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mardi 19 mars 2013

La Huldre

Qui n'a jamais rêvé de parcourir les immenses forêts de Norvège, baignées de brume alors que l'éclat de l'astre du jour la pare de chaudes couleurs matinales ? Qui n'a jamais rêvé de flâner aux abords des grands lacs de Suède, pareils à de gigantesques miroirs bleutés aux profondeurs insondables ? Qui n'a jamais rêvé de contempler les vénérables montagnes d'Islande, où chaque creux, chaque vallon semble dessiner le visage affable et creusé de rides d'une titanesque entité chtonienne aussi vieille que le temps lui-même ?

Bref, qui n'a jamais rêvé de contempler les terres du nord encore sauvages et indomptées ? Pourtant, explorer ces contrées n'est pas sans danger.  Le péril n'est pas toujours évident et clairement marqué. Parfois il peut adopter des formes plus élégantes, dans le but, on ne peut plus explicite de séduire la victime.

Trolls avec une princesse kidnappée
Peinture de John Bauer (1915).

Souvenez-vous de cet Élémentaire aux proportions de Géant (le Troll), et souvenez-vous surtout du nom d'une créature que j'ai soigneusement évité de vous décrire... Les souvenirs vous reviennent ? Et oui, il s'agit effectivement de la Huldre. Cette créature est fort méconnue dans nos contrées, mais assez populaire dans la plupart des pays nordiques. Il semble que cette dernière possède plusieurs formes et caractéristiques, au point que les données à son sujet semblent parfois se contredire et s'emmêler pour former un joyeux fatras (comme avec la plupart des créatures mythiques me direz-vous). C'est donc avec grand plaisir que je vais vous plonger dans cet amas inextricable d'informations, afin de mieux comprendre cette séduisante Élémentaire.

La Huldre, description générale :

La plus jolie fille du bord de l'eau
Chante si doucement l'amour au printemps
Mais as-tu entendu la plainte glacée de sa voix en hiver.
- Einar Talbarskjelve.

Pour ceux que ça intéresse, il ne semble  pas y avoir de traces précises d'Einar Talbarskjelve dans l'histoire. Par-contre, il existait un certain Einar Tambarskelve (la différence semble minime je sais) qui aurait été un seigneur politicien norvégien influent au XIème siècle. Le poème cité plus haut est peut-être issu d'un ouvrage intitulé : "Norske Folkeviser" cependant, il semble qu'une oeuvre du même nom soit apparue en 1852 sous la plume de Magnus Brostrup Landstad (un pasteur norvégien, compositeur de cantiques, collectionneur de textes, récits et objets du folklore norvégien).

Après cet instant de poésie secondé par une lourde explication sur son possible auteur, penchons nous sur le cas qui nous intéresse...

Huldre
Illustration de Irene D.M.

La Huldre appelée également Huldra (en anglais), Skogsra voire Skogfru (la traduction de son nom signifie littéralement : "la femme des forêts" ou "l'épouse des forêts") est un Élémentaire originaire des contrées nordiques. Certains auteurs voient cette créature comme une dangereuse séductrice, qui hante les forêts à la recherche d'hommes à séduire, dans le but de garantir sa liberté (j'y reviendrai plus tard) ou plus simplement pour lui aspirer la vie. Elle semble avoir comme mode opératoire, d'apparaître soudainement hors de la pluie et du brouillard, amicale et séduisante, au point qu'aucun homme ne peut résister à ses charmes (détail contemporain amusant : durant la saison touristique principale pendant l'été, une actrice s'habille comme la Huldre afin de donner vie à la légende).
 
