
- "L'atmosphère pétillait. On chuchotait derrière des portes closes...
L'eau se mit à bouillonner, juste sous la rive. Elle n'y était pas très profonde - si Tiphaine avait voulu faire trempette, elle en aurait eu jusqu'aux genoux, pas d'avantage -, mais elle fut soudain plus verte, plus sombre et, d'une certaine façon, plus insondable...
La fillette recula de deux pas juste avant que de longs bras maigres jaillissent hors de l'eau et griffent follement la rive là où elle s'était tenue. L'espace d'un instant elle aperçut un visage émacié aux longues dents pointues, d'immenses yeux ronds et des cheveux verts dégouttants d'eau comme des plantes aquatiques, puis l'apparition replongea dans les profondeurs."
- Terry Pratchett, Les Ch'tits Hommes Libres - Un roman du Disque-Monde.
Comme le montre cet extrait, Terry Pratchett (l'illustre auteur de la série de romans de fantasy humoristique intitulée : "Les Annales du Disque-Monde") a donné un petit rôle à Jenny Greenteeth dans le premier tome des aventures de Tiphaine Patraque.
Tiphaine en train de sonner les cloches à Jenny Greenteeth (illustration de Sia-chan).
La seconde fois où Jenny croisera Tiphaine ne sera pas vraiment plaisante pour la créature... voyez plutôt :
"Tiphaine surveillait l'eau de près. Ne s'assombrissait-elle pas ? Ne verdissait-elle pas ? Étaient-ce seulement des plantes aquatiques là-dessous ? Et ces bulles, était-ce une truite qui rigolait ?
Non.
Elle jaillit de sa cachette en balancant sa poêle à frire comme une batte. Le monstre hurlant qui bondissait hors de l'eau percuta la poêle arrivant dans l'autre sens dans un tintement.
Un bon tintement au demeurant, celui qui s'accompagne du oiyoiyoioioioioioinnnnnggggggg, marque d'un tintement réussi.
L'être resta un instant figé sur place tandis que quelques dents et des bouts de plantes aquatiques retombaient à l'eau dans des éclaboussements, puis il s'affaisa lentement et sombra au milieu de grosses bulles."
- Terry Pratchett, Les Ch'tits Hommes Libres - Un roman du Disque-Monde.
Comme quoi, une bonne poêle à frire est parfois le meilleur des talismans (la preuve : dans le jeu Fable, l'artefact caché du jeu - qu'il faut déterrer après une longue chasse au trésor... - est une poêle à frire)...
Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur Tiphaine : cette fillette âgée de 9 ans décide de suivre la voie de sa mémé défunte en devenant Sorcière. Elle vivra des aventures palpitantes et sera accompagnée des turbulents Nac Mac Feegle (appelés aussi "Pictsies", ce sont de petits Élémentaires bleus et odorants vêtus de kilts qui adorent par-dessus tout picoler et se battre - ils abhorrent les hommes de loi et toute forme d'autorité et sont probablement basés sur le peuple Picte de l'ancienne Écosse, dans les Lowlands).
- "The Child Thief", une nouvelle de dark-fantasy écrite par Brom, et basée sur l'histoire de Peter Pan (le célèbre personnage de l'écrivain écossais : James Matthew Barrie) et les enfants perdus, offre une petite place pour une illustre Noyeuse.
Dans ce texte, qui prend la forme d'une sombre histoire qui s'articule autour du mythe d'Avalon (l' "Ile aux Pommes" légendaire) Ginny Greenteeth (appelée également "The Witch" dans l'histoire) y incarnera l'un des personnages.
Pour vous résumer le tout, l'histoire se déroule dans un Moyen-Âge fantastique où Peter, un enfant moitié humain moitié Élémentaire, est abandonné par ses parents dans les bois. Séduit par la fille de Ginny Greenteeth, Peter est amené en Avalon afin d'étancher la soif de sang de la Sorcière ("The Witch") qui n'a pas eu de tendre et jeune humain depuis longtemps.
Avalon est dans ce récit une terre de légendes où la plupart des Élémentaires (Trolls, Elfes, Pixies,...) prospèrent. Ce paradis est dirigé par Modron - la "Dame d'Avalon" -, Ginny Greenteeth et "Le Cornu" - qui je suppose est inspiré de Cernunnos le dieu celte.
Peter selon Razzfoe.
Je vous laisse découvrir le reste de l'histoire (sachez juste que sa base est une sorte de métaphore où les créatures sont les Natifs-Américains - Indiens d'Amérique - et les envahisseurs incarnent les colons européens et autres "joyeux drilles").
En guise de petit rajout (pour ceux que ça intéresse) : Gérald Brom est un auteur et illustrateur connu pour ses travaux (de style gothique) dans la fantasy. Pour ne citer que quelques-unes de ses créations les plus connues :
- Il a fait plusieurs artworks pour le jeu Doom II - un F.P.S. (First Person Shooter) où l'on incarne un space marine qui doit sauver le monde d'une invasion de Démons qui sont venus dans notre univers suite à des expériences sur la téléportation - et pour Diablo II et Diablo III - le jeu de rôle de Blizzard qui se déroule dans un monde de dark-fantasy ravagé par le Démon Diablo et ses frères.
- Dans le domaine littéraire, il a réalisé les couvertures des 6 tomes de la "Guerre de la Reine Araignée" - qui fait partie d'une longue série de romans liés à la série : "Les Royaumes Oubliés" -, la longue épopée d'un groupe de Drows (Elfes Noirs) qui cherchent à découvrir ce qui est arrivé à leur déesse tutélaire (Lolth).
