Vous avez là tous les ingrédients classiques pour former une bonne saga de fantasy (pour peu que vous sachiez écrire autrement qu'avec les pieds... je ne citerai personne...) et pourtant cette histoire est bien plus ancienne qu'il n'y parait. En effet, cette légende est tirée de la "Chanson des Nibelungen". Pour faire simple, il s'agit de la première "épopée" germanique (écrite en moyen haut-allemand). Couchée sur le parchemin entre 1190 et 1204 elle a permit de faire connaître sur le continent la légende des Nibelungen, récit déjà fort diffusé dans les pays scandinaves. Cette saga aurait été écrite selon les théories par un clerc (ou un membre de formation cléricale). Détail amusant et paradoxal à la fois, les épopées étaient à l'époque condamnées par l'église au même titre que les autres oeuvres profanes et qualifiées d'"unnütze wort" ("paroles inutiles"...).
Il ne faut pas oublier par-contre que cette légende est bien plus ancienne que sa version manuscrite. En effet, il semblerait que la légende des Nibelungen se soit transmise à travers les âges sous forme de chants épiques transmis oralement. Eginhart, le conseiller de Charlemagne (roi des Francs pour ceux qui n'ont pas écouté leurs cours d'histoire), fait mention d'un recueil d'anciens chants germaniques, dont il ne reste en Allemagne qu'un seul exemplaire : le Hilderbrandslied (le Chant de Hildebrand), qui daterait de la deuxième moitié du VIIIème siècle mais qui n'a été transcrit qu'entre 810 et 815. Il s'agit du plus ancien témoin conservé de la matière en Germanie.
Reproduction de ce qui est gravé sur le rocher de Ramsund. Lisez plus bas pour voir ce que signifient les divers éléments de cette scène.
Du côté nordique, le premier témoin des hauts-faits de Sigurd semble être le rocher de Ramsund (province de Södermanland en Suède). En effet, cet illustre caillou gravé d'inscriptions runiques datant du IXème siècle représente le serpent/Dragon Fafnir encerclant la scène (comme il est de coutume pour les monuments runiques de cette époque), le héros Sigurd plantant son épée dans le corps du Dragon, à l'extrême gauche, le corps de Regin décapité par Sigurd, au centre de la composition, l'arbre où les oiseaux mettent en garde Sigurd avec Grani attaché à son pied (de l'arbre) et sur la gauche Sigurd faisant rôtir le coeur du Dragon avant de se brûler le doigt.
En guise de dernière explication avant de rentrer dans le vif du sujet, il est à noter que l'adaptation de Wagner (nous reparlerons de lui plus tard) n'est pas vraiment la première en date. Au XVIème siècle, un poète de Nuremberg (Allemagne encore) écrit le : "Lied vom Hürnen Seyfried" ("le Chant de Siegfried à la peau cornée"), sans doute créé à partir de poèmes plus anciens. Ce chant servira également de base au maître chanteur Hans Sachs (1494 - 1576) pour sa tragédie de Siegfried à la peau cornée. En 1503 nous assistons à la mise en prose de cette oeuvre sous le nom de Volkbuch dont le plus ancien imprimé date de 1726. Bref il faudra un certain temps avant de parvenir à "Der Ring des Nibenlungen" (l'anneau des Nibelungen) de Wagner...
Version moderne de Fafnir par Jericho Benavente.
Bien maintenant que vous savez tout sur la couverture du livre, il serait temps de se pencher sur son contenu vite fait (je ne compte pas résumer la légende des Nibelungen au complet, mais plutôt m'attarder sur certains passages bien précis). Pour faire bref (ça me changera de l'habitude), la "Chanson des Nibelungen" retrace l'histoire de Siegfried (Sigurd en scandinave), prince détenteur du trésor des Nibelungen (qui pourrait se traduire par "ceux de la brume" ou "ceux du monde d'en bas". Il s'agirait dans les versions les plus connues de Nains. Petite anecdote sur le sujet d'ailleurs, j'ai pu découvrir au cours de mes recherches que les Nibelungen sur le plan historique étaient peut-être à mettre en relation avec le ville de Nivelles, située en Belgique dans le Brabant Wallon. Ce terme servait à désigner les Francs établis sur le Rhin, dans la région de Worms, après le départ des Burgondes). Ce dernier aidera le roi des Burgondes Gunther à conquérir la main de la fière Brunehilde, pour ensuite se marier avec la soeur du souverain : Kriemhild. Siegfried finira assassiné par le traître Hagen qui donnera lieu à une sanglante vengeance (sous la bannière de Kriemhild) et dont l'issue sera le massacre des Burgondes sur les rives du Danube.
Dans cette gigantesque saga germanique, nous allons principalement nous pencher sur une partie de la vie de Siegfried (à savoir le combat de Siegfried contre le Dragon Fafnir) et en faire le comparatif avec d'autres versions (sans oublier quelques extras pour aider à la compréhension globale). En guise de mise en bouche, nous allons surtout parler des origines de Fafnir et de celles de l'anneau des Nibelungen (pour cette partie je ferai de nouveau appel à l'"Edda" de Snorri). Maintenant que j'ai plus ou moins planté le décor, il ne vous reste plus qu'à attendre les acteurs de ce drame, de vous caler confortablement au fond de vos sièges et de vous délecter de la pièce qui va se jouer sous vos yeux.
Le tribut de la loutre :
Il y a de cela fort longtemps, les Ases (pour plus d'explications sur le sujet consultez les articles : Ragnarok ou le crépuscule des dieux et Nidhogg, fléau des Neuf Mondes) Odin (Wotan en germanique), Loki (Loge pour les germains) et Hoenir (dieu connu pour être un indécis et possédant de longues jambes il aurait conféré les cinq sens aux êtres humains mais son rôle varie selon les versions. Il est associé à Vili dont le nom pourrait signifier : "volonté") partirent pour explorer et découvrir le vaste monde. Ils arrivèrent à une rivière et en suivirent son cours jusqu'à une cascade ; près de la cascade se trouvait une loutre qui avait pris un saumon et était en train de le manger paresseusement. Loki (dieu de la ruse du feu et de la malice), toujours prêt à faire un mauvais coup, ramassa une pierre, la lança contre le pauvre animal et l'atteignit à la tête. Alors Loki se vanta de sa prise, déclarant qu'il avait eu une loutre et un saumon en un seul coup.
Passé ce "glorieux exploit", les Ases prirent le saumon et la loutre et les emportèrent avec eux. Peu après, ils arrivèrent à une ferme et y entrèrent. Le paysan qui habitait là s'appelait Hreidmar. C'était un homme d'une puissance supérieure et très versé dans la magie. Les Ases lui demandèrent l'hospitalité pour la nuit (le code de l'hospitalité nordique implique que tout voyageur vagabond a le droit de demander de la nourriture, des vêtements secs et un logement pour la nuit. Selon les moyens de ses hôtes il ne s'agira probablement que d'un brouet de légumes et d'un coin sec dans l'étable mais il n'aura pas à passer la nuit dehors dans le froid avec le ventre creux) ; ils lui dirent qu'ils avaient avec eux des provisions en quantité plus que suffisante, et ils lui montrèrent leur prise. Quand Hreidmar vit la loutre, ce dernier appela ses fils, Fafnir (oui oui vous avez bien lu) et Regin et leur dit que leur frère, Otr (personnification de la loutre), avait été tué tout en désignant les coupables. Le père et les fils se jetèrent sur les Ases, se saisirent d'eux, les lièrent et leur révélèrent que la loutre était en fait l'un des fils de Hreidmar. Les Ases offrirent de racheter leur vie en versant à Hreidmar autant d'argent qu'il le déciderait. Ils convinrent de cela et prêtèrent serment. Alors l'infortunée loutre fut écorchée (on sent que le père appréciait son fils pour lui faire un tel sort...), et, une fois l'infâme besogne accomplie, Hreidmar dit aux Ases de remplir la peau de son défunt fils avec de l'or rouge (ce genre d'indemnité pour des animaux tués illégalement sont bien attestées dans les coutumes juridiques et les littératures de plusieurs pays européens, notamment chez les peuples germaniques), puis de l'en recouvrir entièrement, au terme de quoi leur réconciliation serait obtenue.
Version chtonienne de Fafnir par Juan Arrabal Hernández.
La malédiction de l'anneau :
Tenu par son serment envers Hreidmar, Odin envoya Loki au Svartalfheim (monde des Alfars sombres ou Nains suivant les versions). Après un long voyage, Loki arriva chez le Nain qui s'appelle Andvari (son nom signifiant : le prudent, le protecteur de la vie ou le guetteur), ce dernier s'étant changé en poisson afin de se cacher dans les flots, Loki se mit de nouveau à exercer ses talents de pêcheur afin de le débusquer. Une fois capturé Loki exigea de lui comme rançon, tout l'or qu'il possédait dans son rocher (sa demeure je suppose). Contraint de négocier sa vie, le fier Nain livra tout l'or qu'il possédait : c'était une immense fortune ! Mais le Nain dissimula sous son bras un petit anneau d'or. Loki le vit et lui ordonna de lui livrer l'anneau. Le Nain le pria de pas lui prendre cet anneau, déclarant que, s'il le conservait, il pourrait faire renaître et fructifier sa fortune à partir de lui.
Malgré la juste demande du Nain, le coeur de Loki resta de glace et il lui déclara platement qu'il ne conserverait pas le moindre sou, puis il lui prit l'anneau et sortit. Alors le Nain proclama que cet objet provoquerait la mort de quiconque le posséderait . Loki répliqua que cette malédiction était à son goût (vu que l'anneau ferait partie de la rançon) et qu'il se ferait une joie de répéter le tout à celui qui recevrait l'anneau.
De retour de son voyage, Loki arriva chez Hreidmar et montra l'or à Odin. Quand celui-ci vit l'anneau, il le trouva beau, l'enleva du trésor et livra le reste de l'or à Hreidmar. Ce dernier remplit la peau de la loutre autant qu'il le put et, quand elle fut pleine, il la remit sur ses pattes (j'ai du mal à imaginer comment ils ont fait leur compte uniquement avec de l'or). Alors Odin s'avança et se mit en devoir de la recouvrir d'or; Quand il eut fini, il dit à Hreidmar de venir voir si la peau était entièrement recouverte. Hreidmar examina attentivement le tas, aperçut l'une de ses moustaches (de la loutre pas d'Odin) et dit qu'il fallait la recouvrir, faute de quoi la réconciliation ne pourrait être obtenue... Odin de mauvaise grâce sortit l'anneau, en recouvrit la moustache et déclara qu'ils s'étaient à présent acquittés du tribut de la loutre.
Une fois qu'Odin eut repris sa lance et Loki ses bottes, le maître des flammes (Loki) déclara ce qu'avait proclamé Andvari, à savoir que l'anneau et l'or (surnommé parfois le "métal des discordes") provoqueraient la mort de celui qui les posséderaient. Et ce fut ce qui se réalisa par la suite...
Le heaume d'effroi :
Peu de temps après le départ du trio divin, Hreidmar s'appropria alors le trésor à titre de compensation pour la perte de son fils, mais Fafnir et Regin en réclamèrent une part pour compenser la perte de leur frère. Hreidmar ne voulut point leur céder la moindre once d'or, aussi les deux frères prirent-ils le parti de commettre un parricide afin d'obtenir son or. Après cet acte "charitable", Regin réclama à Fafnir la moitié du trésor, mais Fafnir rétorqua qu'il ne fallait guère s'attendre à ce qu'il partageât puisque ce dernier avait tué son père par cupidité. Il enjoignit aussi à Regin de partir, faute de quoi il lui réserverait le même sort que leur infortuné paternel. Fafnir s'était justement coiffé du casque qui avait appartenu à Hreidmar et qui était appellé le "heaume d'effroi" (ou : Oegishjàlmr : "celui qui effraie"), car à sa vue, tous les êtres vivants sont saisis de frayeur. Il portait également au fourreau l'épée dont le nom est Hrotti (il semble que cette lame soit associée à Hrunting la légendaire lame d' Unferd où apparaît le légendaire Beowulf ou Bjowulf, le héros du poème épique anglo-saxon). Regin qui avait, lui, l'épée appelée Refil, s'enfuit au loin la peur au ventre. Sur ces entrefaites Fafnir partit pour la région des hauts plateaux de la Gnitaheid (selon un auteur islandais du XIIème siècle, l'endroit se situerait en Allemagne dans la région de Westphalie) et là, il établit son repère, se métamorphosant lentement en un gigantesque serpent (Dragon) pour enfin se coucher sur l'or.