Pour décrire la Huldre, il faut imaginer une femme splendide (souvent  avec une chevelure rousse ou blonde) mais, possédant une longue queue de vache, qu'elle dissimule à grand-peine derrière une jupe, afin que sa victime ne se doute de rien. Hormis celles qui subtilisent l'énergie vitale de leurs proies, certaines Huldres se mettent en tête d'épouser la personne qui ciblent leurs attentions, le but étant de pouvoir se marier dans une église, ce qui lui permettra de faire tomber sa queue, pour qu'elle devienne humaine. Cette partie de la légende semble tardive (et fortement teintée de catholicisme), elle fait référence à un mythe qui décrit les Élémentaires, comme des êtres dénués d'âme. Toujours en accord avec ce mythe, ces derniers essaieraient par tous les moyens de devenir mortels, afin d'obtenir l'âme tant convoitée...

Huldre
Représentation de la Huldre (notez que le creux dans le dos a été modifié).

Pour ma part, je ne vois là qu'une tentative de plus de la part de l'église, pour décrédibiliser les mythes et légendes, symboles d'anciennes religions (concurrentes), montrer leur "supériorité écrasante" sur ces derniers, voire même se les approprier et les ranger sous la bannière de leur propre foi...

Mes propos peuvent sembler rudes à l'encontre du culte catholique et pourtant,cet exemple flagrant n'est ni le premier, ni le dernier parmi une gigantesque myriade de légendes, contes, mythes, textes,... remaniés dans le seul but d'aider ou glorifier leur cause.

Cependant, il ne faut pas s'imaginer que toute légende se retrouve altérée ou déformée. En grattant un peu la couche apparente, il est possible de dénicher quelques précieux éléments comme celui qui va suivre.

Pour l'amour d'une Huldre :

Dès Vetrnaat (approximativement lorsque les grands froids commencent dans le nord), les Huldres sont dehors...

C'est à la fin des beaux jours, aux premiers colchiques, que les Huldres s'extirpent de leurs tertres et rôdent par les campagnes, en lisière des bois, auprès des ruisseaux, en quête d'un mortel (il semble qu'il existe des versions masculine de la Huldre) ou d'une mortelle à marier.

Les Huldres sont plaisants à regarder et plus d'un damoiseau, plus d'une damoiselle, se sont laissés charmer à leurs risques et périls ! Entendons-nous bien, ce n'est pas que se mettre en ménage avec l'une d'elles (avec l'un d'eux) n'apporte que malheur. Ce serait mentir. Les Huldres peuvent se montrer tendres et aimants. Mais passer toute une saison enfermé nez à nez avec son semblable est déjà si compliqué, alors pensez donc en compagnie d'une Alf !

Certains cependant ont réussi cet exploit. Mais ceux-là devaient vraiment s'aimer (notez que dans un couple humain "standard" c'est un peu pareil). On prétend que la Huldre est plus exigeante encore que le Huldre : le beau Gudbrand Endrelo l'apprit à ses dépens.

Huldre

Gudbrand s'enorgueillissait d'être non-seulement un coq du village mais également de tous ceux des alentours. Il n'avait qu'à claquer des doigts et toutes les filles accouraient de partout se jeter à ses pieds.

"- Et je n'ai qu'à ramasser ! Se marier ! En choisir une seule pour toujours ! Toutes les autres iraient se pendre ou se noyer par chagrin d'amour !" Aussi il préférait se partager au jour le jour (quelle "générosité")... chacune son tour !

Par une claire matinée de septembre, il était assis, tout seul, le chapeau posé sur l'oreille à se tailler une flûte dans une branche de sureau. Occupé par son travail, le beau galant n'avait pas vu la jeune fille approcher. Il ne l'avait pas vue enrouler sa queue de vache sous le cotillon, ni délacer avantageusement le haut de son corselet, ni mordre ses lèvres pour montrer une bouche plus rouge. Tout attentif qu'il était à essayer les notes du flûtiau, aussi il sauta en l'air quand le rire le surprit.