- Niveau jeux de rôles, vous pouvez contempler ses illustrations réalisées pour Magic the Gathering, le célèbre jeux de cartes (la liste est trop longue pour les citer).
- Dans la nouvelle écrite par Trevor Baxendale : "Something In the Water" ("Quelque Chose Dans l'Eau"), une équipe d'investigation doit faire face à d'étranges apparitions dans les marécages du sud du Pays de Galles (il semble que les créatures de ce livre soient basées sur Jenny Greenteeth et d'autres Hags aquatiques).
Cette nouvelle est au passage liée à la série Torchwood - série télévisée de science-fiction britannique elle-même associée à la très connue émission : Doctor Who (si vous n'êtes pas anglophobe ou allergique à la s.f., je vous recommande chaudement de les regarder à l'occasion).
- Dans le tome 3 du comic Hellboy - un Démon aux cornes tronquées (et doté d'un massif bras en pierre) qui enquête sur des phénomènes paranormaux au B.P.R.D. - intitulé : "Le Cercueil Enchaîné", la nouvelle baptisée : "The Corpse" ("Le Cadavre") nous montre brièvement Jenny Greenteeth.
Dans cet épisode, le personnage de Mike Mignola est appelé en Irlande pour forcer un Changelin (un jeune Élémentaire mis à la place d'un bébé humain par ses semblables pour leurrer les parents) à rendre le bébé volé.
Obligé de parler, le Changelin lui révèle qu'il doit se rendre au carrefour à minuit sous l'arbre au pendu.
Là, il rencontre 3 Élémentaires qui transportent le cadavre de Tam o'Clannie de Killkarney afin de l'enterrer en sol chrétien, comme le voulait leur roi (Dagda). Les créatures acceptent de rendre le bébé si Hellboy se charge de trouver une tombe au cadavre avant que l'aube ne pointe son nez.
En chemin, Hellboy affrontera un énorme Gruagach (équivalent écossais du Démon Familier anglais appelé : "Brownie") aux traits porcins, libéré par Jenny Greenteeth (à la demande du Changelin qui souhaitait se venger de l'humiliation qui lui avait été infligée).
Au centre, Hellboy, à droite, Dagda (dieu majeur celto-irlandais) et à gauche, Jenny Greenteeth (illustration d'Andrew MacLean).
Pendant qu'Hellboy affrontera le colosse, Jenny en profitera pour chaparder (et boulotter) le bras du cadavre. Après la défaite du Gruagach, le corps pleurnichera après son membre perdu et Hellboy, excédé, plongera le récupérer (en flanquant une trempe à Jenny au passage).
- Vu le titre, la nouvelle pour enfants (écrite par John Bailey et Rose Quigley) : "Nellie Longarms will get you if you don't watch out" ("Nellie Longsbras t'attrapera si tu ne prends pas garde") a probablement été basée sur l'une des nombreuses Noyeuses qui peuplent l'Angleterre.
- Les Grindylows sont présents dans "The Scar" ("Les Scarifiés"), un roman qui marie fantasty et science-fiction - écrit accessoirement par China Miéville - qui prend place dans un monde étrange peuplé de créatures fantasques (hommes-cactus, hommes-langoustes, hommes-moustiques,...).
Les Noyeurs Anglais sont décrits comme étant des êtres humanoïdes avec une peau gris-verte tachetée, de larges yeux sombres, de longues dents et une queue pareille à celle d'une anguille en guise de jambes (vous noterez que cette description ressemble beaucoup à l'illustration de Riikozor que j'ai employée pour décrire les Grindylows).
Un Grindylow.
- Comme précisé dans le chapitre consacré à Bloody Bones (plus haut dans le texte), ce Croque-Mitaine est représenté dans la série de comics indépendants : "Courtney Crumrin" de Ted Naifeh.
Dans la série, Bloody Bones est décrit comme étant "le pire Gobelin qui ait jamais existé". Il apparaît sous la forme d'un gigantesque Hogobelin et est craint par tous les pratiquants des arcanes (principalement à cause de son immunité à la magie).
- La bande dessinée
franco-belge "Isabelle" – créée à l'origine par Yvan
Delporte, Raymond Macherot (scénario) et Willy Maltaite (dessin),
un illustre quatrième larron se joindra au groupe (André Franquin)
lorsque Macherot tombera malade, ajoutant à l'univers d' "Isabelle"
sa "cauchemagorique" touche personnelle qui fera le sel de
cette bande dessinée -, nous montre quelques subtiles allusions
(peut-être involontaires) au mythe de Jenny Greenteeth et des Sea
Hags.
- Le tome 4 – "L'Astragale De Cassiopée" -, la jeune Isabelle et Calendula (la compagne de l' "oncle" d'Isabelle, Hermès) voyagent dans les fonds marins à la recherche de l'oncle Hermès, envoûté par un sortilège. En chemin ils croiseront une foultitude de créatures étranges dont la Fée Carafon, qui n'est rien d'autre qu'une Sorcière juchée sur son balai qui fend les flots.
On retrouve ces Sorcières dans le tome 7 – "L'Envoûtement Du Népenthès" – où elles sont qualifiées de "Sorcières écailleuses".