Ulcéré de s'être fait subtiliser le magot par son terrifiant frère, Regin alla chez Hialprek (nom probablement emprunté aux langues germaniques), le roi de Thiod, pour entrer à son service en qualité de maître-forgeron. Les années passèrent et par d'habiles manipulations il fut chargé de faire l'éducation du jeune Sigurd (comme cité plus haut, Sigurd est le nom nordique du héros tandis que Siegfried est sa version continentale. Son nom pourrait signifier à la fois "héros" et "gardien"), fils de Sigmund (lui-même fils de Volsung et de Hiordis, la fille d'Eylimi. Vous avez ainsi de quoi jouer au jeu des 7 familles). Sigurd était déjà réputé pour être le plus éminent des princes guerriers, tant sous les rapports du lignage que sous celui de la force et de la bravoure.
Après avoir complété l'enseignement de son jeune protégé, Regin indiqua à Sigurd l'endroit où Fafnir était couché sur l'or et l'exhorta à aller conquérir ce trésor. Peu désireux de risquer sa peau dans cette entreprise, Sigurd hésita quelques instants mais, avec d'habiles paroles Regin sut le convaincre rapidement en lui faisant miroiter la gloire qu'il pourrait en retirer. Afin que Sigurd ne termine pas son héroïque carrière prématurément (le reléguant au rang de "steak carbonisé"), Regin forgea pour lui l'épée appelée Gram (traduisez : "courroucé", "hostile"), elle était si acérée que, quand Sigurd la plongea dans un cours d'eau, elle trancha en deux une bourre (une touffe de poils si vous préférez) de laine qui, poussée par le courant, venait de dériver sur son fil. Avec cette épée, Sigurd pourfendit ensuite l'enclume de Regin de part en part jusqu'au billot.
Le combat contre Fafnir :
Après cela, les deux compagnons allèrent sur les hauts plateaux de la Gnitaheid. Là Sigurd creusa une fosse sur le chemin qu'empruntait Fafnir et y prit position. Quand Fafnir, rampant en direction du lac, passa au-dessus de la fosse, Sigurd le transperça de son épée, et ce coup lui fût mortel. Alors Regin survint et déclara à Sigurd qu'il avait tué son frère et qu'en compensation (décidément...), il lui demandait d'arracher le coeur de Fafnir et de le faire rôtir sur le feu. Quant à lui, il s'étendit par terre, but le sang de Fafnir et s'allongea pour dormir. Lorsque Sigurd estima que le coeur qu'il était en train de rôtir était tout à fait cuit, il le tâta du doigt, se brûlant le doigt qu'il porta par réflexe à sa bouche. Au moment où le sang du coeur toucha sa langue, il se mit à comprendre le langage des oiseaux et saisit ce que disait les passereaux perchés dans les arbres.
Siegfried caché dans la fosse et perçant le ventre de Fafnir.
L'un d'entre eux proclamait :
"Là est assis Sigurd,
Aspergé de sang.
Le coeur de Fafnir,
Sur le feu, il fait rôtir.
Sage me semblerait
Le dilapidateur des anneaux
S'il mangeait l'étincelant
Muscle de vie."
Un autre chantait :
"Là est étendu Regin,
Méditant des plans.
Le garçon, il veut tromper,
Qui à lui s'est fié.
Dans sa fureur, il prépare
De perfides paroles.
Il veut venger son frère,
L'artisan des malheurs."
Alors Sigurd se dirigea vers l'endroit où Regin était étendu et le tua. Il alla ensuite rejoindre son cheval, qui s'appelait Grani et chevaucha jusqu'au repaire de Fafnir. Là, il s'empara du trésor fabuleux qui avait si longtemps servi de couche au Dragon et l'attacha au bât de Grani (le nom signifie littéralement "cheval"...). Puis, il enfourcha son cheval et se mit en route...
Pour ses versions alternatives autant prendre un Fafnir alternatif.
Siegfried et le Dragon (versions alternatives) :
Je peux parfaitement comprendre que le passage relatant le combat titanesque entre Fafnir et Siegfried a de quoi décevoir, c'est pourquoi je vais consigner ici même les différentes versions que j'ai pu rassembler de cette bataille avec les variantes et les détails comme toujours (sans oublier mes éternels commentaires acidulés entre parenthèses, petits veinards que vous êtes).
Version 01 :
Il arrive que Fafnir et Regin, rendus fous par le trésor de leur père, commirent l'irréparable : les deux frères assassinèrent leur géniteur et s'approprièrent son fabuleux magot. Caché au milieu des joyaux et des pièces d'or (le trésor semble avoir pris des proportions fabuleuses dans cette version), un anneau maudit attendait son heure...
Fafnir, plus vicieux que Regin, n'en resta pas là. Succombant à l'influence malfaisante de l'anneau, il s'empara de la totalité du trésor et l'entreposa au fond d'une grotte, devant laquelle il monta la garde nuit et jour. Un feu d'enfer brûlait dans les prunelles de Fafnir, tandis qu'il déambulait sans trouver le sommeil : personne, plus personne, ne s'approcherait de son trésor !
Lentement, inexorablement, le corps de Fafnir se métamorphosa (il semble que pour cette fois le heaume d'effroi soit hors de cause). Il lui poussa des griffes, de monstrueuses dagues de corne qui griffaient le sol et la pierre. Sa bouche se mua en une gueule allongée, ses dents poussèrent, se changèrent en sabres. Sa peau se couvrit d'écailles et des ailes membraneuses apparurent dans son dos à mesure que la folie dévorait son esprit nuit après nuit. Fafnir devint un terrible Dragon, le plus formidable de tous selon les dires de certains.
Combat épique entre nos deux compères, sculpture sur bois du XIIIème siècle.
La vengeance de Regin :
De son côté, Regin en dépit de toutes ses tentatives, n'approcha plus jamais le trésor que son frère lui avait subtilisé. Il s'en éloigna donc, la rancoeur le consumant et chercha sans relâche le moyen de se venger. Magicien réputé, forgeron surdoué, il forgea une épée si acérée (Gram), qu'elle était capable de percer le cuir du Dragon. Ne lui restait plus alors qu'à trouver un champion assez courageux pour affronter Fafnir.
Il découvrit ce dernier en la personne de Siegfried, un jeune homme élevé au château du roi (Jarl ?) Hjalprek. Regin Manoeuvra habilement et se fit engager comme précepteur du garçon. Dès lors, il n'eut de cesse de perfectionner Siegfried, de modeler son esprit et son caractère afin d'en faire un guerrier valeureux. Il lui enseigna l'art du combat et sut faire monter en lui le désir d'accomplir d'héroïques prouesses. Quand il le jugea prêt, il lui parla d'un trésor de légende, gardé par un monstre terrifiant.
Siegfried séduit à l'idée de relever un tel défi, le pressa d'en dire davantage. Pourtant, à l'écoute du nom de Fafnir, le jeune homme blêmit.
"- C'est un Dragon invincible, balbutia-t-il. J'ai entendu bien des choses à son sujet. personne n'est assez fou pour le défier...
- C'est faux ! S'emporta Regin. Tu peux le battre, tu es le meilleur des guerriers... Avec l'épée que je t'ai forgée, tu tueras Fafnir et hériteras de son trésor !"
Regin à force d'arguments, trouva les mots pour convaincre Siegfried. Bien entendu, il passa sous silence l'origine de Fafnir, ne dit pas un mot sur ses intentions de conserver le trésor, ni de se venger de son frère... L'oeil brillant à l'idée du combat, Siegfried se laissa guider vers le repaire du Dragon. Mais lorsqu'il découvrit le "monstre", son enthousiasme vacilla comme la flamme d'une bougie :
"- Tu m'as trompé ! Lança Siegfried à Regin."
Regin trouva à nouveau les mots pour convaincre son protégé tout en lui faisant "aimablement" remarquer qu'il était trop tard pour faire marche arrière.
La fin de Fafnir :
Siegfried s'avisa qu'il serait bien imprudent d'affronter Fafnir sans avoir au préalable étudié la créature et ses habitude. Il s'installa aux alentours de la caverne et prit tout son temps. Il ne tarda pas à découvrir que Fafnir quittait chaque jour son antre, pour un court moment, afin d'aller se désaltérer à une source proche. Siegfried sut en tirer avantage : il creusa un trou, s'y allongea et dissimula la cachette avec des branchages. Regin, avec tout le courage qu'on lui connaît, l'abandonna prudemment et partit à l'écart en attendant l'issue de la bataille.
Lorsque Fafnir revint, de son pas lourd qui faisait trembler la terre, il ne nota pas la présence du guerrier (les Dragons ont parfois le rhume des foins il faut croire...). Siegfried jaillit de sa cachette et planta sa lame dans le ventre du Dragon en y mettant toutes ses forces (peut-on vraiment appeler ça un exploit lorsqu'un combat se déroule d'une manière aussi peu "chevaleresque" ?). Fafnir fou de rage et de douleur, hurla à pleins poumons. L'épée magique de son adversaire avait percé ses flancs et s'était enfoncée profondément dans sa chair. Le Dragon eut un hoquet de surprise qui s'acheva dans un gargouillement puis, il s'affaissa, tandis que des flots de sang s'échappaient de sa queue. Stupéfait, il sentit que Siegfried retirait la lame, et comprit que le jeune homme portait une épée magique - l'acier normal rebondissait sur ses écailles épaisses, sans parvenir à les entamer...
Regin encouragea Siegfried à achever la bête. Ce faisant, il se montra au Dragon qui tressaillit de surprise. Siegfried exécuta Fafnir, qui mourut, non sans avoir eu le temps de s'adresser à son vainqueur :
"- Ainsi, Regin a décidé ma mort, murmura-t-il. N'aie crainte chevalier (un peu tôt pour la période des chevaliers il me semble...) : il sera aussi à l'origine de la tienne !"
Et le Dragon légendaire, fermant les yeux, rendit le dernier souffle aux pieds de son vainqueur.
Regin n'accorda pas à son champion le temps de se remettre de ses émotions :
"- Vite ! Ordonna-t-il. Arrache-lui le coeur. Mets-le à griller, je le mangerai."
Sitôt dit, il s'agenouilla et ; léchant la plaie se mit à boire le sang du Dragon. Siegfried préleva le coeur du monstre. Il le fit cuire mais se brûla. Portant la main à sa bouche, il avala sans y prendre garde un peu de sang de Fafnir. Pris de vertiges, il tituba et écarquilla les yeux en constatant un étrange phénomène : il comprenait à présent les oiseaux, il parlait leur langage, pouvait traduire leurs pépiements !
En tendant l'oreille, le guerrier apprit tout de l'histoire des deux frères. Il découvrit avec qu'elle fourberie Regin avait abusé de lui. Il sut que le mage avait décidé de le tuer et de garder pour lui le trésor du Dragon.
Les bavardages des oiseaux lui enseignèrent également que le sang de Fafnir, s'il s'y baignait, conférerait à sa peau la rudesse du cuir et le rendrait imperméable aux armes (d'où le nom de : "Siegfried à la peau cornée").
Siegfried en train de se baigner dans le sang de Fafnir par Shawn Dueck.
Siegfried fit payer sa trahison à Regin : il tua le mage. Ensuite, il mangea le coeur de Fafnir et se baigna dans le sang de l'infortunée créature. Hélas, sans qu'il ne s'en rendit compte, une feuille de tilleul s'était détachée et plaquée sur son dos. Le jeune homme se couvrit donc entièrement du sang ensorcelé, à l'exception de cet endroit, qui demeura vulnérable. Il s'empara du trésor, sans se douter une seconde qu'il contenait l'anneau maudit, puis reprit la route.
Voilà donc une première version plus "épique" et détaillée que la précédente, nous allons passer à une autre version où les éléments diffèrent, même si, l'histoire de base reste semblable dans les grandes lignes.
Version 02 :
Après une marche longue et pénible, le héros arriva enfin à l'entrée du pays des Nibelunge. C'est la que demeurait Schilbung et Niblung, rois des Nibelunge entourés de leurs vaillants guerriers. ils possédaient d'énormes richesses, de l'or et des pierreries, de l'or surtout, du bel or rouge, si rare et si précieux.