"- C'est fort joli, dit-elle, mais prête-le-moi, je vais te montrer comment en jouer." A peine a-t-elle lancé une bouffée de trilles dans l'air que le coeur de Gudbrand bat comme il ne l'a jamais fait auparavant. Son être ne vit désormais plus que pour cette demoiselle de qualité aux doigts fuselés, au teint si frais, aux cheveux si dorés. Tant pis pour toutes les autres ! Elles iront se pendre, elles iront se noyer ! Cette belle inconnue, il veut l'épouser... Il ne pense pas un seul instant qu'elle pourrait exiger de lui certaines conditions. Cependant, elle le fait.

"- La première condition : jusqu'au jour du mariage, tu ignoreras qui je suis.

- La seconde condition : à personne de ton entourage, ni de près, ni de loin, tu ne parleras de nos fiançailles.

- Et enfin la dernière : tu ne chercheras pas à me revoir avant la Fyribod (ancienne fête nordique marquant le début de l'hiver)."

Jamais on ne lui avait imposé autant d'exigences. Mais il est tellement amoureux qu'il promet.

"- Si tu tiens promesse, alors je serai tienne." Sur ces bonnes paroles, elle lui rend sa flûte et disparaît en un instant dans le bouquet de sureau, repartie comme elle était venue.

Huldre
Illustration originale de Linnea Guldbrand.

Aussitôt Gudbrand s'empresse de crier à qui veut l'entendre sa bonne fortune. Il s'en va le clamer par tout le village et de ferme en ferme, fanfaronnant sur tous les toits de la façon la plus grossière qui soit qu'il est fiancé à une demoiselle aussi richissime que belle, propriétaire de châteaux et de terres, d'immenses forêts et de bestiaux par centaines. Il devient si arrogant qu'il ne fait plus rien de ses dix doigts sinon les accrocher aux revers de son gilet en se pavanant dans les cabarets, aussi rengorgé qu'un paon (c'est ce qui s'appelle vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué). Il y paie des tournées et invite chacun à la noce. Une noce en grandes pompes avec un carrosse tiré par douze chevaux empanachés, avec une procession de valets de pied coiffés de tricornes galonnés, de musiciens, toute une procession de cuisiniers qu'il ferait venir de la ville pour préparer le festin qui durerait six jours !

Bien sûr il ne tient pas plus compte de la première condition que de la seconde et, lorsqu'il n'est pas sur les chemins à se vanter, il bat la campagne à la recherche d'un manoir où elle pourrait se cacher.

Huldre
Une Huldre et un Troll par Svetlana Sever.

il a beau la chercher, pas moyen de la trouver ! Qu'importe, c'est aujourd'hui la Fyribord, pas besoin de s'inquiéter, elle doit déjà battre la semelle depuis l'aube, sous le sureau, énamourée et impatiente de le voir arriver. Et si sous le sureau il n'y a encore personne, c'est sans doute qu'elle s'est attardée devant le miroir à se parer (qu'elle "belle" image de la femme ce jeune-homme semble avoir...) ; aussi, pour passer le temps, le galant sort de sa poche le flûtiau, l'embouche et se met en jouer.

Mais le son meurt dès qu'il souffle dedans, les notes retombent fanées, la flûte desséchée. Ça couine, ça grince, ça pleure...

"- Bien fait ! crie alors une voix à côté. Gudbrand le vantard ! Gudbrand le parjure ! Gudbrand le menteur !"

Les cheveux du fier-à-bras se dressent sur sa tête lorsqu'il aperçoit sa belle promise en train d'émerger des buissons, le visage ravagé par la colère, les yeux emplis d'éclairs et ses longues tresses dorées qui se dressent et sifflent (si l'une d'entre-vous réussit cet exploit, serait-il possible de m'en faire la démonstration ?) comme le font les serpents.

"- Misérable Gudbrand, ton coeur est aussi desséché que ta flûte. tu n'es pas digne de moi !

- Bah ! C'est toi qui me regretteras ! crâne encore le fantoche vexé. Des filles pareilles à toi j'en ai au moins une douzaine pour chacun de mes doigts !

- Mais elles ne sont pas Huldres comme moi et de cela tu te souviendras !"