- Dans le tome 6, "L'Etang Des Sorciers", Kalendula (l'ancêtre malfaisante et antédiluvienne de Calendula qui personnifie la Hag des contes de Fées) se retrouve attaquée par des moustiques (les "Haemagogus Chlorodermicans") qui l'obligent à plonger dans l'étang. Elle en ressort couverte de mousse et la peau verdâtre (les insectes sont les vecteurs de la "Verdache", une maladie qui colore définitivement la peau de la victime de leurs attentions en vert), ce qui fait fortement penser à notre chère Jenny.
Pour ceux et celles qui ne connaissent pas la série (que je vous recommande vivement), Isabelle est une jeune fille qui fera la rencontre de nombreuses créatures étranges aux côtés de son arrière-grand-oncle de la septième génération, Hermès et de sa ravissante compagne (aux cheveux verts) Calendula.
L'univers d' "Isabelle" est fascinant, empli de paysages oniriques et bourré de petits détails (créatures, objets insolites,...) glissés un peu partout dans les cases (ce qui vous obligera à ouvrir l'oeil).
- Le tome 4 – "L'Astragale De Cassiopée" -, la jeune Isabelle et Calendula (la compagne de l' "oncle" d'Isabelle, Hermès) voyagent dans les fonds marins à la recherche de l'oncle Hermès, envoûté par un sortilège. En chemin ils croiseront une foultitude de créatures étranges dont la Fée Carafon, qui n'est rien d'autre qu'une Sorcière juchée sur son balai qui fend les flots.
On retrouve ces Sorcières dans le tome 7 – "L'Envoûtement Du Népenthès" – où elles sont qualifiées de "Sorcières écailleuses".
- Dans le tome 6, "L'Etang Des Sorciers", Kalendula (l'ancêtre malfaisante et antédiluvienne de Calendula qui personnifie la Hag des contes de Fées) se retrouve attaquée par des moustiques (les "Haemagogus Chlorodermicans") qui l'obligent à plonger dans l'étang. Elle en ressort couverte de mousse et la peau verdâtre (les insectes sont les vecteurs de la "Verdache", une maladie qui colore définitivement la peau de la victime de leurs attentions en vert), ce qui fait fortement penser à notre chère Jenny.
Pour ceux et celles qui ne connaissent pas la série (que je vous recommande vivement), Isabelle est une jeune fille qui fera la rencontre de nombreuses créatures étranges aux côtés de son arrière-grand-oncle de la septième génération, Hermès et de sa ravissante compagne (aux cheveux verts) Calendula.
L'univers d' "Isabelle" est fascinant, empli de paysages oniriques et bourré de petits détails (créatures, objets insolites,...) glissés un peu partout dans les cases (ce qui vous obligera à ouvrir l'oeil).
- Dans le deuxième tome de la série de bande dessinée : "Le Sang du Dragon" ("La Pierre de Gaëldenn") - scénario de Jean-Luc Istin et dessins de Guy Michel -, le capitaine pirate Meriadec tente de gagner la tombe de "Dame Igilt" - une femme cupide qui tomba amoureuse d'un prince. Les deux tourtereaux ne purent consommer leur union tant la dot réclamée par le père du nobliau était exorbitante (à cause de la réputation d'Igilt qu'on surnommait : "la fiancée de la Mort"). Désespérée, elle se rendit à un galion maudit et se servit de la pierre de son père qui avait le pouvoir de révéler ce qui était invisible. Devant elle se trouvait un fabuleux trésor mais les Non-morts qui peuplaient la carcasse du navire la saisirent et la noyèrent. Au comble de l'affliction, le père l'enterra avec la pierre de Gaëldenn, dans une grotte où elle avait l'habitude de jouer étant enfant - afin de lui subtiliser la pierre.
Arrivés au coeur de la caverne (de sinistre réputation vu que beaucoup d'enfants y ont disparu), les pirates découvrent une île garnie d'un menhir et cernée par les eaux d'une source souterraine. Lorsqu'ils posent le pied sur l'îlot, "Dame Igilt" s'extirpe de l'eau - sous la forme d'une femme pourrissante dont la partie inférieure du corps est la queue d'un serpent (un peu comme une Vouivre celtique qui aurait dépassé la date de péremption). Après un bref combat, le capitaine ravit la pierre et décapite la Non-morte à l'aide de lames gravées de runes (je précise que sur terre, sa queue de serpent se change en jambes tout ce qu'il y a de plus humaines).
- Dans "Le Château de Cristal" - album de la série de bande dessinée : "Bob et Bobette", créée par le scénariste et dessinateur belge Willy Vandersteen -, nos héros visitent les Grottes de Han (en Belgique) et font la rencontre de Pépé Crochet (maudit par le chevalier de cristal, il est condamné à vivre sous l'eau).
Je signale au passage qu'en sus de Pépé Crochet, les Nutons sont mis à l'honneur dans cette bande dessinée.
- Jinny Greenteeth est le nom d'un des personnages de D.C. Comics (l'une des maisons d'édition de comics majeure aux États-Unis) apparu dans le cross-over de 2011 appelé : "Flahpoint".
"Wicked Jinny Greenteeth" - qui est une héroïne anglaise à la peau verte, aux cheveux et aux yeux blancs - n'apparaîtra que dans un seul comic : "The Canterbury Cricket" (vu qu'elle meurt à la fin du volume). Elle y fera équipe avec Godiva et Etrigan (un Démon qui est piégé dans le corps d'un homme) afin de libérer le Royaume-Uni du joug des Amazones.