Mais le Dragon veillait et Siegfried, de sa voix puissante, le provoqua au combat.
La créature déroulant lentement ses anneaux, sortit de la montagne. Fafnir poussa un rugissement si terrible qu'il eût fait fuir épouvanté le plus hardi des combattants, mais Siegfried fit face fièrement face à son adversaire.
Il ne resta même pas à distance, il s'élança contre le Dragon et le terrible combat s'engagea. La gueule du Dragon vomissait des torrents de flammes ardentes, les anneaux de sa queue s'enroulaient autour du fils de Sieglinde. Mais le héros intrépide gagnait toujours plus de terrain. Il faisait tournoyer au-dessus de sa tête sa bonne épée dont la lame retombait en sifflant sur la croupe du Dragon. Jamais une épée d'acier bien trempé n'entama une cuirasse de guerrier avec autant de force que l'épée de Siegfried s'abattant sur les écailles de la créature draconique.
Le Dragon, furieux, continuait à lancer des flammes. Son haleine empoisonnée empestait l'air et Siegfried crut un moment qu'il allait défaillir. Mais il ne recula pas d'un pouce, son courage croissant avec le danger. Ses yeux lançaient des éclairs et, après une lutte terrible, il planta enfin son épée en plein coeur du "monstre".
Sigurd affrontant Fafnir par Sabine van Apeldoorn.
Version 03 :
Siegfried se forgea une épée et partit sans défiance afin de remplir la mission dont l'avait chargé son maître.
Comme il passe devant le rocher, le Dragon sort de son antre, s'élance furieux sur lui, ouvre son énorme gueule et s'apprête à le dévorer.
Mais Siegfried fait un bond de côté et, sans s'arrêter à de longues réflexions (il m'est souvent arrivé de réfléchir à de grandes questions philosophiques en présence d'un Dragon furieux en train de me charger...), il déracine le premier arbre qu'il trouve à portée de la main et le lance à la tête du Dragon. Celui-ci s'emmêle si bien dans les racines de l'arbre qu'il ne parvient pas à s'en dégager.
Siegfried, qui l'observe, en profite pour déraciner tous les arbres qui l'entourent et de le jeter sur la créature. Puis, sans perdre de temps, il court jusqu'à la hutte du charbonnier (j'ignorais que les charbonniers cohabitaient avec les Dragons...) pour chercher du feu. Alors, brandissant les tisons, il les lance sur les arbres afin d'y mettre le feu, consumant le Dragon dont les cris retentissent au loin dans la forêt (un Dragon associé au feu qui se consume dans un brasier de charbonnier, c'est assez humiliant...).
Siegfried trucidant son adversaire écailleux pour la énième fois (par Kate Pfeilschiefte).
Alors, sous les arbres en flammes, un ruisseau de graisse, la graisse du Dragon, se met à couler. Siegfried y trempe le doigt et quand la graisse est refroidie, son doigt est devenu aussi dur que de la corne.
Lorsqu'il s'en aperçut, en hâte il se dévêtit, et s'enduisit tout le corps de la graisse du Dragon. Mais tandis qu'il faisait ainsi, une feuille du tilleul sous lequel il se trouvait lui tomba par hasard sur le dos, juste entre les deux épaules. Et ce fut là le seul endroit de son corps qui resta vulnérable. A partir de ce moment le héros du Niederlant, Siegfried, fils de Siegmund et de la belle Sieglinde, fut appelé Siegfried l'Encorné, c'est à dire : à la peau aussi dure que de la corne.
Les deux versions présentées sortent assez des sentiers battus toutefois je ne suis pas certain de leur provenance donc elles sont à prendre avec les pincettes. Après-tout, tout auteur de saga épique peut ré-écrire cette histoire mais peu feront attention à chaque détail important qui donne tout le sens de l'histoire...
Version 04 :
La Thidrekssaga, écrite entre 1217 - 1263 sous le règne du roi Hakon IV, retrace l'histoire du roi Dietrich von Bern et de plusieurs illustres héros dont principalement Siegfried. Le roi Hakon IV de Norvège, était friand des exploits et de la noblesse des anciens germains aussi, il encouragea ses sujets à traduire plusieurs cycles et sagas dans l'espoir de montrer aux aristocrates de sa cour que ces glorieux ancêtres n'étaient pas contre le fait d'avoir un peu de respect et de modestie face à leur souverain (en bref on peut supposer que le bon roi était un peu méprisé par sa cour et dans un désir de reconquérir cette dernière, il a fait traduire et publier cet ouvrage)... A la différence des autres textes, ce dernier a eu la particularité d'être entièrement rédigé en prose. Il nous livre (pas en prose, je ne me sens pas vraiment l'âme d'un poète pour le moment) également une autre version du combat entre Siegfried et Fafnir que voici :
Sigurd, orphelin, est élevé par une biche qui l'allaite pendant douze mois avec ses propres petits. Puis, il est découvert dans la forêt par le forgeron Mimir (étrangement Mimir était également le nom du gardien de la source se trouvant sous Yggdrasil), qui l'élève comme son propre fils jusqu'à sa douzième année et lui donne le nom de Sigurd. Mimir, qui soudainement commence à craindre Sigurd, veut s'en débarrasser : il l'envoie dans la forêt où un Dragon doit le tuer (comme dans la tradition parallèle, le Dragon est le frère du forgeron), mais c'est la créature qui est abattue par le jeune garçon (on se demande comment...). Comme celui-ci a faim, il fait cuire dans une marmite des morceaux du Dragon. Il se brûle, porte la main à la bouche et comprend ce que deux oiseaux chantent au-dessus de lui. Il se rend compte ainsi qu'il doit absolument tuer Mimir pour empêcher ce dernier de le mettre à mort. Pris d'une soudaine inspiration, Sigurd s'enduit du sang du Dragon aussi loin qu'il peut tendre la main, sans pouvoir atteindre l'endroit entre ses deux épaules. Partout (sauf entre ses deux épaules) sa peau devient dure comme de la corne. Il rentre chez Mimir qui, pour calmer sa colère, lui donne heaume, bouclier et cuirasse et lui promet également un étalon de nom de Grane qu'il doit aller chercher dans le haras de Brunhild (ce nom vous dira quelque chose plus tard). Sigurd armé de pied en cap, brandit finalement son étincelante lame et tue Mimir (qu'elle noblesse...).
Version 05 :
Nous arrivons enfin à la dernière version de la lutte de Siegfried et du grand Wyrm. Il existe d'autres textes sur ce sujet mais ils ne diffèrent que par quelques détails, donc je ne ferai que citer les petites différences (sinon ça fera vraiment indigeste) après avoir décrit cette dernière épopée que je vous laisse découvrir ci-dessous :
Selon la mythologie germanique, quelques années après la mort de Siegmund, le dernier des rois guerriers Huns (ancien peuple normade Turc originaire de l'Asie centrale), sa veuve, la reine Sieglinde, la mère de Siegfried, épousa le roi Alf du Danemark.
Alf, qui était un brave homme, porta bientôt autant d'affection à Siegfried qu'à ses propres fils, peut-être d'avantage encore, car le jeune-homme était le seul qui eût l'envergure nécessaire pour devenir un vrai souverain. Mais, ironie du sort, il était également le seul à n'avoir aucune chance d'accéder au trône d'Alf.
Une autre personne s'intéressait vivement à Siegfried : le malfaisant Nain Regin (il semble que Regin écope du statut de Nain pour cette version) qui vivait depuis des années à la cour du roi, où il enseignait la lecture des runes et la science des herbes médicinales. Après mûre réflexion, Regin avait élaboré un plan pour se servir de Siegfried. En effet, le Nain savait qu'il pourrait devenir riche et puissant si le Dragon Fafnir était vaincu, et Siegfried, était le seul mortel de sa connaissance qui eût assez de courage pour oser affronter en duel un Dragon.
Un jour, avec une innocence savamment étudiée, Regin fit remarquer à Siegfried qu'il était vraiment navrant qu'un jeune-homme de sa qualité ne puisse espérer régner un jour. Bien-sûr, ajouta-t-il, Siegfried pouvait toujours conquérir la gloire comme un valeureux guerrier, à l'image de ses illustres ancêtres, par exemple en allant tuer un Dragon... Voyant que le jeune-homme paraissait intéressé, Regin poursuivi son laïus précisant que justement, le Dragon Fafnir vivait aux confins du royaume, sur une terre désolée appelée Gnitaheide, où il gardait un fabuleux trésor. Si Siegfried acceptait de le combattre, Regin s'engageait à l'accompagner et à le faire profiter de ses judicieux conseils.
A cette fin, par ailleurs, il promit de faire souder les deux moitiés de l'épée brisée du père de Siegfried, une arme magique nommée Gram; de manière que la rencontre entre le jeune-homme et le Dragon tourne inévitablement à l'avantage du premier.
Cette promesse emporta l'adhésion de Siegfried et renforça sa détermination. Peu de temps après, les deux acolytes partirent à cheval dans la lande, se dirigeant vers le repaire de Fafnir.
Siegfried connaissait suffisamment Regin pour se douter que le Nain était surtout intéressé par le trésor, mais il ne pouvait pas imaginer quelle sanglante histoire l'avait en réalité conduit à souhaiter la mort du Dragon...
Version très personnelle du mythe de Fafnir (oubliez le casque à cornes, ça ne protège pas et ça n'a probablement pas été porté par les nordiques).
En effet, de nombreux siècles avant la naissance de Siegfried, un roi Nain très avare, régnant sur un sinistre royaume souterrain, avait été tué par l'un de ses fils, qui désirait s'emparer de son fabuleux trésor d'or et de pierres précieuses. le meurtrier s'appelait Fafnir. Son frère n'était autre que Regin.
Après avoir dérobé le trésor, Fafnir s'était réfugié à Gnitaheide pour mettre son butin à l'abri de toutes les convoitises. Mais les richesses sur lesquelles il veillait jalousement avaient été maudites par son père à l'instant de sa mort (on ne semble pas parler de l'anneau dans la présente version), et leur influence maléfique, associée à l'action de sa propre nature corrompue, avait provoqué en lui une profonde et terrible transformation. A force de garder son bien comme un Dragon il se changea lentement mais sûrement en un gigantesque Lindorm au corps reptilien, dont les griffes crissaient sur les pièces et les joyaux qu'il caressait inlassablement. Pendant des siècles, Regin n'avait cessé de penser au trésor de son frère, cherchant en vain un moyen de se l'approprier. La chance lui avait finalement sourit avec l'arrivée providentielle de Siegfried à la cour du roi Alf et il avait saisi au bond l'opportunité ainsi offerte. Une fois Fafnir tué, ses richesses lui reviendraient, ainsi qu'un pouvoir magique secret encore plus précieux que l'or et les joyaux, le Nain pourrait ensuite sans regrets se débarrasser de son valeureux mais inconscient complice...
Un combat de Lindorms par Kate Pfeilschiefter.
Lorsque les deux cavaliers atteignirent l'entrée de la grotte du Dragon, celui-ci ne s'y trouvait pas, car c'était l'heure où il allait chaque jour se désaltérer à un cours d'eau proche de son antre.
Regin expliqua à Siegfried que la cuirasse d'écailles du monstre le rendait invulnérable, seul son ventre n'était pas protégé et c'était là qu'il devrait frapper. Sur le conseil du Nain, le jeune-homme se dissimula dans un puits au-dessus duquel le Dragon devrait obligatoirement passer pour regagner sa grotte. Regin recouvrit ensuite l'ouverture de la fosse de branchages et de feuilles.
Des heures s'écoulèrent, longues comme des siècles, tandis que Siegfried attendait au fond du trou, immobile et silencieux, tenant fermement des deux mains la poignée de Gram. Puis le bruit d'une énorme masse glissant sur le sol se fit entendre. Siegfried tendit son épée à la verticale, pour que sa pointe acérée atteigne l'ouverture du puits. Un instant plus tard, le ventre mou du Lindorm apparut au-dessus de l'excavation. Sans hésiter, Siegfried frappa de toutes ses forces, et la lame pénétra profondément dans le torse de Fafnir. Poussant un horrible cri de rage et de douleur, celui-ci s'effondra lourdement, tué sur le coup.
