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mercredi 18 mai 2011

La Tarasque, fléau de Galatie

Originaire de la Galatie (en Asie mineure), fille du Léviathan et de la Bounge, la Tarasque a émigré vers le Rhône pour s'établir dans les marais qui se trouvent entre Arles et Avignon, dans les "bois noirs" de Nerluc, là où fut édifiée plus tard la ville de Tarascon.


Représentation moderne de la Tarasque.

Cette créature fabuleuse est un Dragon d'eau à face de lion, avec une mâchoire pourvue de dents acérées, une crinière de cheval, six pattes d'ours et une queue de serpent (mélange fort répandu il faut l'avouer...). Ses écailles tranchantes comme des lames de rasoirs et ses griffes, mettent en pièces ses victimes, tandis que ses naseaux exhalent un souffle empoisonné.

Version rôliste de la Tarasque.

Un soir, alors que la nuit venait juste de laisser tomber son voile d'ombres, un voyageur du nom de Jacques du Bois, qui longeait le fleuve, crut apercevoir une forme suspecte. Il scruta l'obscurité, priant le ciel que ses yeux l'aient trompé. Du Bois connaissait par le biais de certains ragots l'existence de la Tarasque et toutes les histoires terrifiantes qui couraient sur son compte. A l'époque, la créature avait envahi Nerluc, une paisible petite bourgade dont les habitants ainsi que le bétail étaient devenus la cible du monstre (la bête ne se privait pas non-plus pour compléter son quotidien, des quelques voyageurs d'infortune qui avaient le malheur de passer par là).


Perdu dans ses sombres pensées, Du Bois n'entendit pas le grondement sourd émanant d'une clairière vers laquelle le portaient ses pas. Soudain, la forêt parût exploser, vomissant de ses profondeurs une macabre silhouette engendrée par le plus atroce et le plus pervers des cauchemars. Plus énorme que le cheval et plus massive que le boeuf, la Tarasque se dressait sur ses six puissantes pattes, terminées par des griffes meurtrières dignes d'un ours, fouettant furieusement l'air de sa longue queue vipérine. La somptueuse crinière ornant sa tête léonine retombait sur ses épaules en un flot d'or bruni et ses dents étaient comme autant de mortels poignards d'ivoire. Mais, le plus impressionnant : la cuirasse protégeant son dos qui la faisait ressembler à une titanesque tortue était hérissée de piquants acérés qui la rendait invincible à toute forme d'attaque.


Du Bois avait toutes les raisons de craindre pour sa vie qui s'acheva d'ailleurs sans que ce dernier ne lache le moindre cri. Paralysé, l'infortuné vit la gueule de la Tarasque qui s'ouvrait dans un rugissement assourdissant révélant ses crocs étincelants tandis qu'une langue de feu s'enroulait autour de son corps et l'embrasait comme une vulgaire torche (barbecue féodal).

Peu de temps après, les habitants de Nerluc finirent par prendre la résolution (ô combien suicidaire)... de se débarrasser de la bête. Seize volontaires se portèrent à la rencontre et, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, huit d'entre-eux furent réduits en cendres d'un seul puissant jet de flammes, les autres ne devant leur salut qu'a la fuite. Nerluc semblait vouée à la destruction quand un beau jour, une frêle embarcation accosta aux Saintes-Maries-De-La-Mer. Il en descendit une svelte et fraiche jeune-fille, simplement vêtue d'une tunique immaculée (précisons qu'à l'époque, le linge était rarement blanc donc ce qui pouvait s'en approcher le plus, tirerait sur le blanc cassé...). Elle s'appelait Marthe. Sa réputation l'avait largement précédée partout où elle prêchait "la bonne parole" et elle semait la joie et les bienfaits.

Marthe et la Tarasque.