- Dans un registre plus loufoque (ou grotesque), "Jenny Greenteeth" est une histoire pour enfants écrite par Mary Alice Downie.
Pourquoi grotesque ? Je vais vous résumer l'histoire et vous pourrez vous forger votre propre opinion sur la question...
Jenny était une vieille Sorcière d'eau solitaire qui vivait au lac Ontario (près de la ville de Toronto, en Amérique du Nord). Regrettant sa jeunesse perdue où elle enseignait aux enfants du coin la natation, elle se changea peu à peu en une horrible Hag verdâtre aux dents gluantes (donc évitez de regretter votre passé de peur de devenir ainsi).
Les tours qu'elle jouait aux enfants avait fait d'elle la terreur du voisinage et le maire ordonna bien vite sa capture. En vain, puisque les policiers et cadets étaient trop effrayés pour tenter de l'attraper.
Alors que tout semblait perdu, le jeune David Smith arriva en ville avec une arme secrète qui scella le destin de Jenny à jamais : du dentifrice (donc n'oubliez pas les enfants, si un Ogre de 3 mètres de haut menace de vous dévorer en vous soufflant au nez son haleine fétide, brossez lui les dents et je suis presque certain qu'il vous laissera partir en vous faisant un bisou sur la joue en prime)...
Bref, la malfaisance de Jenny venait de ses dents - autrefois éclatantes - qui étaient devenues verdâtres et couvertes d'une matière visqueuse.
Une fois les quenottes de la Hag proprettes, Jenny décida de changer en nattant ses cheveux en bataille, en souriant à tout le monde (les fabricants de dentifrice ont dû payer l'impression de son livre ou lui filer une provision à vie de pâte dentaire, c'est la seule chose qui pourrait expliquer l'envie de l'auteure d'écrire pareille histoire) et elle devint l'entraîneuse de l'équipe de natation de Toronto : les "Water Witches"...
Cette histoire - qui a (je suppose) pour but d'apprendre aux enfants l'hygiène buccale - est (à mon humble avis qui n'engage que ma personne) un véritable massacre du mythe de Jenny ! Loin de moi l'envie de m'emporter mais si l'idée de moderniser cette créature part d'un bon sentiment, le résultat est franchement aussi pertinent que de mettre le nez dans une ruche...
Les adaptations de mythes et contes au goût du jour ne sont pas toujours du meilleur goût (illustration de Richard-Pace)...
Si vous souhaitez lire une histoire avec une morale à vos enfants, prenez directement des contes populaires, ça vous évitera de passer un moment gênant avec votre rejeton (n'en déplaise à l'auteure de ce livre).
Jeux de Rôles :
- Le fait de vouloir traduire à sa façon le nom d'une créature donne parfois un résultat confus. Ainsi, dans le jeu de rôles "Donjons et Dragons" (qu'il n'est plus utile de présenter), les Hags se font appeler Guenaudes (nom d'origine : "Hags") et Tormantes (nom d'origine : "Night Hags").
Si les Tormantes sont liées aux Hags, les Guenaudes quant à elles sont rattachées à Jenny Greenteeth et aux autres Noyeuses anglaises.
En voici les descriptions :
"Créatures abominables dont la méchanceté n'a d'égale que la laideur, les Guenaudes sont les Sorcières des contes de fées.
Même si elles ourdissent parfois de néfastes complots afin d'accroître leur puissance personnelle, elles font généralement le mal par pur plaisir. Elles peuvent aussi mettre leurs maléfices et leur savoir obscur au service d'une entité plus malfaisante encore, mais sont rarement fidèles. Il y a de fortes chances pour qu'elles se retournent contre leur maître si elles voient l'occasion de s'en affranchir.
Même si les trois espèces de Guenaudes sont très différentes les unes des autres, elles ont de nombreux points communs. Elles ressemblent à de vieilles Sorcières voutées, mais sont extrêmement vives et fortes, malgré cette frêle apparence. Leur visage est creusé de rides profondes et une malice sans nom se lit dans leurs yeux. Leurs longs ongles sont davantage des griffes : acérés comme des rasoirs, ils sont plus solides que l'acier.
Annis :
La créature ressemble à une vieille femme humaine, mais elle est beaucoup trop grande. Elle a la peau bleu nuit et des cheveux noirs d'une grande saleté.
La terrifiante Annis est sans doute la plus redoutable des Guenaudes. Elle utilise couramment son pouvoir de déguisement pour prendre la forme d'une humaine de grande taille, ou encore d'une Géante ou d'une Ogresse.
Grande de près de 2,50 mètres, elle pèse environ 160 kilos.
Guenaude marine :
La créature ressemble à une vieille femme humaine. Sa peau jaunâtre est couverte de verrues et de pustules laissant en permanence échapper un pus écoeurant. Ses longs cheveux sales évoquent de l'algue pourrie.
Cette Guenaude est sans doute la plus laide de toutes. Elle vit en mer ou dans les lacs abritant une épaisse végétation sous-marine.
Une Guenaude marine a environ la même taille et le même poids qu'une femme humaine.
Guenaude verte :
La créature ressemble à une vieille femme humaine. Elle a le teint verdâtre et ses cheveux noirs emmêlés évoquent des lianes noueuses.
La Guenaude verte réside dans les marais désolés ou les forêts obscures."
- Donjons et Dragons, Manuel des Monstres Édition 3.5.