Siegfried attendant le bon moment pour frapper...
Siegfried avait à peine eu le temps de sortir du puits et de récupérer son épée que Regin le rejoignit, les yeux brillants d'une trouble excitation. Sans dire un mot, il sortir son arme : une courte dague faite d'un métal inconnu, et s'en servit pour arracher le coeur du Dragon. Puis, se tournant vers le jeune-homme, il lui ordonna d'allumer un feu, de faire cuire le coeur et de lui donner pour qu'il le mange. Mais son compagnon se montrait soupçonneux, et il ajouta que c'était un acte purement symbolique. Siegfried, qui n'avait absolument rien eu à reprocher au Nain depuis le début de leur quête commune, se ravisa et obtempéra aussitôt.
Avant de tendre le coeur à Regin, il voulut s'assurer, en le pressant entre ses doigts, qu'il était cuit à point. La viande rôtie le brûla et, quand il lécha son doigt pour atténuer la douleur, il entendit tout à coup des voix qui pépiaient au-dessus de lui. Interloqué, il leva les yeux et découvrit avec stupéfaction que ces voix étaient celles des oiseaux posés sur les branches d'un arbre proche. Goûter le coeur de Fafnir lui avait donné le pouvoir de comprendre le langage des animaux. Et son étonnement fit bientôt place à la colère, car les volatiles discutaient entre-eux de la manière dont Regin se préparait tout bonnement à la tuer !
Fou de rage, Siegfried courut jusqu'au Nain, et ce qu'il lut dans ses yeux remplis de haine et de ruse confirma ses pires craintes. Une seconde plus tard, Gram fit une autre victime, et la tête de Regin, roulant sur le sentier, alla rejoindre le corps sans vie de Fafnir. Puis Siegfried entra dans la caverne, s'appropria le trésor, mais également, sans le savoir, il emportait avec lui la malédiction qui l'accompagnait...
Nous pouvons constater après lecture des 5 extraits que malgré leurs similitudes, toutes les versions varient par rapport aux plus anciens écrits, par des détails ou parfois par des pans entiers de texte... Pour citer les autres extraits, les seuls éléments originaux dénichés en leur sein se résument à quelques menus détails que je vais citer de ce pas :
- Fafnir vautré sur son or se change en Dragon mais, à force de rester coucher dessus il perd ses ailes (Lindorm ?).
- Siegfried mange le coeur de Fafnir ce qui lui confère force et courage.
- Au lieu d'une feuille de chêne ou de tilleul, c'est un pétale de fleurs qui se colle dans le dos de Siegfried lorsque ce dernier se baigne dans le sang du Dragon.
Fafnir à la loupe :
D'après les différentes versions et textes parlant de Fafnir, il semble qu'il acquière le statut de Dragon en gardant un trésor. La notion de gardien dans la mythologie nordique est souvent rattachée aux Dragons/serpents. Fafnir perd donc son tatut humain/Dvergar ou autre pour lentement se changer en Dragon soit par le biais du "heaume d'effroi" soit par la malédiction de l'anneau soit par son obsession pour ce trésor qu'il garde si jalousement au point de ne plus pouvoir trouver le sommeil.
Les Dragons occidentaux, toujours prompts à vous mettre le feu (par Caio Monteiro)...
Le Dragon occidental est vu sous l'oeil de l'église comme l'incarnation du mal vomissant des torrents de flammes, tuant et pillant pour le simple plaisir. Mais, en analysant les écrits qui parlent de Fafnir, dès le moment ou notre "sympathique" saurien obtient le statut draconique, ce dernier ne fait rien d'autre que garder son trésor... Il n'est donc une menace que pour les fous qui veulent lui dérober son magot. Est-ce là la définition exacte : "d'incarnation du mal" ? J'ai un gros doute sur le sujet...
Pour ce qui est de son apparence, il semble que ce dernier soit associé au Lindorms (ou Lindworms) de par ses caractéristiques physiques. La perte de ses ailes, un long corps serpentiforme, absence de membres postérieurs. Tous les éléments semblent lui donner le statut de Semi-Dragon. Mais, les versions plus modernes l'ont fait évoluer en un Dragon occidental, conforme aux normes (1 paire d'ailes de chauve-souris, 4 membres, un souffle embrasé).
Siegfried et son funeste destin :
Il serait peut-être de bon ton de savoir ce que devient Sigurd/Siegfried après sa victoire sur Fafnir et le pillage de son trésor. Nous allons donc de ce pas entrer dans la suite de l'histoire (sans vous taper 50 versions, rassurez-vous) et y voir l'oeuvre de l'anneau et de sa malédiction.
... Sur ces entrefaites, Sigurd prit de nouveau la route jusqu'à ce qu'il arriva chez le roi nommé Giuki. L'épouse de ce dernier s'appelait Grimmhild, et leurs enfants étaient Gunnar, Hogni, Gudrun et Gudny - Guthorm étant, lui, le beau-fils de Giuki (énumération classique de la totalité du clan familial... ça c'est fait). Sigurd séjourna là longtemps et épousa Gudrun, la fille de Giuki. Gunnar et Hogni prêtèrent avec lui des serment de fraternité. Ensuite, Sigurd et les fils de Giuki allèrent trouver Atli (nom signifiant : atroce ou féroce. Ultérieurement, ce charmant sobriquet a été attribué à Attila le Hun), le fils de Budli et lui demandèrent pour Gunnar la main de sa soeur : Brynhild (selon une autre version, Hild ou Brunehilde était une Valkyrie. Les Valkyries sont des divinités mineures au service du père des dieux Odin. Leur rôle principal était de survoler les champs de batailles pour sélectionner les valeureux guerriers tombés au combat afin de les ramener au Valhöll). Elle résidait sur la montagne de Hindafiall, dans une halle entourée d'une muraille de flammes et, elle avait fait le voeu d'épouser le seul homme qui oserait franchir à cheval cette muraille embrasée. Sigurd et les fils de Giuki, qui sont également appelés les Niflungar (emprunté au moyen bas allemand Nivelingen, nom des héros connus sous le nom de Nibelungen en haut allemand), chevauchèrent jusqu'au sommet de la montagne, et, là, Gunnar se mit en devoir de franchir à cheval la muraille de flammes. Il possédait le cheval appelé Goti, mais celui-ci n'osait pas s'élancer dans le feu. Alors Sigurd et Gunnar échangèrent leurs formes (grâce au "heaume d'effroi" je suppose), ainsi que leurs noms, car Grani ne voulait pas porter d'autre cavalier que Sigurd. Ce dernier sauta donc sur Grani et franchit avec lui la muraille de flammes.
Le soir même, fut célébré son mariage avec Brynhild. Mais, quand il allèrent se coucher, il tira de son fourreau l'épée Gram et la plaça entre eux dans le lit (j'ai connu plus romantique comme nuit de noces...). Le lendemain matin, après s'être levé et habillé, il donna à Brynhild, en cadeau de noces, l'anneau d'or que Loki avait pris à Andvari, et reçut d'elle, en souvenir, un autre anneau. Puis Sigurd sauta sur son cheval et rejoignit ses compagnons. Gunnar et lui échangèrent de nouveau leurs formes et revinrent chez Giuki en compagnie de Brynhild. Sigurd eut deux enfants de Gudrun : Sigmund et Svanhild.
Un beau jour, Brynhild et Gudrun allèrent se laver les cheveux au bord de l'eau. Lorsqu'elles furent arrivées à la rivière, Brynhild s'avança dans l'eau assez loin de la rive en déclarant qu'elle ne voulait pas se verser sur la tête de l'eau qui aurait coulé de la chevelure de Gudrun, car elle avait un mari plus courageux que le sien. Alors Gudrun s'avança dans la rivière à la suite de Brynhild en disant qu'elle avait le droit de laver sa chevelure en amont d'elle puisqu'elle avait épousé l'homme que ni Gunnar ni personne d'autre au monde n'égalait en bravoure, lui qui avait tué Fafnir et Regin et qui s'était approprié leur fortune. Brynhild répondit aussitôt :
"- Gunnar accomplit cependant un plus grand exploit en franchissant à cheval la muraille de flammes, ce que Sigurd n'osa pas faire !".
Alors Gudrun se mit à rire et déclara :
"- Crois-tu que ce fut Gunnar qui franchit à cheval la muraille de flammes ? Je crois pour ma part que celui qui alla partager ta couche est celui-là même qui me donna l'anneau que voici. Quant à l'anneau que tu portes, et que tu reçus en cadeau le lendemain de tes noces, son nom est : "don d'Andvari", et je ne crois pas que ce fut Gunnar qui l'alla chercher sur les hauts plateaux de la Gnitaheid."
Alors Brynhild garda le silence et rentra chez elle.
Emplie de haine et d'un ardent désir de vengeance, elle exhorta peu de temps après Gunnar et Hogni à tuer Sigurd. Mais, comme ils étaient liés avec lui par des serments solennels, ils poussèrent Guthorm, leur frère à le tuer. Guthorm transperça Sigurd de son épée pendant qu'il dormait, mais, quand Sigurd reçut cette blessure, il saisit l'épée Gram et la lança en direction de Guthorm, en sorte qu'elle le fendit en deux en plein milieu du corps. Puis Sigurd tomba et, dans le même temps, ils tuèrent son fils, Sigmund, qui était alors âgé de trois ans. Ensuite Brynhild se transperça d'une épée, et elle fut brûlée avec Sigurd (sur le bûcher funéraire). Gunnar et Hogni s'approprièrent alors l'héritage de Fafnir, ainsi que le "don d'Andavari" (l'anneau), et ils régnèrent sur leurs contrées.
Le roi Atli, le fils de Budli et le frère de Brynhild (ce n'est qu'une seule personne je confirme), reçut alors en mariage Gudrun, qui avait été l'épouse de Sigurd. Peu de temps après, ils eurent des enfants et le roi Atli convia chez lui Gunnar et Hogni, qui acceptèrent cette invitation. Mais, avant leur départ, ils cachèrent dans le Rhin (mémorisez bien cette partie elle sera importante pour la suite) l'or qui provenait de l'héritage de Fafnir, et cet or ne fut jamais retrouvé par la suite. Cependant, le roi Atli, qui avait rassemblé une grande armée avant leur arrivée, livra une sanglante bataille à Gunnar et Hogni, et ces derniers furent capturés. Puis Atli fit arracher le coeur de Hogni, alors qu'il était encore en vie, et ce fut ainsi que Hogni trouva la mort. Quant à Gunnar, il le fit jeter dans une fosse aux serpents, mais Gunnar reçut secrètement une harpe, qu'il pinça à l'aide de ses orteils, car ses mains étaient attachées (c'est ce qui s'appelle : jouer comme un pied). Il joua si bien de la harpe que tous les serpents s'endormirent, à l'exception d'une vipère qui se jeta sur lui : elle le frappa à hauteur du sternum avec une telle force qu'elle plongea sa gueule à l'intérieur de sa plaie, puis se pendit à son foie jusqu'à ce qu'il mourût.
Version très personnelle du combat de Fafnir et Siegfried histoire de changer de la longue liste de trépassés.
Peu après, Gudrun tua ses deux fils et, à l'aide de leur crâne, elle fit exécuter des coupes ornées d'or et d'argent (je tiens à préciser que le stéréotype nordique qui consiste à boire dans le crâne des vaincus est une erreur de traduction... Le mot confondu était : corne). Ce fut alors que l'on célébra les funérailles des Niflungar (Gunnar et Hogni) : au cours du banquet, Gudrun fit servir au roi Atli, dans ces coupes, de l'hydromel auquel était mêlé le sang de ses garçons ; quant à leur coeur, elle les fit rôtir et donner à manger au roi. Lorsque cet odieux forfait fut accompli, elle lui révéla la vérité en se servant de maints termes cruels. Comme les boissons fortes avaient été servies à profusion, la plupart de ceux qui étaient réunis dans la halle s'étaient alors endormis. Aussi, cette nuit-là, Gudrun se dirigea, en compagnie du fils de Hogni, à l'endroit où dormait le roi. Ils l'attaquèrent et il y laissa la vie. Ensuite, Ils mirent le feu à la halle, dans laquelle brûlèrent toutes les personnes qui étaient assemblées là.