Dès que son arrivée fut connue, les habitants de Nerluc se portèrent à sa rencontre pour la supplier de leur venir en aide pour briser le joug de la Tarasque et sans plus attendre, elle s'éloigna à travers champ en direction de la forêt qui abritait la tanière du monstre. Elle n'eut pas longtemps à chercher. A peine eut-elle pénétré dans le sous-bois qu'elle tomba sur la Tarasque fort occupée à dévorer les restes de sa dernière victime : un berger de la région. Le monstre était tellement absorbé par son repas qu'il ne remarqua pas Marthe, ce qui permit à cette dernière d'approcher la bête tout en ramassant deux branches récemment carbonisées par l'haleine délétère de la Tarasque. Ce fut le moment choisi par le monstre pour se retourner et frapper. Marthe s'empressa de lever et croiser les deux branches disposées en croix (classique,...).


Alors qu'elle faisait face à son monstrueux adversaire, le brasier qui flambait dans le regard de la Tarasque parut aussitôt s'éteindre, ne laissant derrière lui qu'une douce lueur d'or, tandis que la créature domptée se couchait docilement aux pieds de la sainte.

Marthe se pencha pour arroser d'eau bénite le Dragon subjugué (Néo-Dragon pour être plus précis en passant), après quoi, ayant tissé un collier au moyen de ses cheveux blonds (Raiponce?), elle ramena la Tarasque en laisse jusqu'au village. Les habitants bouche-bée devant le spectacle offert par la créature qui avait été leur bourreau, s'enhardirent au point d'oser la toucher. Suivirent les coups de poing, de bâton et les jets de pierres d'une foule qui incarnait une vengeance longtemps contenue.

Illustration de Christopher Burdett.

Sainte Marthe intercéda de son mieux en faveur de la Tarasque, implorant la foule déchaînée de laisser la vie sauve au monstre en vertu du profond changement intervenu en lui, mais il était déjà trop tard...


Victime d'une attaque directe ou croulant sous le poids de la haine dont elle était l'objet, la Tarasque s'abattit soudainement, roula sur elle même et mourut (j'ai du mal à y croire...). son souvenir est toujours vivant à Nerluc devenu depuis lors Tarascon, dont le sceau porte l'image du monstre dans toute sa terrible splendeur. Pour commémorer les tragiques événements qui s'y déroulèrent, chaque année, au moment de la pentecôte, la procession de la Tarasque traverse les rues de la ville. Ismaël Mérindol rapporte aussi ces propos:

" Le dragon nommé Tarasque, capturé par la bonne sainte Marthe, n'était pas le seul de son espèce et la gent tarasquine continue de hanter quoique discrètement les abords du Rhône où elle fit grand ravage,..."

A vous de tirer les conclusions de cette légende et de trouver la parcelle ou les pans de vérité qui s'y dissimulent.

Idraemir

2 commentaires:

  1. juste une remarque : les Galates que tu mentionnes au début de ton texte, venaient d'Europe centrale et il n'ont pas peuplé la provence. Le lein est en sens inverse : le mythe de la Tarasque est arrivée en Galatie (actuelle turquie) avec les celtes de la "Grande expédition" arrivés d'Europe centrale dans les ballkans, puis en grece, pillage de Delphes, puis passés en Asie mineure. Du coté européen, les celtes ont envahi depuis la bavière, la valée du rhone, puis la plaine du po, jusqu'à Rome (fameuse prise de rome par les gaulois); le ythe commun de la tarasque est don à rataccher à une orirignine ancestrale commune en Europe centrale

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    1. Merci pour la précision. Je t'avoue qu'à l'époque, je ne possédais pas le même bagage folklorique dont je dispose actuellement. Je m'étais basé sur les recherches du cryptozoologiste Karl Shuker au sujet de la Tarasque ainsi qu'une ou deux sources supplémentaires (donc, pas de quoi pondre une étude sur le sujet).

      Les folkloristes, conteurs ou cryptozoologistes ne sont pas toujours des pointures en archéologie ou ethnologie, donc, ils peut arriver qu'ils se plantent ou soient approximatifs(voire que l'information soit erronée ou mise à jour).

      Je ferai attention à ce détail historique lorsque j'entamerai la mise à jour et réécriture de cet article.

      Merci encore pour ta remarque et au plaisir !

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