A peine la Huldre a t-elle achevé ses paroles, qu'elle extrait du dessous de ses jupes et jupons, sa longue, longue queue de vache et, s'en servant à la façon d'un fouet, frappe Gudbrand à toute volée. Si fort qu'il est tombé par terre et qu'il y est resté.

Après cette fin tragique (surtout pour le jeune homme), nous pouvons déjà constater que les Huldres ne sont pas forcément les monstres sans cesse en quête de vitalité dépeints plus haut. Maintenant que cette petite légende  nous a offert une scène un tout petit peu moins sinistre que la précédente, nous allons dans la joie et l'allégresse passer à la suite du programme.

Huldre
 Splendide illustration de Catherine Langwagen.

Ces Illustres conteurs :

Certains illustres folkloristes se sont penchés sur le cas fascinant de la Huldre afin de préserver cette connaissance du passé. Deux d'entre-eux sont entrés dans la légende pour leur fantastique travail dans ce domaine, je veux bien entendu parler des frères Grimm (Jacob et Wilhelm pour les intimes). Ces deux philologues (étude de la linguistique historique à partir de documents écrits) de la fin du XVIIIème siècle, ont passé une grande partie de leur existence à collecter et préserver les contes en provenance d'Allemagne ou parfois des pays nordiques. Les oeuvres qui sont restées dans les mémoires au fil des ans sont surtout celles qui répertoriaient une impressionnante collection de contes pour "enfants" (je met le terme enfants entre guillemets, pour la simple raison que lire ces contes à votre progéniture, sera bien la dernière chose qui vous viendrait à l'esprit tant ces derniers sont parfois crus et sanglants... bien entendu les versions que vous avez souvent sous les yeux sont édulcorées pour ne pas trop traumatiser vos chères têtes blondes). je puis vous citer par exemple : "Hansel et Gretel" (qui n'a franchement rien à voir avec le film du même nom), "Blanche-Neige", "Le Petit Chaperon Rouge", "Raiponce", "Les trois cheveux d'or du diable" et bien d'autres (il en existe plus de deux cents traduits par leurs soins).

Une autre pointure plus méconnue sous nos latitudes est à retenir : Peter Christen Asbjørnsen. Ce sympathique écrivain, naturaliste (et folkloriste tant qu'à faire) du début du XIXème siècle, a consacré sa vie à parcourir la lande afin de dénicher tous les contes, légendes et traditions orales auprès des marins et paysans du cru, afin de les préserver, en les couchants sur le papier. L'un de ses ouvrage s'intitule au passage : "Contes norvégiens de la Huldre" (ouvrage qu'il m'est pour le moment impossible de trouver malheureusement hormis quelques possibles extraits que j'ai pu traduire).

Il ne faut pas oublier par-contre, nichés entre ce trio de géants du folklore, tous les autres auteurs, conteurs, folkloristes et naturalistes qui ont contribué à préserver les mythes de ce sympathique Élémentaire, pour en faire autre chose qu'un épouvantail que l'on agite pour effrayer les gens aux moeurs légères mais, nous ne ferons appel qu'à ces trois là principalement pour les extrait qui vont suivre.

Huldre

Extrait 1 :

"Of still more weight perhaps are some Norwegian and Danish folk-tales about a wood or mountain wife Hulla, Huldra, Huldre, whom they set forth, not as young and lovely, then again as old and gloomy. In ablue garment and white veil she visits the pasture-grounds of herdsmen, and mingles in the dances of men; but her shape is disfigured by a tail, which she takes great pains to conceal. Some accounts make her beautiful in front and ugly behind. She loves music and song, her lay has a doleful melody and is called huldreslaat

In the forests you see Huldra as an old woman clothed in gray, marching at the head of her flock, milkpail in hand. She is said to carry off people’s unchristened infants from them. Often she appears, not alone, but as mistress or queen of the mountainsprites, who are called huldrefolk."
- Grimm.