Après cela, Gudrun alla au bord de la mer et se jeta dans les flots avec la volonté de mettre fin à ses jours. Mais elle fut entraînée par les courants de l'autre côté du fjord : elle atteignit alors le pays qui appartenait au roi Ionak. Quand celui-ci la vit, il l'accueillit chez lui et l'épousa. Ils eurent trois fils qui s'appelaient : Sorli, Hamdir et Erp, et qui avaient tous des cheveux de couleur aile de corbeau, à l'instar de Gunnar, de Hogni et des autres Niflungar. Ce fut également là que grandit Svanhild, la fille du jeune Sigurd, qui était la plus belle des femmes. Lorsqu'il l'apprit, le roi Iormunrekk le puissant (il s'agirait en fait d'Ermanaric, célèbre roi des Ostrogots, qui fonda au IVème siècle un vaste empire s'étendant sur les bords du Dniepr et de la Mer Noire) envoya son fils Randvér demander la main de Svanhild pour lui-même. Quand Randvér arriva chez Ionak, Svanhild lui fut confiée avec la charge de la remettre au roi Iormunrekk. Alors le duc Bikki (rien à voir avec la sauce Bicky...) dit à Randvér qu'il serait plus seyant qu'il épousât Svanhild, puisqu'il était jeune, de même que Svanhild, tandis que Iormunrekk lui était vieux. Ce conseil plut fort aux jeunes gens. Sitôt après, Bikki alla rapporter cela au roi. Iormunrekk fit alors arrêter son fils et le fit conduire à la potence. Mais Randvér prit un faucon, lui arracha les plumes et demanda qu'on le remît à son père. Puis il fut pendu. Quand Iormunrekk vit le faucon, il comprit (mais trop tard) que, de même que ce faucon était incapable de voler, car déplumé, son royaume était chancelant, car lui-même était à présent vieux et sans fils...
Plus tard, au retour d'une chasse en forêt en compagnie des hommes de sa garde, le roi Iormunrekk aperçut la reine Svanhild occupée à se laver les cheveux (c'est une manie décidément). Aussitôt il l'assaillit avec ses hommes et la fit piétiner par leurs chevaux, en sorte qu'elle mourut.
Quand Gudrun apprit cela, elle exhorta ses fils à aller venger Svanhild. Alors qu'ils se préparaient pour cette expédition, elle leur procura des broignes et des heaumes qui étaient si solides que le fer ne pouvait les entamer. Elle leur dit également ce qu'il leur faudrait faire quand ils arriveraient chez le roi Iormunrekk : ils iraient l'attaquer de nuit, pendant son sommeil, Sorli et Hamdir lui couperaient les bras et les jambes, et Erp la tête. Mais une fois qu'ils se furent mis en chemin, ils demandèrent à Erp qu'elle sorte d'aide il leur fournirait quand ils seraient en présence du roi Iormunrekk. Erp leur répondit qu'il leur prêterait la même assistance que celle qu'un bras prête à une jambe. Ils déclarèrent qu'il n'advenait jamais qu'une jambe fût supportée par un bras. Et ils étaient si courroucés envers leur mère qui les avait engagés à partir en leur adressant des propos cinglants, qu'ils décidèrent alors d'accomplir l'acte qui lui causerait le plus de peine : ils tuèrent Erp, leur frère, parce que c'était lui que Gudrun aimait le plus. Peu après, Sorli trébucha et dut s'aider d'un bras. Il déclare :
"- Le bras vient de prêter assistance à la jambe ! Comme il eût été préférable à présent qu'Erp fut vivant !"
Quand de nuit ils arrivèrent chez le roi Iormunrekk, ils lui coupèrent les bras et les jambes pendant qu'il dormait. Sur ces entrefaites, il s'éveilla appela ses hommes et leur ordonna de se réveiller. Alors Hamdir déclara :
"- La tête eût été coupée à présent si Erp avait été vivant !"
Aussitôt les hommes de la garde se levèrent et les attaquèrent, mais ils ne purent leur porter des coups avec leurs armes. Alors Iormunrekk cria à ses hommes de les lapider : ils s'exécutèrent, et ce fut là que périrent Sorli et Hamdir. A présent tous les membres de la race et de la descendance de Giuki étaient morts...
Siegfried chassant le Dragon Fafnir (peinture de Konrad Dielitz datant de 1880).
Cependant, une fille du nom d'Aslaug survécut au jeune Sigurd. Elle fut élevée chez Heimir, dans la région des Hlymdalir et elle est à l'origine de grandes lignées.
On raconte que Sigmund le fils de Volsung, était d'une nature si puissante qu'il buvait du poison sans que cela lui fît de mal (je vous déconseille d'essayer ça chez vous...), tandis que ses fils, Sinfiotli et Sigurd, avaient une peau si dure que le poison ne leur faisait aucun mal, même s'il atteignait un endroit dénudé de leur corps.
Une liste interminable d'actes atroces et de morts voilà ce qui pourrait "gentiment" résumer ce récit (évitez de le racontez à vos enfants le soir avant qu'ils n'aillent dormir). En guise de mot de la fin avant de passer au chapitre suivant, je vais vite fait vous décortiquer quelques différences entre cette version nordique (tirée de l'Edda de Snorri) avec une autre version sans doute extrait de la "Chanson des Nibelungen" :
- Après son combat contre Fafnir, Siegfried apprend par le biais des animaux, l'existence de Brunehilde, la Walkyrie. Condamnée par le dieu Wotan (Odin) au sommeil éternel, elle est prisonnière d'une montagne encerclée par les flammes (pour rappel, dans la version nordique il s'agit d'une simple femme de haute naissance).
- Grâce à la protection du sang de Dragon, le héros parvient à franchir le rideau de feu et réveille la Walkyrie en déposant un baiser sur ses lèvres. Il lui offre l'anneau et épouse la jeune femme (dans l'autre version il traverse les flammes grâce à son destrier, délivre la jeune femme en détruisant son broigne et c'est un autre qui récolte les fruits de son labeur).
- Rattrapé par la malédiction de l'anneau, Siegfried est tué au combat, frappé dans le dos à l'endroit précis où la feuille de tilleul s'est posée. Ainsi périt le fameux guerrier qui avait terrassé Fafnir (la version de Snorri nous montre plutôt que c'est l'humiliation subie par Brunehilde qui scellera son destin).
Voilà qui vous donnera un avant-goût des différentes versions et variantes de ce mythe plus qu'apprécié en terres nordiques et germaniques. Si vous désirez en savoir plus, pensez à faire vos propres recherches ou à me questionner sur le sujet (si je suis d'humeur enchanteresse je vous répondrai sans doute et avec le sourire). Maintenant passons à la suite.
Der Ring des Nibelungen ("L'anneau des Nibelungen") :
Après le mythe, nous parlerons d'une des plus célèbre adaptation de la "Chanson des Nibelungen" à savoir : la tétralogie (oeuvre dramatique, ou plus généralement littéraire voire cinématographique qui est adaptée en quatre parties) du compositeur Wagner. En effet, il ne faudrait pas croire que son opéra s'est fait d'un claquement de doigt ou sans aucune raison particulière. Je vais donc vous offrir les raisons qui l'ont poussé à composer ce drame, les péripéties qui l'ont animé jusqu'à sa finalité et enfin un résumé (je tenterai de faire court pour une fois) du contenue de son oeuvre. Sur-ce, en scène !
Wagner voulait depuis un certain temps créer un drame mettant en scène un héros qui tenterait de surmonter les difficultés, mais finirait en bout de course terrassé. Il s'essaya au drame historique entre 1846 et 1849 en essayant d'écrire sur Friedrich Barbarossa (Frédéric I de Hohenstaufen, dit Frédéric Barberousse, sacré empereur romain germanique en 1155) mais, il capitula "bien vite" sous l'ampleur de la tâche. Ce dernier, pris d'une soudaine illumination, se tourne de nouveau vers les mythes pour combiner l'histoire de Siegfried avec celle de Frédéric Ier, ce qui se soldera de nouveau par un échec pour que finalement, Wagner pense à mettre Siegfried en opposition avec le dieu Wotan (Odin) dans ce même drame mais en se basant principalement sur plusieurs sources mythologiques (germaniques, nordiques et anglo-saxonnes) pour arriver à ses fins.
Le dessein de Wagner :
Si la tétralogie est apparue entre 1869 et 1874, le texte qu'il met en musique a été ébauché en 1848 et écrit en 1852. Bref, tout à fait dans l'esprit de la révolution de mars (1848) à laquelle il a pris une part active pour rejoindre un parti bien connu de tous : le communisme (il aura d'ailleurs publié un tract virulent à l'encontre de l'ordre établi). Nous allons d'abord voir ce qu'il en est de sa tétralogie avant de tirer une quelconque conclusion hâtive, je laisse donc ma place à ce "petit résumé" où les différences entre les mythes et l'opéra se feront sentir.
(Création de Christopher Burdet).
Introduction : Prélude du crépuscule des dieux :
Wotan comme dans le mythe sacrifie l'un de ses yeux pour pouvoir boire à la source et par là avoir une part de sagesse. Mais, il brise également une branche du frêne (Yggdrasil) et la nature ne pouvant tolérer cet acte de violence, l'arbre meurt et la fontaine se déssèche.
Le crépuscule des dieux est donc provoqué par ce "crime originel" et l'âge d'or est passé.
1ère partie (prologue) : L'Or du Rhin :
L'or du Rhin sommeille au fond d'un fleuve gardé par les trois filles du Rhin, dont s'est épris Albérich. Le Nain (cité dans la phrase précédente) cherche à saisir les Ondines qui se moquent de lui et le repoussent jusqu'au moment ou l'une d'elle lui rappelle que celui qui accepte de renoncer à l'amour conquerrait l'or (le conflit d'opposition entre le pouvoir et l'amour forment la base même du récit de Wagner, ces deux forces opposées commandent d'ailleurs toutes les actions du personnage). Lassé et humilié, Albérich ravit l'or aux Ondines impuissantes, et rongé par son mal, il décide de commettre l'irréparable : il comprend que grâce à l'or il pourra arracher ce que jusqu'à maintenant la vie lui refusait : en effet, la malédiction de l'amour lui permettra de forger, à partir de l'or, un anneau qui lui donnera une puissance sans limites (ça ne vous rappelle rien ?).
- Dans le "Chant du trésor du Dragon" de "L'Edda", il est question d'un anneau mais il n'est pas dit qu'il confère la puissance ; dans la "Chanson des Nibelungen", il est question d'une baguette d'or qui permet à "quiconque en connaissait le pouvoir de se rendre maître de tout homme vivant sur cette terre" (strophe 1124) : Wagner semble avoir combiné les deux éléments.
Le désespoir d'Albérich l'ayant conduit à maudire l'amour (amitié, tendresse, compréhension,...), il se change peu à peu en un cruel patron exploitant le peuple anonyme des Nibelungen (on peut facilement associer ces derniers aux ouvriers du XIXème siècle, exploités par les patrons durant l'ère industrielle).
Encore une autre version personnelle du mythe de Fafnir (le bouclier et la cape font un peu trop chevalier à mon goût mais l'oeuvre n'en reste pas moins magnifique).
- Dans la saga, Fafnir (qui devient Fafner) devient un Géant accompagné de son frère Fasolt.
Wotan fait construire Asgardr en engageant les deux gigantesques frères et, ces derniers une fois les travaux achevés exigent en paiement Freia (Freyja) qui étrangement obtient la fonction d'Idunn (déesse de l'éternelle jeunesse possédant un coffre de pommes qui permettent aux dieux, lorsqu'ils se sente vieillir, de conserver leur jeunesse jusqu'au jour du Ragnarök).
Forcés d'honorer ce pacte sous peine de trahir leur serment, les dieux tentent de contourner cet épineux problème (s'ils perdent Freia, ils perdent également la jeunesse éternelle). Wotan et Loge descendent dans les entrailles de la terre où Alberich grâce à son anneau règne sur ses semblables réduits en esclavage. Il contraint son frère Mime à forger un heaume magique (le "heaume d'effroi"), le Tarnhelm, qui lui permet de devenir invisible ou de prendre n'importe qu'elle apparence afin de tyranniser les autres.