La Guenaude verte ("Green Hag") de D&D.
Je précise qu'Annis est inspirée de la célèbre Hag : Black Annis (dont nous aurons tout le temps de parler une prochaine fois).
La première apparition des Hags dans ce jeu de rôle date de 1975 (dans un supplément de règles).
La Guenaude marine (apparue en 1977) était décrite à l'origine comme vivant dans des antres couvertes de végétation où l'eau est peu profonde et haïssant tout ce qui est beau.
Le "Guide des Personnages Monstueux" (dont le titre d'origine est probablement : "Savage Species") permet d'incarner la Guenaude et la Guenaude marine en tant que personnages joueurs.
En 1994, une version Spectrale de ces trois créatures fera son apparition.
En sus de ces espèces, il existe une grande variété de Hags (Hag hurleuse, Hag des marais, Hag du brouillard,...) que je vous détaillerai probablement un jour prochain (comme précisé plus haut).
- Le fait de vouloir traduire à sa façon le nom d'une créature donne parfois un résultat confus. Ainsi, dans le jeu de rôles "Donjons et Dragons" (qu'il n'est plus utile de présenter), les Hags se font appeler Guenaudes (nom d'origine : "Hags") et Tormantes (nom d'origine : "Night Hags").
Si les Tormantes sont liées aux Hags, les Guenaudes quant à elles sont rattachées à Jenny Greenteeth et aux autres Noyeuses anglaises.
En voici les descriptions :
"Créatures abominables dont la méchanceté n'a d'égale que la laideur, les Guenaudes sont les Sorcières des contes de fées.
Même si elles ourdissent parfois de néfastes complots afin d'accroître leur puissance personnelle, elles font généralement le mal par pur plaisir. Elles peuvent aussi mettre leurs maléfices et leur savoir obscur au service d'une entité plus malfaisante encore, mais sont rarement fidèles. Il y a de fortes chances pour qu'elles se retournent contre leur maître si elles voient l'occasion de s'en affranchir.
Même si les trois espèces de Guenaudes sont très différentes les unes des autres, elles ont de nombreux points communs. Elles ressemblent à de vieilles Sorcières voutées, mais sont extrêmement vives et fortes, malgré cette frêle apparence. Leur visage est creusé de rides profondes et une malice sans nom se lit dans leurs yeux. Leurs longs ongles sont davantage des griffes : acérés comme des rasoirs, ils sont plus solides que l'acier.
Annis :
La créature ressemble à une vieille femme humaine, mais elle est beaucoup trop grande. Elle a la peau bleu nuit et des cheveux noirs d'une grande saleté.
La terrifiante Annis est sans doute la plus redoutable des Guenaudes. Elle utilise couramment son pouvoir de déguisement pour prendre la forme d'une humaine de grande taille, ou encore d'une Géante ou d'une Ogresse.
Grande de près de 2,50 mètres, elle pèse environ 160 kilos.
Guenaude marine :
La créature ressemble à une vieille femme humaine. Sa peau jaunâtre est couverte de verrues et de pustules laissant en permanence échapper un pus écoeurant. Ses longs cheveux sales évoquent de l'algue pourrie.
Cette Guenaude est sans doute la plus laide de toutes. Elle vit en mer ou dans les lacs abritant une épaisse végétation sous-marine.
Une Guenaude marine a environ la même taille et le même poids qu'une femme humaine.
Guenaude verte :
La créature ressemble à une vieille femme humaine. Elle a le teint verdâtre et ses cheveux noirs emmêlés évoquent des lianes noueuses.
La Guenaude verte réside dans les marais désolés ou les forêts obscures."
- Donjons et Dragons, Manuel des Monstres Édition 3.5.
La Guenaude verte ("Green Hag") de D&D.
Je précise qu'Annis est inspirée de la célèbre Hag : Black Annis (dont nous aurons tout le temps de parler une prochaine fois).
La première apparition des Hags dans ce jeu de rôle date de 1975 (dans un supplément de règles).
La Guenaude marine (apparue en 1977) était décrite à l'origine comme vivant dans des antres couvertes de végétation où l'eau est peu profonde et haïssant tout ce qui est beau.
Le "Guide des Personnages Monstueux" (dont le titre d'origine est probablement : "Savage Species") permet d'incarner la Guenaude et la Guenaude marine en tant que personnages joueurs.
En 1994, une version Spectrale de ces trois créatures fera son apparition.
En sus de ces espèces, il existe une grande variété de Hags (Hag hurleuse, Hag des marais, Hag du brouillard,...) que je vous détaillerai probablement un jour prochain (comme précisé plus haut).
- Le jeu de cartes Magic the Gathering a mis à l'honneur les Hags dans son extension nommée "Coucheciel" ("Eventide").
La "Mégère pisteuse" ("Stalker Hag"), le "Mage des haies mégère" ("Hag Hedge-Mage") et la "Mégère profanatrice" ("Desecrator Hag") sont bien entendu basées sur Jenny Greenteeth (et parfois sur les autres Hags).
La "Mégère pisteuse" de Dave Kendall.
- Pathfinder (un jeu de rôle qui se base sur l'édition 3.5 de Donjons et Dragons et l'enrichit) nous décrit les Grindylows comme tels :
"Cette créature disgracieuse a une grosse tête et de nombreuses dents. Elle ressemble à un Gobelin au-dessus de la ceinture et à une pieuvre en-dessous...