Traduction :

Il existe des légendes norvégiennes et danoises à propos d'une épouse de la montagne ou des bois : Hulla, Huldra, Huldre. Vêtue d'un habit bleu et d'un voile blanc elle rend visite au bergers dans les pâturages, et se mêle à la danse des hommes ; mais sa forme est défigurée par une queue, qu'elle a grand-peine à dissimuler. Certains comptes-rendus font d'elle une beauté de face et une horreur de dos. Elle aime la musique et le chant, son chant est une mélodie triste appelé : Huldreslaat.

Dans les forêts la Huldra apparait comme une vieille femme vêtue en gris, marchant à la tête de son troupeau, son seau à lait à la main. Il est dit également qu'elle enlève les enfants des parents non-convertis (au christianisme). Elle est rarement seule et est souvent considérée comme une maîtresse ou une reine des Elfes de montagnes, qui sont appelés : Huldrefolk.
- Grimm.

Huldre
Illustration de Karin Bogdanić.

Extrait 2 :

"In Germany, they were known as holden, after Holda, and elves too were thought to congregate near springs and lakes."
- Grimm.

"They were also known to dance and feast under stones raised upon pillars on Christmas night." 
- McCulloch.

En Allemagne, elles sont connues sous le nom de Holden, Holda et Elfe également. Elles sont censées se rencontrer près des lac et des chutes d'eau.  - Grimm.

Elles semblent également aimer danser et festoyer sous les pierres levées (des menhirs probablement) durant la nuit de Noël. - McCulloch.


La Holda
La Holda par Desirée Isphording.

Après lecture de ces deux extraits (traduits et remaniés histoire de vous rendre ça plus digeste) nous avons déjà une vision plus variée de cette charmante créature. Je rajouterai à cela quelques données de divers auteurs afin de clarifier les choses.

Tout d'abord, la Holda citée plus haut, était vue par Jacob Grimm, comme la maîtresse du filage et des animaux domestiques. Elle semblait également être associée à l'hiver, aux Sorcières ainsi qu'à la Chasse Fantastique. Cette entité semble donc d'une certaine manière liée au Huldres.
 
Les Huldres à la loupe :

Pour en revenir aux Huldres (aussi appelées : Hylda, Skogsrå ou Skogfru), son nom dérive d'une racine qui signifie : "couverte" ou "secret". Les auteurs s'accordent sur le fait qu'ils sont dotés d'une longue queue de vache (parfois de renard, peut-être un ajout tardif pour symboliser la notion de ruse) qu'ils dissimulent sous leurs vêtements. D'autres ajoutent qu'ils possèdent un étrange creux dans le dos (dissimulé également par les vêtements). Il existe selon certains une version mâle de la Huldre, beaucoup moins gracieuse que cette dernière et dotée de traits agréables mais plus rustiques. Hormis ces charmantes caractéristiques physiques, la plupart des folkloristes s'accordent également sur le fait que les Huldres adorent jouer de la musique (ils s'y livrent souvent la nuit). La Huldre slaat est monotone, répétitive ; les sons réguliers, sourds et caressants fascinent et attirent ceux qui l'entendent.

Huldre
Variante de la Huldre (notez la queue de renard).

Au niveau de la tenue, ces derniers portent les habits traditionnels des paysans de jadis. Un manteau rouge ample afin de cacher les divers "défauts" aux yeux de tous et un chapeau (qui confère le pouvoir d'invisibilité à son porteur) pour les hommes. Une longue robe, bleue, verte ou blanche, serrée à la taille par une ceinture rouge et des bas qui montent haut sur la cuisse pour les femmes. Sans oublier la coiffure, qui fait en sorte que ses tresses très épaisses retombent au bas du dos et son fichu, noué sur la nuque qui la rend invisible.