Reconnaissant Wotan et Loge, ce dernier se change en Dragon et Loge feindra la peur en lui demandant s'il peut aussi prendre une forme plus petite, un crapaud par exemple... Le Nain imprudent s'exécute et Wotan et Loge s'emparent de lui. Ils contraignent Alberich à livrer tous ses trésors en échange de sa liberté (inversion de situation par rapport au "tribut de la loutre" cité en début de texte). Contraint de se séparer de son anneau il lancera une malédiction sur ce dernier qui dorénavant pèsera sur le drame jusqu'à son dénouement final.
"- Tout comme il me vint par malédiction, maudit soit cet anneau ! Si son or m'a donné à moi puissance sans mesure, que sa magie engendre à présent la mort pour celui-là qui le porte !"
Les deux dieux de retour en leur royaume, ils négocient de nouveau avec les Géants qui acceptent de rendre Freia à la condition que l'or la cache entièrement à leurs yeux.
Après la distribution du butin, Fafner veut garder pour lui le trésor et tue son frère Fasolt puis se change en Dragon pour garder l'or.
2 ème partie : la Walkyrie :
Des milliers d'années plus tard, Wotan ne peut rendre l'or au Rhin afin de réparer sa faute (puisque cet or est gardé par Fafner) et rétablir l'équilibre universel. Dans la mythologie, Odin s'unira avec une humaine et de son sang naîtra Siegfried après plusieurs générations.
Wagner simplifiera à l'extrême cet arbre généalogique pour passer directement au couple de jumaux : Hjoerdis et Sigmund qui commettront l'inceste pour finir par concevoir Siegfried (cet épisode me rappelle les écrits de Tolkien au sujet du couple maudit : Tùrin et de sa soeur Nienor envoutés par le Dragon Glaurung : voir le Silmarillion ou les Contes inachevés pour en savoir plus).
Wagner ne se limitera pas aux mythes nordiques et germanique de Siegfried, il se basera aussi grandement sur le conte Anglo-Saxon : Béowulf.
Il fera également apparaître l'épée offerte par Wotan (Gram je suppose ou Balmung) entre les mains de Sigmund (le père de Siegfried) au moment ou ce dernier en aura le plus besoin. Fricka (Frigg), déesse des liens sacrés du mariage percera à jour Wotan au sujet de ses infidélités et exigera qu'il abatte son propre fils durant le combat que ce dernier mène contre Hunding.
Wotan la mort dans l'âme, ordonne à Brunhilde sa fille (et Walkyrie) de tuer Sigmund mais, cette dernière touchée par la profonde humanité de Sigmund et Sieglinde décide de l'épargner, mieux de le protéger durant le combat. Cependant Wotan intervient et brise l'épée de Sigmund, le laissant à la merci de son adversaire (Wotan dans les écrits de Wagner n'a presque rien de commun avec son pendant mythologique).
Brunhilde se révolte contre son père et en devient humaine, il la chasse du Walhall (le Valhöll) pour la laisser dans un sommeil magique, sans défense. Mais, sensible aux suppliques de sa fille, il créera un cercle de flammes que seul un homme plus fort que lui, le dieu, pourra traverser.
Wotan à la fin de son règne voit venir le héros qui libéré de la loi des dieux, est indépendant de son univers, puisqu'il naîtra grâce à la désobéissance de Brunhilde. Ce héros doit lui survivre et, uni avec Brunhilde, le meilleur "moi" (là nous entrons dans la métaphysique) de Wotan, fonder une nouvelle "race" pour un monde meilleur (je tabasse à coup de pelle le premier qui me détourne ces propos comme un certain petit moustachu nerveux). Si cela se réalise, Wotan aura transformé la punition en salut.
Différents croquis du Lindorm...
3ème partie : Siegfried :
Sieglinde, le fils de Sigmund dans son sein et les morceaux de l'épée brisée dans la main, a fui dans la forêt et trouvé refuge dans la forge d'un Nain ; où elle meurt en mettant en monde Siegfried. Ce Nain est Mime, le frère d'Albérich, dont le seul but est de s'emparer de l'anneau, du heaume magique et de l'or, pour devenir le maître du monde. Mais Mime ne peut parvenir seul à ce but : Siegfried qu'il élève, doit le réaliser pour lui.
Au premier acte, Siegfried, à partir des débris du glaive de Siegmund, forge son épée (normalement c'est Mime qui aurait dû la forger comme dans la tradition), ce que jamais Mime n'a pu faire, et celui-ci prépare un breuvage empoisonné pour tuer Siegfried dès qu'il aura mis le Dragon à mort. Au deuxième acte, Siegfried tue la créature et, mis en garde par un oiseau, dont il comprend le langage, il abat Mime. L'oiseau le conduit ensuite vers le rocher enchanté de Brunhilde.
En chemin, il tranche en deux la lance de Wotan avec laquelle ce dernier voulait lui barrer le passage puis traverse la mer de feu pour rejoindre Brunhilde, l'éveille d'un baiser puis l'épouse (je synthétise un peu, ça ne s'est pas fait en 10 minutes), il deviendra tout pour elle qui a dû renoncer au monde lumineux de son père.
Dans la version de Wagner, après avoir vaincu le Dragon, Siegfried n'emportera que le heaume et l'anneau (qui lui serviront plus tard) laissant là le reste du magot.
Dans les deux textes, le Dragon révèle au héros que l'or causera sa perte. Le compositeur qui avait dans la "Walkyrie", montré Wotan renonçant au pouvoir et vouloir la fin, le fait rencontrer Siegfried qui, de son épée, lui brise sa lance, vengeant ainsi son père.
(Création de Jonathan Moore).
4ème partie : le crépuscule des Dieux :
En détruisant la lance de Wotan, Siegfried a non seulement détruit les traités qui maintenaient encore le monde chancelant des dieux, mais il a aussi accompli un acte libre, qui interrompt le cours prévu des choses, si bien que dans une scène ajoutée par Wagner, les Nornes qui tissent le sort des hommes et des dieux, ne dominent plus l'avenir, qui est maintenant abandonné aux hommes ; elles descendent dans les profondeurs de la terre et livrent en même temps les dieux et les humains à leur inévitable destinée. Pour les êtres divins tout est fini : les hommes prennent leur destin entre leurs mains.
Or, voilà qu'à la place des dieux surgit Hagen, demi-frère du roi Gunther et de sa soeur Gudrune. Il s'agit en fait du fils d'Alberich le Nain, né un jour ou sa mère avait tant bu de vin qu'elle s'était endormie, ivre dans le jardin ; durant son sommeil, est venu un Elbe (Nain), un des "démons" qui peuplent l'intérieur de la terre, et il a engendré avec elle un fils au teint de cendre, à la grande force et à l'esprit pénétrant. Hagen aura pour but de reconquérir pour son père l'or que Wotan lui a jadis volé. C'est à lui qu'est irrémédiablement livré Siegfried dès qu'il quitte Brunehilde.
Pour la suite de l'histoire, Siegfried pense à repartir pour de nouveaux exploits mais il tombe sous la coupe de Hagen. A peine arrivé chez les Gibichungen Gunther et Gudrune(vivants aux abords du Rhin), le fils d'Albérich lui donne à boire, soi-disant en guise de bienvenue, un breuvage magique qui lui fait oublier Brunehilde et son amour. Maintenant Siegfried désire Gudrune pour épouse et, par amour pour elle, il est prêt à aider Gunther à conquérir sa propre épouse (ambigu non ?). Gunther obtient Brunehilde par tromperie ; par tromperie Siegfried obtient Gudrune. par là Siegfried scelle son destin, car tous les évènements qui auront lieu dans "Le Crépuscule des dieux" ne seront que la conséquence de ce manquement de Siegfried à la foi qu'il doit à Brunehilde.
Peu après, Siegfried et Gunther prêtent solennellement le serment de fraternité dans le sang. Puis tous deux partent pour le rocher de Brunehilde. grâce au heaume magique, ils échangent leurs formes, et Siegfried, manipulé par Hagen, va, sous les traits de Gunther, conquérir la belle : il lui arrache l'anneau dont il lui avait fait présent comme "gage sacré de sa fidélité" : Siegfried, qui, à un moment, avait réalisé l'impossible, c'est à dire l'union de l'amour et de la puissance, perd maintenant irrévocablement l'amour, et désormais la malédiction va s'accomplir, car l'amour perdu va le conduire à sa perte. Brunehilde trahie va tirer vengeance de lui.
(Création de Jonatan Iversen-Ejve).
Le fait que Siegfried ai repris à Brunehilde son anneau est déterminant pour la suite de l'action, que Wagner simplifie. Il n'a plus besoin de la scène de la querelle des reines présente dans ses sources. Le compositeur tisse de toutes pièces la suite où lors d'une double fête de mariage, Brunehilde accuse Siegfried d'avoir volé l'anneau, qu'elle aperçoit à son doigt, et de s'être parjuré. L'amour de Brunehilde se transforme en haine : elle réclame la mort de Siegfried et c'est Hagen qui s'en fera l'instrument (lui qui n'a pour but que de récupérer l'anneau).
Une partie de chasse est organisée sur les bords du Rhin. Lors d'une halte, Hagen verse à Siegfried un philtre qui lui restitue la mémoire, le Nain le frappe alors avec une lance. Avant d'expirer, il adresse tendrement un dernier adieu à son épouse.
Brunehilde apprenant la vérité, elle se saisit de l'anneau, le passe à son doigt et se dirige vers le bûcher funéraire sur lequel repose le cadavre de Siegfried ; elle y met le feu et s'élance dans les flammes.
Le Rhin sort de son lit et les filles du Rhin s'emparent de l'anneau. l'or a retrouvé sa place initiale dans les profondeurs du Rhin, libéré de tout but utilitaire. Cependant le feu du bûcher funéraire se propage dans le ciel et détruit aussi Walhall (Valhöll), où les dieux attendaient leur fin.
Un monde nouveau prend forme, l'ancien sous l'égide de Wotan a pris fin, avec ses lois et ses traité, restent les humains, les hommes et les femmes qui contemplent avec une profonde émotion les cieux embrasés...
Ainsi se termine ce drame aux accents épiques. L'oeuvre de Wagner a été interprétée de diverses façons, mais 3 théories semblent se démarquer du lot.
1 : L'hypothèse esthétique : le retour de l'or dans le domaine de la nature "étrangère à tout but et à toute fonction", où il redevient un objet de contemplation esthétique.
2 : L'hypothèse révolutionnaire : les puissants corrompus par la malédiction de l'or et les traités ont péri, pour que puisse naître la nouvelle pureté d'une humanité libérée de l'or, après que Siegfried a succombé lui aussi, victime de la malédiction.
3 : L'hypothèse de Patrice Chéreau (metteur en scène français) : selon lui, à la fin du "Crépuscule des dieux" le monde a perdu toutes ses valeurs et il doit absolument en inventer des nouvelles pour survivre (en fait il expliquait d'autres choses mais ça semblait tellement barré que j'ai un peu écourté son hypothèse, j'espère qu'il me pardonnera pour cette coupure dans le vif du sujet).
J'espère que vous y voyez déjà plus clair dans l'oeuvre de Wagner, si pas n'hésitez pas à faire (comme toujours) vos propres recherches. Nous allons enfin passer à la partie finale (soufflez un bon coup avant de plonger de nouveau dans la lecture).
Version "monstrueuse" de Smaug (par Justin Oaksford).
Glaurung et Smaug ou l'adaptation de Fafnir :
Aaaah Tolkien (John Romuald Reuel Tolkien de son nom complet et difficilement prononçable), l'un des parangon de ma bibliothèque personnelle bien avant que ne sorte la trilogie du "Seigneur des Anneaux". Si je consacre un chapitre sur le sujet ce n'est pas par hasard. Tolkien féru de mythologie scandinave a publié un livre en 1937 intitulé : "The Hobbit" (Bilbo le Hobbit) qui raconte en (très) gros les tribulation d'un jeune Hobbit envoyé malgré-lui dans une palpitante aventure alors que ce dernier ne demandait rien de mieux que de consommer un énième repas accompagné de sa fidèle pipe pour faire descendre le tout... Mais le sujet qui nous intéresse ici n'est pas Bilbo Baggins mais bien Smaug (sans oublier Glaurung).
Pour ceux qui n'ont pas lu ce livre (ainsi que le "Silmarillion" et les "Contes inachevés"), arrêtez la lecture de ce chapitre pour sauter directement à la conclusion (ne venez pas me dire après que je ne vous aurait pas prévenu).