...Ces créatures féroces et violentes utilisent leurs lances pour chasser ou tout simplement pour piquer les choses qui crient et qui hurlent."
- Pathfinder, description du Grindylow.
- Une autre créature issue du jeu de rôles Donjons et Dragons ressemble plus ou moins à un croisement de Noyeur et de Non-mort, voyez plutôt :
"Ce cadavre animé est dégoulinant, comme s'il venait de sortir de l'eau. Près de lui, l'air est lourd et écoeurant, chargé de la puanteur de la tombe aqueuse du mort.
Les Noyeux ont perdu la vie dans les profondeurs aquatiques. La preuve de leur mort n'est plus à faire puisqu'elle imprègne leurs vêtements, leur corps et l'air qui les entoure.
Lorsqu'un navire disparaît corps et biens en mer, il n'est pas rare que certains marins deviennent des Noyeux. D'autres plus anciens, sont apparus lorsque leur île a été submergée sous les flots.
Le Noyeux mesure entre 1,65 m et 1,95 m pour un poids compris entre 60 et 105 kilos."
- Donjons et Dragons, Manuel des Monstres III.
- "La Nuit du Loup-Garou" ("The Curse of the Werewolf"), un livre de la série : "Défis Fantastiques" (elle-même issue des fameux :"Livres Dont Vous Êtes le Héros") vous fera affronter une bien étrange créature : un "Wyrd".
Illustration de Tanya Sangsnit.
À proximité d'un étang, vous entendez résonner un chant qui vous attire inexorablement vers le point d'eau. Sur place, vous plongez sans hésitation dans l'étang, guidé par une lumière verdâtre qui éclaire les roseaux et les algues vertes qui vous entourent.
Au centre de cette forêt de végétation aquatique se tiennent trois jeunes femmes d'une exquise beauté et à la longue chevelure verte : des "Filles des Noyés" (si ça ne vous fait pas penser au mythe de Jenny ou de la Rusalka, je ne sais pas ce qu'il vous faut).
Durant cette phase de jeu (où vous êtes sous l'eau), il vous sera demandé de tester votre Habilité - lancer deux dés à 6 faces pour voir si le résultat est supérieur ou inférieur au total d'Habilité de votre personnage (l'Habilité représente principalement votre efficacité dans le maniement des armes). Si vous échouez, vous ne pourrez résister au chant des créatures et vous danserez avec elles au fond de l'eau (du moins jusqu'à ce que vos poumons vous lâchent). Si vous réussissez le test, vous dégainerez votre épée, ce qui aura pour effet de faire fuir les créatures (dont le chant deviendra abominable).
Voulant reprendre votre souffle, vous gagnerez la surface mais une chose froide et gluante vous retiendra par la jambe : le Wyrd (une créature humanoïde au corps de poisson et de sangsue, dotée d'une tête aux yeux globuleux, garnie d'une bouche en ventouse rehaussée d'une couronne de dents tranchantes).
Si vous parvenez à vaincre la créature (avant que vos poumons et vous-même ne rendiez l'âme), vous aurez la possibilité de replonger dans l'étang à la recherche de trésors. Dans le fond du point d'eau (garni des squelettes des inconscients qui se sont laissés séduire par les "Filles des Noyés") vous découvrirez un petit paquet de pièces d'or qui complèteront à merveille votre collection.
- Dans la série de jeux : "The Witcher" (basée sur les romans de dark-fantasy de l'auteur Polonais Andrzej Sapkowsky), le Sorceleur Geralt de Riv devra affronter des brouettes de créatures agaçantes : les Noyeurs et les Noyadés.
"Les Noyeurs sont des fripouilles qui ont fini leur vie dans l’eau. Jetés à l’eau de leur vivant ou juste après leur mort. Ils se transforment en créatures vengeresses qui traquent les habitants des villages côtiers."
- The Witcher.
"On appelle communément les Noyeurs particulièrement forts et dangereux des Noyadés. Le commun des mortels ne voit aucune différence entre les Noyeurs et les Noyadés – il est tout aussi fatal de rencontrer les uns que les autres. On peut néanmoins supposer que les légendes les plus lugubres sur ces fripouilles noyées sont plus inspirées par les Noyadés que par les Noyeurs."
- The Witcher.
"Il arrive qu'une personne morte noyée revienne sous la forme d'un monstre pour hanter les vivants. Cette créature tourmentée est guidée par la soif de tuer. Sa méthode consiste à attirer sa victime sous la surface, à la déchiqueter avec ses griffes acérées pour ensuite la dévorer, tel un biscuit mouillé. Voilà ce qu'est un Noyeur. On les trouve surtout le long du Pontar car le fleuve, principale route commerciale jalonnée de nombreux villages, leur fournit tout ce dont ils ont besoin."
- The Witcher II : Assassins of Kings.
Artwork d'un Noyeur.
Vous croiserez ces créatures presque partout où il y a de l'eau, la preuve :
The Witcher :
- Dans l'Acte I (les "Faubourgs de Wyzima") de "The Witcher", vous pouvez trouver des Noyeurs près du "Village des Pêcheurs" et au "Vieux Moulin" - dans ce chapitre, il n'existe qu'un Noyadé - le Nadir - qui hante les abords du "Vieux Moulin". Le tuer permet de récupérer un trophée qu'il faudra donner au Chasseur du Roi.