Pour ce qui est des origines des Huldres, les avis sont partagés... certains les voient comme la femelle des Trolls (ce qui rend caduque la version selon laquelle il existe des Huldres mâles), ce qui est la théorie la plus populaire dans le domaine. D'autres avancent que la Huldra est une fille des Liósálfar (Elfes de lumière) qui aurait perdu son rayonnement, en se retirant dans la pénombre des brumes et des terriers, mais, contrairement au Troll, cette dernière ne craint ni le soleil, ni la religion (les Trolls éprouvent plus une haine viscérale pour les chrétiens au lieu de les craindre), même si elle perd sa queue en rentrant dans une église (il est mentionné au début de cet article que c'est le fait d'épouser un chrétien qui fait tomber cette queue, il m'est cependant impossible de savoir qui a raison dans l'histoire).

Il faut également savoir que les Huldres se distinguent en plusieurs espèces ou genres. Les Skogsrå ou Huldres sont associés à la forêt,  les Bergsrå aux montagnes, les Sjörå à l'eau vive et les Havsrå ou Havsfrun (ce qui signifie : "la fille des mers" ou "l'épouse des mers") à l'eau salée (ces dernières seraient d'ailleurs très similaires aux sirènes de l'Odyssée d'Ulysse).

Havsfrun
Représentation de la Havsfrun par Jona Lajla.

Si les Huldres sont principalement citées en Norvège, il est également possible d'en trouver la trace en Islande (les Huldufólk) et sans doute en Suède en creusant un peu. Le Huldrefolk, le "peuple caché" a enfoui son royaume au coeur de ces nations en le dissimulant derrière les brumes, sous les tertres, les collines les montagnes et au fin-fond des forêts touffues. Ceux qui en ont épousé et ont pu visiter leur domaine, en sont revenus avec des descriptions émerveillées, car les Huldres utilisent une partie de leurs richesses, afin de construire de vastes cités souterraines à l'aide de pierres et de métaux précieux.

A l'écart de ces gigantesques métropoles, les Huldres construisent également des habitations un peu partout dans la campagne où il est fortement peu recommandé d'y bâtir sa maison. l'impudent qui n'en tiendra pas compte, verra sa maison brûlés dans le meilleur des cas, broyée par un Troll dans le pire...

Conclusion :

Huldre

Ce voyage en terres nordiques nous a fait approcher une entité qui use de ses charmes pour obtenir de nous ce qu'elle désire le plus, ou plus simplement pour lier son existence à la nôtre. Peut-être l'incarnation de la connexion que nous avions avec la nature et que nous avons perdu, trop occupés à nous vautrer dans notre petit confort douillet. Peut-être que cette dernière tente par le biais de cet Élémentaire de nous relier à nouveau à elle pour ne faire plus qu'un comme jadis. Qui sait ?

Toujours est-il que le souvenir des Huldres a été préservé par des générations de folkloristes et que bien malgré-moi, je me joins à cette chaîne sans fin de passation de connaissance... Et vous ? Serez-vous également un maillon de cette chaîne ?

Idraemir

3 commentaires:

  1. Merci beaucoup pour cet article très complet et instructif ! Quant à l'ouvrage que vous recherchez "Contes norvégiens de la huldre", il n'est pas traduit en français, mais est disponible dans sa version originale sous le titre "Norske huldre-eventyr og folkesagn", il est également consultable en ligne (mais très difficile à traduire étant donné le style de police...) : https://books.google.fr/books?id=TxALAAAAQAAJ&printsec=titlepage&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

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    1. Un plaisir ! Merci pour m'avoir rappelé cet ouvrage à mon bon souvenir (j'étais justement en train de chercher des sources sur les Draugar).

      J'ai acquis depuis une traduction française des travaux d'Asbjørnsen mais ils faudra que je vérifie si ces derniers sont complets.

      Merci pour le lien également mais je traduis assez mal le norvégien. J'ai cependant vu que cet ouvrage a été publié en anglais par George Webbe Dasent. Je pense plus me diriger vers son ouvrage si besoin.

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    2. Au passage très jolie galerie d'illustrations (j'ai pris la liberté d'y faire un petit tour) !

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