L'origine des Dragons :
"Certains étaient tout de fer si adroitement relié qu'ils pouvaient couler comme de lentes rivières de métal ou bien s'enrouler autour et par-dessus tout obstacle qui se présentait à eux, d'autres de bronze et cuivre reçurent des coeurs et des esprits de feu brûlant, et ils réduisaient en cendres tout ce qui se trouvait devant eux par la terreur de leur souffle ou écrasaient tout ce qui échappait à leur ardeur ; encore d'autres étaient des créatures de pure flamme qui se tordaient comme des cordes de métal fondu, et ils ruinaient tout tissu dont ils approchaient, et le fer et la pierre fondait devant eux et devenaient comme de l'eau, et sur ceux-ci chevauchaient des Balrogs par centaines ; et c'étaient les pires de tous les monstres que Melkor concût contre Gondolin."
- Tolkien, La Chute de Gondolin (inclu dans les Contes Inachevés).
Pour démarrer dans la joie et l'allégresse, il me faudra parler avant tout des différentes sortes de Dragons qui composent la Terre du Milieu. Tolkien semble apparenter ses Dragons à un genre de Démons contenus dans une enveloppe de Ver, ce qui pourrait les associer aux Balrogs (puissants Elémentaires du feu de la race des Maiar, mais corrompus par Morgoth, le plus illustre d'entre-eux n'étant nul autre que Sauron). En quenya (ou haut-elfique), les Dragons sont appelés lóki (le clin d'oeil est gros) ou angulóki (angu signifiant serpent). Il existe plusieurs sortes de Dragons : les urulóki (Dragons de feu), les fëalóki (Dragons-étincelles), les rámalóki (Dragons ailés), les lingwilókë (serpents de mer ou Dragon-serpent) et dans le Troisième Age (la chronologie de la Terre du Milieu se découpe en 4 âges), sont mentionnés, dans les Montagnes Grises des Dragons froids (cold-drakes) qui s'en prennent aux Nains établis dans ces montagnes pour finir par les chasser de leur demeures.
Certaines caractéristiques reviennent sur presque tous les Dragons de la Terre du Milieu. On peut par exemple noter qu'ils sont tous (ou presque) avaricieux (notion du gardien de trésor des mythes légèrement altérée), dotés d'un intellect fort développé doublé d'une certaine malice, possèdent une force colossale ainsi qu'un regard hypnotique extrêmement dangereux (Glaurung en fera sa spécialité). Le souffle embrasé de la plupart des Wyrms est aussi un élément à ne pas oublier (si l'on ne veut pas finir en tas de cendres), si intense qu'il a permit de détruire 4 des 7 Anneaux des Nains (forgés par Sauron pour contrôler les peuples de la Terre du Milieu par le biais de son Maître Anneau).
"On a dit que le feu du dragon était capable de fondre et de consumer les Anneaux de Puissance, mais il ne reste plus maintenant sur terre aucun dragon dont la vieille flamme soit assez chaude ; et il n'y en eut jamais aucun, pas même Ancalagon le Noir, qui aurait pu faire du mal à l'Anneau Unique, l'Anneau Souverain, car celui-là avait été fait par Sauron lui-même."
- Gandalf, Le Seigneur des anneaux.
Smaug le Doré par John Howe.
Glaurung, la tromperie incarnée :
Considéré comme le "père des Dragons", Glaurung le Grand Ver était un énorme Wyrm sans ailes (donc inspiré des Semi-Dragons) de couleur dorée. Hormis son souffle embrasé, son regard et ses paroles étaient ses plus grandes armes. Ses adversaires perdus dans la contemplation de ses grands iris ne pouvaient qu'obéir à ses paroles et accomplir sa volonté, même si cette dernière allait à l'encontre des préceptes de la victime...
Créé par Morgoth (son nom signifiant : Noir Ennemi du Monde, il était le plus puissant des 14 Valars qui par leurs chants créèrent le monde. Melkor de par sa puissance supérieure et voulant se distinguer des autres, modifia le chant pour son propre bénéfice, souillant ce dernier d'un voile de corruption. Se tournant vers le mal il sera rebaptisé Morgoth et contribuera à la création de nombreuses créatures malfaisantes sur la Terre du Milieu avant d'être finalement vaincu et plongé dans le néant), Glaurung sera l'un de ses allié les plus marquant durant son règne de terreur. Ce dernier apparaît pour la première fois lors du siège d'Angband (place-forte de Morgoth) en l'an 260 du Premier Age. Glaurung, à l'époque très jeune, fera forte impression sur l'ennemi lors de l'assaut initial mais, passé la première surprise, ce dernier finira criblé de flèches (ses écailles étant encore fragiles) et rentrera humilié...
Pendant deux siècles il demeurera à Angband (cette dernière toujours assiégée par les peuples libres), sa puissance et sa malice croissant au fil du temps. Etant devenu plus résistant que lors de la dernière bataille, Glaurung se taillera bien vite une funeste réputation, notamment durant la bataille de Dagor Bragollach, en l'an 455 où il mènera l'une des trois divisions lancées par Morgoth dans la bataille, s'opposant aux Elfes de la maison de Fëanor (Elfe qui créa les Palantirs mais également les 3 Silmarils). Glaurung sortira vainqueur de cet affrontement, brisant les défenses et pénétrant les forces orientales du Beleriand.
Glaurung apparaît ensuite dans la cinquième et dernière bataille où il s'illustrera encore une fois, se taillant un chemin sanglant pavés d'Elfes carbonisés... Les Nains réussiront pourtant à l'encercler en le menaçant de leurs redoutables haches, mais ce dernier tuera Azaghâl (roi Nain de Belegost) qui avant d'expirer frappera de toutes ses forces le Dragon, le blessant sérieusement et obligeant ce dernier à se retirer du champ de bataille avec sa garde draconique.
Glaurung le Doré contre les Nains de Belegost par Lynton Levengood.
Plus tard, un nouveau personnage entrera en scène (la personnification de Siegfried) : Tùrin (ou Turambar), héros humain dont la lignée a été maudite par Morgoth et qui n'apportera que destruction et ruine partout où il passera (et ce bien malgré-lui). Il fera "merveille" notamment en révélant l'une des 3 cités cachées des Elfes : Nargothrond. La révélant au regard sournois de Morgoth qui s'empressera d'y envoyer une armée d'Orques, Balrogs et de Dragons (dont Glaurung à leur tête). Tùrin sera le seul à pouvoir résister au Dragon mais il succombera à son regard hypnotique. Le Dragon le trompera en lui faisant croire que sa mère Morwen et sa soeur Nienor sont en train de souffrir à Dor-lómin. Tùrin abandonne alors le champ de bataille pour rejoindre les siens. Les armées de Morgoth ayant le champ libre, elles saccagent la cité pendant que Glaurung prend ses aises dans Nargothrond, entouré de trésors.
"Glaurung apparut dans les portes béantes et se mit entre Tùrin et le pont. Soudain il parla, grâce à l'esprit malin qui était en lui :
- Salut, fils de Hùrin. A nous !
Tùrin bondit, se jeta vers le dragon, et les tranchants de Guthang brillèrent comme du feu. Glaurung reçut le coup sans broncher et ouvrit tout grands ses yeux de serpent qu'il dirigea sur Tùrin. Tùrin les regarda sans crainte et leva son épée, c'est là qu'il tomba sous l'effet paralysant des yeux sans paupières et ne bougea plus. Il resta longtemps comme une statue de pierre, seul avec son ennemi dans le silence, devant les portes de Nargothrond. Glaurung parla encore pour le provoquer :
- Tu t'es bien mal conduit, fils de Hùrin. Fils ingrat, hors-la-loi, meurtrier de ton ami, voleur d'amour, usurpateur de Nargothrond, capitaine imprudent, et déserteur des tiens. Ta mère et ta soeur sont esclaves à Dor-lómin, dans la misère et le besoin. Tu es vêtu comme un prince alors qu'elles sont en haillons, elles implorent ta venue alors que tu les ignores. Ton père serait heureux de savoir qu'il a fait un tel fils, et il le saura.
Tùrin ensorcelé par par Glaurung, entendit ces paroles, se vit comme dans un miroir déformant et fut pris de haine contre lui-même."
- Le silmarillion.
Morwen et Nienor vivaient en réalité à Doriath au moment des faits, mais quand la nouvelle de la destruction de Nargothrond parvient à la cité, elles partiront chercher Tùrin, oubliant tout prudence. Mablung les accompagnera, ainsi qu'une compagnie d'Elfes, mais Glaurung descendra dans la rivière et attaquera la compagnie, massacrant six des neuf Elfes et faisant fuir le reste. Morwen sera perdue, mais Nienor rencontrera le Dragon au sommet d'Amon Ethir. Ce dernier fera de nouveau usage de son regard, lui faisant oublier son passé. Mablung la retrouvera mais une compagnie d'Orques les attaqueront et Nienor se retrouvera de nouveau seule à errer dans la forêt de Brethil.
Nienor plongeant son regard dans l'oeil de Glaurung.
Plusieurs années plus tard, alors que Tùrin a trouvé refuge dans la forêt de Brethil sous le nom de Turambar et épousé sa soeur Nienor (sous le nom de Niniel), Glaurung décide enfin d'en finir avec la famille de Hùrin, et se dirige vers le nord de la forêt. Alors qu'il traverse les gorges de Teiglin, au lieu dit Cadeb-en-Aras, Tùrin le blesse mortellement en le transperçant de bas en haut (le Dragon devait traverser une gorge étroite et sachant cela Tùrin trouva de bon ton de se cacher en dessous pour attendre le passage du Ver. Voyant ce dernier ramper au-dessus de lui son énorme ventre apparent, Tùrin escalade la pente et plante de toutes ses forces son épée dans l'abdomen de la créature qui, sentant la mort venir poussera un atroce hurlement avant de s'effondrer un peu plus loin). Sa mort dissipe les sortilèges qu'il avait lancés contre Tùrin et Nienor, qui prennent conscience de leur inceste et se suicident...
"Glaurung alors eut un dernier sursaut avant de mourir, et parla dans un dernier souffle :
- Salut, Nienor, fille de Hùrin. Nous nous rencontrons avant la fin. Je te donne la joie d'avoir enfin retrouvé ton frère, et de le connaître pour ce qu'il est : un lâche meurtrier, fourbe envers ses enemis et trahissant ses amis, et maudit comme tous les siens : Tùrin, fils de Hùrin ! Mais tu peux sentir toi-même ce qu'il peut faire de pire.
Glaurung mourut enfin et Nienor fut délivrée du voile tissé par sa magie."
- Le Silmarillion.
Nous pouvons voir les similitudes flagrantes entre Glaurung et Fafnir. Le héros maudit à l'amour impossible, le Semi-Dragon lové dans son trésor, la mort du Dragon le flanc percé par le héros dissimulé dans une fosse et la fin tragique du couple (j'ai oublié de citer un Nain du nom de Mîm pouvant facilement être associé à Mime le Nibelung de l'opéra de Wagner). Tous ces éléments proviennent des mythes avec une petite touche de Wagner pour bien faire et nous montre clairement où Tolkien a puisé son inspiration pour créer ce sinistre personnage tout en crocs et en écailles.
Smaug par Tristan Wang.
Smaug le Doré, dernier des Grands Vers :
"Mon armure vaut dix boucliers, mes crocs sont des épées, mes griffes des lances, le choc de ma queue est semblable à la foudre, mes ailes à un ouragan et mon souffle est mortel !"
- Smaug le Doré, Bilbo le Hobbit.
Smaug (dont le nom est tiré du verbe germanique : smugan, signifiant plus ou moins : se glisser dans un trou), dernier des grands Dragons, est apparentés aux rámalóki (Dragons ailés) issus de la progéniture d'Ancalagon le Noir. De couleur dorée (d'où le nom), il a l'apparence d'un gigantesque Dragon Classique. Sa particularité est que son ventre (point faible des Dragons dans l'univers de Tolkien) s'est peu à peu incrusté d'or et de pierreries (à force de dormir sur sa couche de trésors dérobés au Nains), formant une armure impénétrable, hormis au niveau du sein gauche...