- Si vous avez trouvé le nombre de Noyeurs conséquent à ce stade de l'aventure, soyez rassurés, dans l'Acte II il y en a presque partout ! (c'est à se demander s'ils ne poussent pas dans les abres ou les champs) Dans les "Égouts", sur la "Digue", le "Cimetière de Wyzima" et surtout dans les "Marais" (là c'est le festival des Noyeurs et Noyadés).
- Dans l'Acte III, rien de nouveau (on barbote toujours dans les "Marais" et les "Égouts").
- Acte IV, on prend des vacances au bord du lac. Si le décor change, les Noyeurs et Noyadés ne sont jamais loin (les "Bords du Lac", l' "Ile de l'Hirondelle Noire" et les abords du village d' "Eaux-Trouble" ont une bonne réserve de ces êtres). Vous devrez d'ailleurs mener une quête pour une Naïade et récupérer son collier de turquoises des griffes d'un Noyadé appelé "Zéphir" - un coupe-jarret célèbre en son temps qui, lors de son dernier vol, s'est enfui par les "Égouts". Trop chargé par son butin, il s'est noyé dans ce nid à bactéries et s'est transformé en Noyadé.
- l'Acte V vous fera passer par le "Cimetière des Marais", un lieu ou, "ô surprise", il y a une forte concentration de Noyeurs et Noyadés.
The Witcher II : Assassins of Kings :
- Dans ce second opus, Geralt rencontera à nouveau les Noyeurs et Noyadés sur son chemin.
Geralt de Riv face à un ce qui fut un Noyeur (illustration d'Afternoon63).
Pour ce qui est des Noyeurs, on croise ces derniers - encore une fois - assez souvent dans les zones "humides" du jeu - dans les "Donjons du Chateau de La Valette", dans les "Terres Sauvages de Flotsam" (près de la cascade ou du "Repaire des Bandits") et probablement près du "Site de l'Exécution de Sabrina Glevissig".
Les Noyadés (plus rares) eux peuvent être débusqués - de nuit - à proximité du "Repaire des Bandits" et du "Site de l'Exécution de Sabrina Glevissig".
Les Noyés sont des créatures humanoïdes jaunâtres (les membres quant à eux sont bleutés), au crâne proéminent, aux yeux globuleux - et vitreux -, aux mains palmées, le tout garni de griffes et de fines dents acérées (dans "Assassins of Kings" la couleur des Noyés tire plus sur le bleu que sur le jaune).
Les Noyadés sont l'exacte réplique des Noyeurs hormis qu'ils sont plus grands que ces derniers (le "Nadir" tout au moins) et que leur peau tire plus sur le mauve et le rose (dans la suite de "The Witcher", il semble que les Noyadés soient dotés de nageoires sur leurs avant-bras).
Ces créatures sont immunisées contre le poison et le saignement (étant mortes c'est logique au fond) mais elles craignent l'incinération, le renversement et les armes en argent. Vu que ces êtres chassent toujours en hordes, il est recommandé de les tuer avec le style de combat de groupe (qui inflige des dommages à tous vos adversaires lorsqu'un des membres de la bande prend un coup).
- "Naïade :
Le danger principal des marais réside dans la présence des créatures appelées Naïades. Ces choses vivantes sont bien souvent passives, elles restent tapies discrètement sur les berges et dans des endroits boueux, attendant que quelqu'un passe par hasard à proximité. Quand elles attaquent, leurs malheureuses victimes prennent leurs membres pour des branches et sont bientôt noyées... et dévorées.
Autrefois, ces magnifiques créatures étaient vénérées et des sacrifices étaient pratiqués en leur honneur. Les humains les ont à présent oubliées et elles sont devenues des prédatrices maléfiques tourmentant les hommes et les bêtes errantes."
- Castlevania, Lords of Shadow.
Artwork des Naïades de Castlevania, Lords of Shadow.
Avant toute chose, précisons que les Naïades sont une "sous-espèce" des Nymphes (Élémentaires aquatiques issues de la mythologie grecque) qui vivent dans les lacs, ruisseaux, sources, fontaines et cascades.
Dans Castlevania, Lords of Shadow, Gabriel Belmont croisera les Naïades dans "Les Marais de la Mort". Peu après un combat entre le héros et une tribu de Gobelins (sur le plan mythologique le terme Gobelin est complexe à expliquer vu qu'il regroupe souvent une grande variété de Démons familiers divers et variés), le dernier belliqueux adversaire se fera transpercer par une dague de jet lancée par Gabriel et en chutant dans le marais il sera happé par de longs membres décharnés verdâtres et hérissés d'ongles tranchants.
Passé la courte cinématique qui a introduit cette nouvelle menace, le héros devra s'embourber dans les marais en faisant attention à ne pas y demeurer trop longtemps et en surveillant les zones où l' "eau" est agitée par des remous.
Pour éviter de vous empêtrer dans les bras de ces créatures, rien de plus simple : lorsque l'eau est calme, vous pouvez passer, si le liquide est agité par des bulles, c'est le signe qu'il faut vous dépêcher de traverser la zone à risque, si l'onde est troublée par des cercles... c'est que vous vous y êtes pris trop tard et il y a de fortes chances pour que vous ayez droit à un "free-hug" assez déplaisant (vous aurez tout de même une chance de vous en sortir si vous réussissez à effectuer correctement le Q.T.E. qui apparaîtra dès que vous êtes agrippé).
Attaque de Naïades.