Smaug fait son apparition au Troisième Age en 2770, sous le règne du roi sous la montagne Thrór (roi Nain, mais je suppose qu'il était inutile de le préciser). A cette époque, le royaume souterrain des Nains de l'Erebor vit son âge d'or, son coeur se trouvant entre les parois du Mont Solitaire.
En son sein, se trouve une fortune colossale composée : d'armures, de joyaux, de pierreries et de coupes mais, toute cette richesse attirera le Dragon Smaug "avide fort et méchant". Reconnu comme "le plus puissant de son temps", ce dernier attaquera la ville de Dale à flanc de montagne, tuant toute créature rencontrée sur son passage. Le roi Thór, son fils Thráin II et son petit fils Thorin Ecu de Chêne réussissent à s'échapper accompagnés de nombreux Nains malgré l'attaque du Dragon, ces derniers allant trouver refuge dans les Ered Luin (les Montagnes Bleues).
Smaug se reposant sur sa couche dorée par Yannick De Smet.
En 2841, Thráin II part seul, décidé à retourner en Erebor. En 2845, ce dernier est fait prisonnier dans la forteresse de Dol Guldur (colline de la sorcellerie) par Sauron, qui lui dérobe son anneau, le dernier des 7 alloués aux seigneurs Nains. Cinq années plus tard, Gandalf (pas besoin d'expliquer de qui il s'agit) pénètre dans la forteresse, découvre Thráin mourant, et se voit confirmer que Sauron est petit à petit en train de recouvrer ses forces. Gandalf commence à craindre que ce dernier n'envoie ses forces armées reprendre l'ancien royaume d'Angmar par le nord et ainsi atteindre l'Eriador. Cette crainte se voit renforcée par l'absence de forces naines et humaines, détruites par Smaug, dans le nord, forces qui auraient pu le stopper. Gandalf craint également que Sauron ne courtise le Dragon afin d'avoir son appui dans la future guerre de l'Anneau. Il envisage donc un moyen de s'en débarrasser au plus vite.
C'est en 2941 que Gandalf rencontre Thorin sur le chemin de la Comté (patrie des Hobbits). Thorin prend conseil auprès de Gandalf, afin de trouver le moyen de se venger de Smaug et de réussir à reconquérir son trône. Ce dernier promet à Thorin de réfléchir à la question. En chemin, il croise Bilbo Baggins et met au point un plan pour se débarrasser du problème draconique, en constituant une compagnie composée de Thorin, 12 autres Nains sont fidèles à leur souverain sans trône, Bilbo et Gandalf lui-même.
Smaug assoupi, dans toute sa splendeur.
Gandalf misait sur le fait que Smaug ne saurait pas ce qu'est un Hobbit afin de le leurrer. C'est durant l'automne 2941 que la compagnie arrive enfin en Erebor. Après quelques recherches poussées, ils découvrent une porte secrète ayant servi de sortie de secours au grand-père ainsi qu'au père de Thorin, lors de l'attaque du Dragon.
Bilbo est envoyé en éclaireur au coeur de la montagne (Gandalf l'a fait passer pour un "maître-cambrioleur" afin de le faire engager dans la compagnie de Thorin). Plus il s'enfonce et plus il ressent une intense chaleur, pour finir par découvrir le Dragon, étendu sur un vaste tas de pierreries et richesses. Bilbo profite du sommeil de Smaug pour subtiliser une coupe et ramener ce trophée aux Nains. Smaug s'éveille et découvre le vol de la coupe. Furieux, il sort de la montagne pour punir le voleur, se perche sur le sommet du mont et déverse un torrent de flammes sur ses flancs. Les Nains et Bilbo ont à peine le temps de s'abriter dans le tunnel secret, mais la porte est détruite et ils se trouvent piégés dans ses murs.
Bilbo dérobant la fameuse coupe au nez et à la barbe de Smaug.
Smaug, après cet accès de rage, retourne sur sa précieuse couche et se rendort à demi. Bilbo décide de redescendre dans l'antre du Dragon, avec l'espoir que ce dernier soit retourné dans son sommeil. Ayant passé son anneau d'invisibilité (l'Anneau Unique), il descend le tunnel pour rejoindre la salle principale. Malgré son invisibilité, Smaug sent Bilbo et commence alors une joute verbale ou le Dragon tente d'en apprendre plus notre Hobbit et ses compagnons. Bilbo échappe à cet interrogatoire (avec quelques poils roussis), non sans avoir noté que Smaug possède une faille dans son armure, au niveau du poitrail, faille dont il informe les Nains. Une grive qui suivait la compagnie, apprend également le point faible du Dragon et s'envole alors vers Esgaroth (ville lacustre). Smaug pour sa part, ressort hors de l'Erebor et tente d'ensevelir les Nains en provoquant des éboulement sur le flanc de la montagne, avant de se diriger vers la ville de Long Lac (Esgaroth).
"Monteur de tonneaux ! grogna t-il. Tes pieds venaient du bord de l'eau et c'est en remontant la rivière que tu y es arrivé, il n'y a aucun doute. Je ne connais pas ton odeur, mais, si tu n'es pas un de ces hommes du Lac, tu as reçu leur aide. Ils vont me voir, et ils se rappelleront quel est le véritable Roi sous la Montagne !"
- Smaug le Doré, Bilbo le Hobbit.
Les archers d'Esgaroth, voyant arriver Smaug, tentent de l'abattre, mais celui-ci est trop bien protégé par son armure de pierreries. Il embrase et abat plusieurs demeures de la cité, avant que la grive qui suivait les Nains alerte le capitaine Bard, héritier du trône de Dale, du point faible de Smaug. Celui-ci encoche sa flèche noire (forgée par les Nains du Mont Solitaire il y a fort longtemps) et perce le flanc du Dragon. Smaug s'écrase sur la ville d'Esgaroth et tombant dans le lac il provoque un tourbillon ainsi que des bouillonnements dans l'eau.
Smaug en train de saccager Esgaroth.
L'endroit où gît Smaug sera craint par le peuple des alentours, sa carcasse restera à pourrir durant des siècles sans que personne n'ose plonger à la recherche des pierreries qui composaient son armure...
Triste fin pour un Dragon que l'orgueil semble avoir poussé à la faute. Même si les similitudes avec le mythe de Fafnir semblent plus ténues, nous pouvons voir qu'elles sont toujours apparentes. Je puis vous citer : le Dragon vautré sur l'or (gardien de nouveau), les Nains associés au peuple de Nibelungen, l'Anneau Unique lié à l'Or du Rhin, le point faible au niveau du ventre du Dragon et bien entendu la grive pouvant parler (comme les oiseaux qui préviennent Siegfried). A nouveau l'inspiration de Tolkien n'est pas sortie du néant, ce n'est pas pour autant que son oeuvre perd de son intérêt, que du contraire !
Esgaroth, le calme avant la tempête (Nate Hallinan).
Autres Illustres Dragons de la Terre du Milieu :
Pour conclure ce chapitre consacré à Tolkien, je ne ferai que citer vaguement les autres représentants draconique de son oeuvre (à vous de vous renseigner dans les ouvrages spécifiés si vous désirez en savoir plus).
Ancalagon le noir :
Elevé par Morgoth, il est le plus puissant et le plus gigantesque des Dragons ayant foulé le sol de la Terre du Milieu. Il n'interviendra qu'une unique fois : lors de la fin du Premier Age où les Valars assiègeront la place-forte de Morgoth afin de libérer les peuples de la Terre du Milieu de la menace qu'il faisait planer. Ancalagon mènera les Dragons ailés au cours de la bataille et il sera abattu par Eärendil et Thorondor dans un combat aérien. Sa chute provoquera la destruction des sommets du Thangorodrim dans un vacarme infernal.
Ancalagon le Noir par Jenny Dolfen.
Scatha :
Vaguement mentionné vers la fin du "Seigneur des Anneaux" Scatha (dont le nom signifie : offenseur, ennemi ou voleur) était un Dragon qui terrorisait la région des Montagnes Grises jusqu'à ce que Fram le Rohirrim, le tue aux alentours de 2000, libérant ainsi le pays d'un des derniers Dragons (rien de bien folichon en somme).
Ancalagon le Noir affrontant les Valars.
Conclusion :
Nous arrivons (enfin) au bout de notre second article consacré aux Dragons nordiques en espérant que ce dernier a été une agréable détente pour vous (ou une source d'information suffisante). Je ne puis qu'ajouter que quelques références pour ceux qui le désirent.
Donc, sachez qu'il existe une adaptation cinématographique de l'oeuvre de Wagner sous le nom de : "Les Nibelungen" (sorti en 1924 et réalisé par Fritz Lang) sans oublier une adaptation plus récente (sortie en 2004) à la télévision et sous le nom de : "Der Ring der Nibelungen".
Du côté du pays du soleil levant (Japon) vous pouvez découvrir ou redécouvrir l'oeuvre de Yoshio Takeuchi, répondant au doux nom d'Harlock (Harlock Saga : Nibelung no yubiwa - Rhein no ôgon ou Albator pour ceux qui l'ont connu comme moi dans les années 90), d'après le manga : "L'Anneau des Nibelungen". Ne vous attendez pas à une adaptation fidèle, mais amusez-vous plutôt à tenter de retrouver les similitudes et éléments en commun avec le mythe originel.
Côté Tolkien, je ne puis que vous conseiller d'aller voir : "Le Hobbit : un voyage inattendu" qui coïncide plus ou moins avec la finition de cet article (pur hasard en réalité). Je n'ai pas eu le temps encore de le voir moi-même donc j'éviterai de jouer les critiques de cinéma en herbe (d'autres le feront à ma place) et je ne puis que vous donner rendez-vous pour le prochain et dernier article de cette série (rassurez-vous même si je met du temps à peaufiner mes articles je ne cesserai pas pour autant du jour au lendemain), qui parlera du Dragon lié à l'eau.
Idraemir
GE NI AL !!
RépondreSupprimerJ'ai eu la peur de ma vie quand tu as dit que tu allais faire 'bref' sur la légende (dans ma tête ça a fait "quoi?? Un petit texte..?)
J'avais vaguement des idées sur le sujet mais très loin de tout ce que tu as rajouter ici (et en sachant qu'il doit en manquer des morceaux :))
Hum ma préférence.. La version du nain, c'est diabolique :p "tiens lui il va aller voler le trésor pour moi" futé la bête !
J'ai tenté de lire les "Seigneur des anneaux" mais j'avoue n'avoir jamais terminé, le désespoir des pages qui ne passent pas m'a emporter, c'était une grande première d'ailleurs !
Mais ça fait déjà pas mal de temps que j'aimerai m'y remettre... Je pense avoir la patience nécessaire ^^ c'est un artiste à mon goût, mais faut tenir la distance
En tout cas merci, archi top l'article ! Ca me fait commencé l'année avec la pêche !
J'ai du mal à faire court il faut croire...
SupprimerRavi de voir qu'il t'a autant plu, mieux encore s'il te permet de relire du Tolkien.
Intéressant et très bien détaillé ! Bien qu'étant féru de mythologies diverses, j'avoue que je ne connaissais pas bien l'histoire de Sigur et Fafnir... C'est chose faite aujourd'hui.
RépondreSupprimerPar contre, le Seigneur des Anneaux, le Silmarillion et les autres récits de la Terre du Milieu étaient loin de m'être inconnus !
En tous cas, bonne continuation pour l'élaboration de votre "fatras folklorique".
Un grand merci. j'ai tenté de faire le plus complet possible comme d'habitude.
SupprimerLes mythes nordiques et celtiques sont souvent forts méconnus ce qui est dommage. Donc faire en sorte de les "populariser" n'est pas un mal.
"Par contre, le Seigneur des Anneaux, le Silmarillion et les autres récits de la Terre du Milieu étaient loin de m'être inconnus !"
On reconnaît les amateurs du genre, ça fait toujours plaisir.
"En tous cas, bonne continuation pour l'élaboration de votre "fatras folklorique"."
Je tenterai de faire au mieux pour sa publication et son suivi. En tous les cas, un grand merci pour votre commentaire.
Superbe....!!!!! Je fais un lien sur mon site :
RépondreSupprimerhttp://heroicfantasy.fr/bestiaire/25-bestiaire/61-fafnir-fafner.html
Je t'en remercie grandement. Au plaisir de t'avoir à nouveau pour lecteur.
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