Note : le Q.T.E. ou Quick Time Event (appelé plus couramment : "action contextuelle") est une phase de jeu-vidéo qui démarre avec une cinématique où le joueur devra appuyer au bon moment (ou entrer correctement la séquence de boutons demandée) pour faire avancer la cinématique. Échouer lors de cette "épreuve" peut avoir des conséquences funestes pour votre personne ou tout au moins le pénaliser.
En voyant la description (plus haut) de la créature et l'aspect que les développeurs lui ont donné, il n'est pas dur de deviner que les Naïades de ce Castlevania sont un mélange entre la Nymphe et les Noyeurs apparentés à Jenny Greenteeth.
Films :
- Dans le film fantastique : "Legend" (de Ridley Scott), sorti en 1985, le personnage de Meg Mucklebones est clairement basé sur Jenny Greenteeth (présent dans un milieu marécageux et rempli de lentilles d'eau, le personnage ressemble à une Hag bossue à la peau verte et aux longs bras osseux).
Le héros de l'histoire, Jack, la rencontre dans un marais où elle jaillit de l'eau. Face à la créature (qui le complimente sur le fait qu'il soit un "tendre morceau"), Jack brandit un bouclier réfléchissant et tente de gagner du temps en la complimentant sur sa "beauté" (l'égout et les couleurs...).
Après une petite discussion en rapport avec le "charme angélique" de Meg, la ruse ne prend plus et elle arrache le bouclier du héros qui dans un réflexe désespéré sort sa lame du fourreau et occis la créature.
Meg Mucklebones par Jake Perez.
- Rawhead Rex, un petit film d'horreur britannique sorti en 1986 - dont le scénario est basé sur une nouvelle écrite par l'auteur et réalisateur Clive Baker - met en scène un père de famille américain nommé Howard Hallenbeck, qui sillonne l'Irlande avec sa famille afin d'étudier les monuments de la région.
Alors qu'il s'intéresse à une église qui aurait été bâtie sur un ancien site sacré (antérieur à la venue des Romains), un paysan tente d'abattre une sorte de menhir - il faut vraiment plisser les yeux pour voir que c'est un menhir - qui trônait dans son champ. Lorsqu'enfin l'antique monument tombe, Rawhead Rex est libéré de sa prison millénaire, libre d'aller à nouveau semer la terreur dans le pays.
Si le thème du film n'est pas ce qui se fait de pire (petite touche de culture Celte, lutte du bien contre le mal, le retour des cultes anciens,...) et si le scénario et l'ambiance sortent de l'ordinaire, ce n'est pas pour autant que Rawhead Rex est un chef-d'oeuvre...
Le souci principal du film (si l'on oublie les figurants qui ne sont pas toujours dans la peau de leur personnage) est le monstre en lui-même - dont le nom dérive probablement de Jimmy Rawhead le Croque-Mitaine... La créature est censée représenter un monstre énorme et menaçant mais on a juste l'impression de voir une armoire normande déguisée en Muppet et qui serait allée voir un concert de Kiss (je précise que je n'ai rien contre le hard-rock, que du contraire)... Tout ça pour dire que la plupart du temps le monstre ne fait pas peur, son côté cartoonesque le rend amusant, surtout quand il semble atteint de strabisme.
Mais dans l'ensemble, le film reste un bon divertissement qui change un peu la recette habituelle des films d'horreur de l'époque. Donc si l'occasion se présente, allez le voir.
Autre version de Meg Mucklebones (par James Harren).
Divers :
- Jenny Greenteeth est l'une des créatures animées les plus populaires dans la "Rumpus Mansion". Il s'agit d'une sorte de maison hantée (pas une vraie je vous rassure de suite) située dans le parc d'attraction : "Blackgang Chine" sur l'île de Wight.
Personnellement je n'ai pas encore eu l'occasion de la visiter, donc si vous allez y faire un tour un jour prochain, n'hésitez pas à me dire si vous l'avez trouvée.
Remerciements :
Pour la rédaction de ce texte, je remercie :
- La patience et l'aide de Nathalie Michaux pour m'avoir assisté dans la correction.
Idraemir
Après une rapide recherche, juste pour l'info, les racines de Duck-weed ne sont pas franchement grandes, et meme intriquées, je doute que cela puisse etre dangereux pour les enfants (a moins qu'ils soient très petits, ou très paniqués). A la limite, je peux concevoir qu'ils s'étouffent avec, par contre, dans le meme genre de plantes mais avec des racines plus longues, il y a ce qu'on appelle communément en français la "grenouillette", qui elle, peut effectivement etre une vraie crasse. ça ressemble beaucoup à la duck-weed mais un plus grand et avec des racines pouvant atteindre 50cm.
RépondreSupprimerHummm peut-être que ladite plante a été amalgamée avec les lentilles d'eau pour leur vague ressemblance (même si j'en doute un peu).
SupprimerSinon on peut aussi supposer qu'il existe une variante sauvage plus vigoureuse que celle qu'on connaît ou tout simplement que les faits à son sujet ont été exagérés (comme le mythe du loup mangeur d'homme).
Having read this I believed it was really enlightening.
RépondreSupprimerI appreciate you spending some time and energy
to put this informative article together. I once again find myself personally spending way too much time both reading and commenting.
But so what, it was still worthwhile!
Thank's for your comment. Have you been able to translate everything wihout difficulties ?
SupprimerI try my best to create a text as complete as possible (without becoming boring).
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